Gauche alternative en Corse
L’Italie a voté. Ce qui est sorti des urnes ne laisse rien augurer de bon. La coalition de centre-gauche obtient 29,50% à la Chambres des députés et grâce au Porcellum gagne la majorité absolue. Au Sénat, cette coalition recueille 31% des suffrages, mais ne pourra pas disposer d’une majorité suffisante pour constituer à elle seule le prochain gouvernement. Le score réalisé est bien en de ça de toutes les prévisions et de tous les sondages. Ces derniers donnaient la coalition avec une avance confortable, de même les premiers sondages effectués à l’issue du scrutin.
Bunga Bunga renaît de ses cendres
A droite, la coalition menée par Silvio Berlusconi, contrairement aux mêmes sondages atteint un niveau important et se retrouve au coude à coude avec le centre-gauche, avec seulement 0,40% de différence. Pourtant, l’adepte du Bunga Bunga, connu pour ses frasques et ses bons mots, impliqué dans de nombreuses affaires et scandales, que tout le monde ou presque croyait moribond, est revenu en force sur le devant de la scène politique. Ne l’a-t-on pas vu monopoliser les media au cours des deux dernières semaines ? Néanmoins, cette remontée spectaculaire ne doit pas faire oublier que son parti, il Partito della libertà, a perdu près de 11% par rapport aux élections de 2008.
Le flop de Super Mario
Quant à Mario Monti, l’homme de la banque Goldman Sachs, il a fait un flop remarqué. Il dépasse tout juste la barre des 10% à la Chambre des députés et les 8% au Sénat. Les Italiens ont sanctionné sévèrement sa politique d’austérité, largement inspirée par la Troïka. Il pourra toujours se consoler auprès d’Angela Merkel.
Deux grands vainqueurs
Dans cette élection, il y a deux grands vainqueurs. Les abstentionnistes qui représentent 25% des électeurs, soit 5% de plus qu’en 2008. Rappelons que le vote est obligatoire en Italie. Sans oublier les deux millions de bulletins blancs ou nuls. Deuxième grand vainqueur - sans doute l’événement le plus retentissant - le M5S, Mouvement des cinq étoiles, dirigé par le comique génois Beppe Grillo. Il dépasse les 25% et devient ainsi, contre toute attente, le premier parti du pays ! Ce mouvement tout récent, que d’aucuns qualifient de populiste, n’a même pas trois ans d’existence. Il a su habilement exploité les effets de la crise politique, économique, sociale et morale qui secoue le pays. Dans des discours tonitruants et sans langue de bois, prononcés sur les places publiques de la plupart des grandes villes, avec la participation de centaines de milliers de personnes, Beppe Grillo a fustigé sans relâche les partis traditionnels, la caste politique et médiatique. « Tous des pourris », martelait-il en permanence. Il s’est adressé directement à ceux qui souffrent dans le pays, aux laissés pour compte, à la jeunesse dont l’avenir est de plus en plus bouché. Il a su trouvé les mots qui font mouche, avec sans doute beaucoup de démagogie, pour dénoncer les méfaits de la politique menée par Mario Monti et les nombreux scandales qui secouent quotidiennement la péninsule.
La gauche incapable d’ouvrir de nouvelles perspectives
Sans se lancer dans une analyse profonde des résultats électoraux, on peut déjà en tirer quelques enseignements. Un Italien sur deux ne se retrouve plus dans les partis traditionnels, y compris de gauche ou de la gauche radicale. Les politiques développées par Berlusconi, puis par Monti se sont traduites par une aggravation de la crise, avec une augmentation du chômage, une perte sensible du pouvoir d’achat de la majorité de la population, une atteinte sans précédent contre le droit du travail, les retraites, l’école, la santé, etc. Face à ces politiques, la gauche n’a pas été capable d’offrir une autre alternative, novatrice, à la crise. Elle s’est même discréditée en soutenant les mesures d’austérité de Mario Monti. On a assisté à un appauvrissement de son offre politique. Elle en paie aujourd’hui le prix. Quant à la gauche de la gauche, elle a perdu son temps à se quereller, à se fractionner en chapelles et à oublier ce qui faisait son essence : la lutte aux côtés des salariés et des petites gens. Seule SEL (Sinistra Ecologia e Libertà) sera représentée au Parlement avec 37 députés et 7 sénateurs, grâce à son alliance avec le Parti démocrate. Cette alliance ne s’est pas faite sans casse. SEL, créditée de 3,20%, a perdu près de 5% de son influence par rapport à certains sondages réalisés en 2012. Sa vocation était de rassembler tous les éléments qui ne se retrouvaient plus dans le Parti démocrate et de participer à la construction d’une force authentiquement de gauche qui fait cruellement défaut depuis la disparition du Parti communiste italien.
Une occasion manquée ?
Lazio
Les résultats à la chambre des députés