Gauche alternative en Corse
Le populisme désigne un type de discours et de courants politiques, prenant pour cible de ses critiques « les élites » et prônant le recours au « peuple » (d’où son nom), s’incarnant dans une figure charismatique et soutenu par un parti acquis à ce corpus idéologique. Voilà une définition succincte du terme qui est actuellement largement utilisé par cette partie de la presse toujours prompte à défendre le système qui permet à des castes politico-financières d’utiliser le pouvoir à des fins personnelles. Le Front national peut être qualifié de populiste car il a été fondé par Jean-Marie Le Pen, leader charismatique qui se servait des malheurs du peuple pour faire avancer les thèmes favoris de l’ultranationalisme qu’il a finit par incarner et légué à sa fille.« Le populisme met en accusation les élites ou des petits groupes d'intérêt particulier de la société. Parce qu'ils détiennent un pouvoir, le populisme leur attribue la responsabilité des maux de la société : ces groupes chercheraient la satisfaction de leurs intérêts propres et trahiraient les intérêts de la plus grande partie de la population. Les populistes proposent donc de retirer l'appareil d'État des mains de ces élites égoïstes, voire criminelles, pour le « mettre au service du peuple. Afin de remédier à cette situation, le dirigeant populiste propose des solutions qui appellent au bon sens populaire et à la simplicité. Ces solutions sont présentées comme applicables immédiatement et émanant d'une opinion publique présentée comme monolithique. Les populistes critiquent généralement les milieux d'argent ou une minorité quelconque (ethnique, politique, administrative, etc.), censés avoir accaparé le pouvoir ; ils leur opposent une majorité, qu'ils représenteraient ».
Avec une telle définition, on ne critique plus les « élites ». Quelles élites ? Parmi les élites, il n’y a pas que les politiques et les riches. Il y a aussi des élites intellectuelles, des élites syndicales… Les « élites » cherchent-elles autre chose que leurs intérêts propres ? S’il fait la liste des affaires, le quidam ne doit pas en avoir le sentiment. Qui trahit les intérêts de la plus grande partie de la population ? Les syndicalistes ou les spéculateurs ? Sarkozy, Hollande ou Mélenchon ? Demander une Sixième république, est-ce faire appel à la simplicité. Les manigances médiatico-politiciennes valent-elles mieux que le bon sens populaire ? Qui voit l’opinion publique comme monolithique ? Ceux qui la manipule ou ceux qui en tiennent compte ? Qui critique des minorités ethniques si ce n’est le Front national et les Sarkozistes ? Qui critique la minorité administrative si ce n’est les ultralibéraux de la droite ? Où est la majorité lorsque les votes utiles et les abstentions font les élections ? Est-ce que la majorité ce sont les politiques, les journalistes et les spéculateurs ? Populistes dans la bouche des ténors de l’UMP et du PS, cela devient une injure. Et puis c’est pratique de dire au peuple, ceux qui nous critiquent sont des populistes. « Ne vous fiez pas aux apparences : Cahuzac est une exception » nous disent-ils. Si on nous dit qu’il est une exception dans un système organisé pour favoriser cette exception, c’est déjà du populisme. Faire des affaires, s’enrichir et mentir au peuple, c’est un métier honnête pour un bon nombre de politiciens par le seul fait d’être élu.
Peut-on dire et laisser dire sans mauvaise foi que Jean-Luc Mélenchon est un populiste parce qu’il a été le candidat aux élections présidentielles d’un front de gauche rassemblant le parti de gauche, le parti communiste et des collectifs indépendants ? Bien sûr que non. Le Front de gauche n’a rien à voir avec le front national qui est un parti familial dont les dirigeants s’adressent au peuple en lui mentant. Que la droite continue à vouloir faire prendre des vessies pour des lanternes, rien d’étonnant. Que des personnalités du PS traitent Jean-Luc Mélenchon de populiste, cela ne fait que montrer leur compromission avec la droite et leur détermination à défendre le même libéralisme économique que celui de l’UMP. Le nouveau secrétaire du PS, Harlem Désir n’a rien trouvé d’autre que de proposer un référendum pour savoir si les Française veulent moraliser la politique. Si les Français répondaient « Non », quelle conclusion en tirerait-on ? Mais Harlem Désir a eu lui-même quelques ennuis judiciaires mentionnés sur Wikipédia : « De novembre 1986 à octobre 1987, il occupe la présidence de SOS Racisme tout en étant salarié par l'« Association régionale pour la formation et l'éducation des migrants », basée à Lille en tant que « formateur permanent » et il perçoit pour cet emploi fictif, un salaire mensuel net de 8 900 francs. Cela lui vaut d'être condamné, le 17décembre 1998, à 18 mois de prison avec sursis et 30 000 francs d'amende pour recel d'abus de biens sociaux. Ilaurait également bénéficié d'une amnistie de François Mitterrand concernant une dette de 80 000 francs au Trésor public, relative à des amendes de stationnement (décision de justice du 9 mai 1992) alors qu'il était président de SOS Racisme ». Son élection contestée à la tête du PS est apparue comme le résultat d’une volonté partagée par Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault.
Si certains ont déjà été condamnés dans le passé, d’autres politiciens n’ont rien fait contre la fraude fiscale et jouent les vertueux. Par ailleurs des journalistes cachent l’information lorsqu’elle dérange les puissants. Ces mêmes journalistes n’ont rien dit de l’affaire Cahuzac ou, comme par exemple le nommé Jean-Michel Apathie (RTL et Le grand journal de Canal+), n’ont cessé d’attaquer Edwy Plenel et maintenant se joignent aux moralistes. Ce n’est pas avec Jean-Michel Apathie (qui estime que "nos représentants publics ont une présomption de moralité")que Cahuzac aurait été démasqué. Si une partie de la presse n’était pas compromise avec le monde politique, les dérives seraient moins nombreuses et les brebis galeuses vite débusquées. C’est plus simple de s’acharner sur la Gauche en l’assimilant au seul parti socialiste. C’est plus simple de s’acharner sur le parti socialiste en le réduisant à la rue Solferino et à une partie de ses cadres qui voulaient imposer DSK avant de pactiser avec Hollande. Et pour défendre l’ensemble de cette classe politique de plus en plus décriée, il est plus simple d’accuser de populisme ceux qui contestent le plus fort. On trouve ainsi d’autres coupables désignés comme plus dangereux que les fraudeurs eux-mêmes. On connaît bien le procédé utilisé dans les prétoires pour obtenir l’impunité des coupables.
Il y a quelque chose de pourri dans cette Cinquième république et une partie de la presse y est associé. C’est sans doute pour cela qu’elle a peur du peuple car c’est bien le peuple qui lui fait peur et non le populisme. Pourtant, sous le quinquennat de Sarkozy, le populisme partagé avec Marine Le Pen était de bon aloi sur les chaînes de télévision lorsqu’il s’agissait de xénophobie et de racisme. Pour le coup, Marine Le Pen devenait fréquentable. Aujourd’hui, elle est utile contre Mélenchon que l’on met dans le même sac. Il faudra bien un jour que ces politiques et ces journalistes connaissent la sanction des urnes et que le peuple leur montre qu’il n’a pas besoin d’un chef charismatique pour ouvrir les yeux sur un système méprisant qui l’exploite. Il sait où est le mensonge et la propagande. Dans populisme, il y a le mot peuple et c’est bien ce mot qui fait peur aux conservateurs de droite et de gauche lorsqu’il ne s’agit pas de nationalisme mais de justice sociale.
Le mot populisme connaît un nouveau succès, comme synonyme de démagogie ou d'opportunisme politique, surtout lorsqu'il s'agit de mouvements d'opposition. Son utilisation renseigne moins sur ceux qu'elle désigne que sur ceux qui l'emploient. Le succès du vocable, selon l’universitaire Annie Collovald, est à mettre en parallèle avec la disparition progressive des classes populaires dans les appareils et dans les discours des partis politiques. Elle interprète l'usage croissant du mot populisme ou populiste comme l'expression d'une méfiance grandissante à l'égard des classes populaires et d'un penchant nouveau pour la démocratie capacitaire voire censitaire. Le populisme a souvent été identifié à l'extrême-droite. Pourtant, comme le souligne l'historien Michel Winock, « le populisme n'est pas spécifiquement d'extrême droite. Le mot désigne une confiance dans le peuple que l'on rencontre dans les discours de Robespierre ou les écrits de Michelet. » C’est l’assimilation à l’extrême-droite et sa connotation démagogique qui servent contre toute véritable contestation du système. Des journalistes vont jusqu’à traiter Mélenchon de poujadisme. Pourquoi pas de boulangisme ? Nous avons même entendu un journaliste du Figaro dire que Jean-Luc Mélenchon « lorgnait » sur le cas de l’Italien Beppe Grillo alors que le leader du parti de gauche s’est largement démarqué de ce populisme sans idéologie identifiable. Par ailleurs, comment mettre un homme politique français qui a eu des mandats électifs avec un phénomène avant tout médiatique, donc fabriqué par la presse. En Italie, le vrai sujet est le mécontentement et la corruption politique. Ce n’est pas Beppe Grillo dont se sert la presse pour discréditer la mise en cause d’une élite qui met à sa tête un Berlusconi et un Monti.
Ne nous y trompons pas ! Une partie de ce que l’on appelle la « grande presse » martèle le mot populisme tous les jours. L’affaire Cahuzac est en train de faire les choux gras de la presse mais une partie de la presse s’en sert comme un bon filon à exploiter ou une bataille à mener contre la Gauche. Une liste de fraudeurs français serait bientôt publiée. Pourquoi ne l’a-t-elle pas été plus tôt ? Le journal Libération vient de lancer que Laurent Fabius aurait un compte en Suisse sur lequel Médiapart travaillerait ? Les journalistes de Médiapart cités par Libération, Edwy Plenel et Fabrice Arfi, ont démenti cette annonce. A quoi joue Libération ? Nous allons assister à ce que la Presse peut offrir de plus méprisable après avoir approuvé ce qu’elle recèle de meilleur lorsque des journalistes de Médiapart font leur travail en toute indépendance et donc sans parti pris.
Nous verrons si nos élus vont avoir un sursaut républicain et prendre enfin de vraies mesures contre l’affairisme en politique et la corruption. Ils sont attendus sur la lutte contre toutes les fraudes fiscales et économiques. Il ne s’agit plus de sortir des mesures inefficaces ou inconstitutionnelles mais d’établir un véritable contrôle, d’identifier et sanctionner tous les fraudeurs, y compris les politiciens de gauche comme de droite.
Pidone