Gauche alternative en Corse
L’affaire Cahuzac a enlevé toute pudeur à l’UMP. Jean-François Copé joue les pourfendeurs du gouvernement Ayrault et prend un immense plaisir à tirer sur une ambulance. Il aboie à nouveau et en oublie les affaires du quinquennat Sarkozy dont les quelques casseroles qu’il traîne lui-même. Sans aucun doute, il a séché depuis qu’il est sorti de la piscine du nommé Takieddine, mais son bain a été immortalisé et son ancien ami reste bavard. Le 10 juillet, Mediapart publiait le premier volet de l’enquête sur Ziad Takieddine, illustrant les liens entre l’intermédiaire et plusieurs personnalités politiques françaises. Brice Hortefeux, Jean-François Copé ou encore Thierry Gaubert apparaissent sur des photos chez Takieddine ou en sa compagnie. “Des relations strictement personnelles” avait rétorqué J-F. Copé, secrétaire général de l’UMP. L’une de ces photographies montre Jean-François Copé barbotant dans la piscine de la villa du Cap d’Antibes appartenant à l’homme d’affaires sulfureux. Le “marchand d’arme” a été mis en examen le 14 septembre pour “complicité et recel d’abus de biens sociaux”. Depuis lors, impliqué dans l’affaire Karachi, il a mis en cause Sarkozy et Guéant dans leurs rapports financiers avec Kadhafi. Au fait, le ministre de l’Intérieur Guéant, qu’a-t-il fait contre la fraude fiscale et Rachida Dati, lorsqu’elle était ministre de la justice ? L’un n’a pas renforcé les moyens de lutte (on dit même qu’il les a affaiblis) et l’autre voulait supprimer les juges d’instructions conformément aux instructions de Nicolas Sarkozy. Monsieur Guéant disposait des renseignements intérieurs (ex-RG) et de la DCRI dirigée par Bernard Squarcini. On connaît les méthodes utilisées qui ont valu à ce dernier des ennuis judiciaires. Au sein de l’Ump, on compte bon nombre d’avocats d’affaires. Tout laisse penser que le compte suisse de Jérôme Cahuzac n’a pu leur échapper.
Mais qu’ont fait les dirigeants UMP, grands chasseurs de fraudeurs devant l'éternel contre la fraude fiscale ? Rien, absolument rien. Pourtant Sarkozy, Copé, Chatel ou Wauquiez se sont relayés pour dénoncer la fraude au chômage, à l'assurance sociale, aux minima sociaux avec le plus souvent des trémolos dans la voix. C’est Sarkozy qui déclarait à Bordeaux le 15 novembre « Frauder la sécurité sociale, c'est voler ». Le silence de la droite est un véritable scandale quand des milliards d'euros échappaient au fisc français. Être faible avec les forts et dur avec les faibles est l'éternel leitmotiv de la droite. La preuve en est puisque la chasse aux fraudeurs s'est toujours arrêtée au bord du Lac Léman.
Dans le clan Sarkozy, les scandales ne font pas peur et ne guérissent personne de cette morgue toujours affichée. On prête même à Sarkozy une loi d’amnistie rampante, notamment en demandant le classement de tous les dossiers vieux de plus de dix ans avec pour raison des temps d’enquête trop longs. Pour faire revenir en France ses amis très riches, il a sorti son bouclier fiscal dont la principale bénéficiaire a été Liliane Bettencourt, fraudeuse fiscale et actuellement considérée comme victime d’un abus de faiblesse pour lequel Sarkozy est mis en examen. On ne va pas revenir sur les entraves mises au travail des magistrats.
Qu’apprend-on dans un article du Figaro, journal de droite, sur un nouveau projet d’amnistie proposée par l’UMP à l’assemblée nationale pas plus tard que le 28 mars dernier :
« Des députés UMP ont proposé une amnistie fiscale destinée à "favoriser le retour des exilés fiscaux" en pleine affaire Jérôme Cahuzac, qui a provoqué une crise politique en France. Leur proposition de loi a été déposée le 28 mars, avant que l'ancien ministre du Budget n'avoue détenir un compte bancaire à l'étranger depuis 20 ans, mais après sa démission le 19 mars suite à l'ouverture d'une information judiciaire sur ces faits. Ce texte, dont l'initiateur est Dino Cinieri, propose d'instaurer une taxe forfaitaire de 5% et de créer une franchise d'impôt pour les capitaux rapatriés s'ils sont investis dans la création ou la reprise d'entreprises françaises. Dans l'exposé des motifs de son texte, le député UMP de la Loire dit s'inspirer du dispositif d'amnistie fiscale mis en place en 2009 en Italie sous l'impulsion de Sylvio Berlusconi "afin de permettre aux contribuables italiens de rapatrier les capitaux placés à l'étranger, le plus souvent à l'insu du fisc".
Nous avons retrouvé le texte (cliquer ICI) cosigné par Annie Genevard, Arlette Grosskost, Dominique Nachury, Josette Pons, Valérie Boyer, Alain Chrétien, Alain Moyne-Bressand, Alain Suguenot, Jean-Luc Moudenc, Jean-Pierre Vigier, Julien Aubert, Laurent Furst, Lionnel Luca, Lucien Degauchy, Michel Heinrich, Nicolas Dhuicq, Paul Salen, Sauveur Gandolfi-Scheit& Yves Foulon
Quels sont les activités professionnelles de nombres de politique ? Le conseil financier qui va jusqu’au recours à des montages financiers offshore, prétendus légaux. Après sa défaite, Nicolas Sarkozy a repris son activité de conseil et devait gérer des fonds d’investissements, c’est-à-dire se mettre au service des spéculateurs. Il a même été évoqué un fonds qatari.
Dans les affaires qui ont entraîné les démissions de plusieurs ministres menteurs, Fillon a-t-il démissionné ? Non. Alors l’UMP est-elle la formation politique la mieux placée pour demander des comptes dans l’affaire Cahuzac en oubliant l’affaire Woerth entre autres. Les turpitudes des uns n’effacent pas celles des autres.
Ce n’est pas que le gouvernement Ayrault qui devrait démissionner mais un bon nombre d’élus de droite et du PS. Pour l’heure, François Hollande ne semble toujours pas avoir mesuré l’ampleur de la crise politique. La découverte des sociétés offshores de son trésorier de campagne n’arrangent pas les choses. Il est allé au Maroc. « Gouverner, c’est pleuvoir, a affirmé François Hollande lors d’un discours, en citant un proverbe entendu quelques minutes plus tôt de la bouche d’un des membres de la famille royale marocaine avant de le commenter : « De ce point de vue-là, nous réussissons au-delà de toutes nos espérances. » Toutefois il ne faut pas ouvrir le parapluie après la bourrasque au risque d’être éclaboussé, comme il ne faut pas promettre du soleil et donner du brouillard. Métaphore pour métaphore, la politique de François Hollande semble être une usine à brouillard alors que nous sommes au printemps.
En regardant ce qu’est devenu le parti socialiste, cela me fait penser à un personnage de Flaubert dans « Bouvard et Pécuchet ». Gorcu ! Cet opportuniste que se dit socialiste et termine bonapartiste. Flaubert décrit ses métamorphoses. La seule constance « politique » de Gorgu est d'être toujours du côté de ceux en faveur desquels le vent de l'Histoire va tourner. Son arrivisme forcené fait alors plus penser à l'opportunisme de Deslauriers qu'au socialisme intransigeant de Sénécal, personnages dans un autre ouvrage de Flaubert : « L’éducation sentimentale ». Pour associer Balzac à Flaubert dont je ne partage pas l’aversion pour les socialistes, si ce sont des Rastignac qui dirigent l’UMP, ce sont sans doute les Gorcu qui détruisent le parti socialiste.
Jean-Luc Mélenchon appelle à fêter le deuxième tour des élections présidentielles par une marche silencieuse afin de réclamer une constituante et la Sixième république. Il évoque le possibilité de créer une nouvelle force à laquelle se joindraient les Socialistes de gauche. Le peuple doit se réapproprier la république qu’un tas de Rastignac et de Gorcu considèrent comme leur fonds de commerce avant que l’extrême-droite n'en fasse une dictature.
Battone