L’affaire Cahuzac ne mobilise plus les journalistes et que reste-t-il des mesures annoncées dans la précipitation contre ces délinquants que l’on appelle les « Cols blancs ». En février 2014, un « Superproc » sera nommé… Comprenez un Procureur financier sensé orchestrer les enquêtes financières sur l’ensemble du territoire.
Si l’on en croit le Canard Enchaîné, la candidate du Ministère de la Justice serait la procureure générale d’Agen, Catherine Pignon. Proche du magistrat très sarkoziste Yves Bot. Cette dernière doit sa promotion à cet ancien procureur général de Paris et à Rachida Dati qui l’a promue à ses hautes fonctions actuelles. Pas de quoi satisfaire l’immense majorité des magistrats déjà opposé à la création de ce poste. Toutefois on peut s’interroger sur ce choix fait dans la droite judiciaire la plus dure et sur la marge de manœuvre d’un « dream team » judiciaire dont on ne sait rien. Si le nom d’une Superproc circule, on ignore où et avec qui elle exercera ses hautes fonctions. S’agit-il réellement d’une promotion ou d’une mise au placard dans un service sans locaux, sans troupe et sans moyens ? Pour terroriser les « Cols blancs », on annonce 5 magistrats, quelques fonctionnaires et quelques greffiers… un certain nombre ! Autant traduire un nombre incertain.
Voilà pour ce qui préfigure l’avenir. Le présent, on le trouve en Suisse où le nommé Arcadi Gaydamak vient d’échapper à la justice française dont la demande d’extradition a mis trop de temps avant de parvenir aux autorités helvètes qui a relâché l’homme d’affaires de l’Angolagate, pourtant condamné à trois ans de prison et une amende de 375.000 €. Ce dernier a eu le temps de régler un différend financier à l’amiable avant d’être relâché faute de demande d’extradition parvenue en temps et heure. Où est le problème ? Pas au niveau judiciaire mais à celui politique puisque c’est le Quai d’Orsay qui est à l’origine de ce retard malheureux.
Par contre le Ministère des Finances vient de déclencher une procédure apparue comme urgente contre Médiapart mais il s’agit d’une procédure fiscale liée au taux de TVA pratiqué par ce journal en ligne. Ce contrôle "déclenché en urgence", poursuit Edwy Plenel, "est avalisé selon nos informations au plus haut sommet de l'administration du ministère des Finances". Mediapart ainsi qu'Indigo Publications, ont donc reçu notification d’un contrôle fiscal, visant la TVA réduite de 2,1% qu'ils appliquent et qui correspond à la presse papier quand l'administration fiscale considère qu'ils devraient appliquer le taux normal de 19,6%. Ce dernier taux visant les journaux numériques « viole le principe d'égalité et de neutralité des supports affirmé par les pouvoirs publics depuis 2009", a expliqué Edwy Plenel : "Visant des journaux numériques, notamment Mediapart, qui refusent toute dépendance de la publicité, des subventions publiques et des industriels privés, elle met en péril l'indépendance de la seule presse qui ne vit que du soutien de ses lecteurs", a-t-il commenté dans un article intitulé "L'Etat s'attaque à la presse en ligne". C’est volontairement que Mediapart et Indigo Publications appliquent ce taux de TVA réduit, en conformité avec le droit européen et l'arrêt Rank de 2011 qui avait condamné l'Etat britannique pour avoir appliqué deux taux de TVA différents pour un même service, expliquent "Les Echos".
Ce contrôlé tombe une semaine après les propos de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti qui s'est "engagée à appliquer un taux de TVA réduit à l'ensemble de la presse dès l'année prochaine.
Cette initiative juridiquement inopportune du Ministère des Finances et le caractère urgent du contrôle laissent penser qu’il s’agit d’une attaque politique contes des journaux qui déplaisent. On connaît l’engagement d’Edwin Plenel et de Médiapart dans la dénonciation des cols blancs et, en dernier lieu de Jérôme Cahuzac, ex-ministre du budget aux côtés de l’actuel ministre des finances.
Si nous nous en tenons à cette actualité et à la comédie qui nous a été joué sur la transparence de nos élus, on peut penser, comme le philosophe, que le même est mais qu’il advient aussi. Si le progrès social reste un concept de gauche, il ne semble pas là encore être le fil conducteur de la politique menée par les Solfériniens. On raconte que Nicolas Sarkozy fait bosser des équipes sur la notion de « progrès ». Ce serait l’ex-publicitaire Jean-Michel Goudard qui serait chargé de les animer. Le « progrès » sera le prochain thème du storry-telling sarkoziste. Le produit politique « Sarkozy » cherche une nouvelle promotion qui séduira l’électeur. Hollande fait du Sarkozy et, comme Marine le Pen, Sarkozy s’apprête à nous raconter des histoires de gauche, des histoires à dormir debout ! Avec l’UMP, le PS et le FN, c’est bien le « Même » qui adviendra et sans doute en pire.
Battone