Gauche alternative en Corse
Qui est José Manuel Barroso qui préside la commission européenne, donne des leçons de libéralisme et de rigueur budgétaire et maintenant parle d’attitude antimondialisation de la France «totalement réactionnaire »?
Son patronyme vient de l’adjectif « argileux ». Un proverbe zoulou dit « il faut façonner l’argile pendant qu’elle est molle ». Mais Barroso a séché dans le moule de l’ultralibéralisme américain. Si nous sommes tous faits du même argile, nous ne sommes pas tous coulés dans le même moule comme le souhaiterait le président de la commission européenne. Sait-il ce que veut dire le terme réactionnaire dans toutes les langues ? José Manuel Barroso a les « portugaises » ensablées et n’entend pas la contestation des peuples européens. L’expression « exception culturelle de la France » lui a donné un accès de fièvre ultralibérale et fait chanter des fadaises qualifiées de «consternantes et inacceptables » par la ministre de nos affaires culturelles (le possessif est au bon endroit). Le pion en chef de la finance internationale veut mettre le secteur audio-visuel sur le tapis roulant des négociations avec Washington… un tapis roulant vers les caisses de Wall street. Il aurait été vexé, dit-on, par les paroles du réalisateur Costa-Gavras : « Monsieur Barroso est un homme dangereux pour la culture européenne ». Un porte-parole de la commission a affirmé que la remarque de son président était une réponse aux attaques personnelles dont il fait l’objet. Ce monsieur serait-il susceptible ?
Ce n’est pas une affaire de susceptibilité. Il veut mettre au pas ultralibéral la France. Aurélie Filipetti et François Hollande ont le devoir de défendre les services audiovisuels et le cinéma. Pour cela il faut les exclure des négociations sur un accord de libre-échange commercial, s'ouvrant entre la Commission européenne et les États-Unis cet été. Il est justifié de préserver les industries créatives d'un marché dérégulé, compétitif. Le compositeur Jean-Michel Jarre pense que M. Barroso n'est plus un enfant et qu’il mérite une bonne fessée. Nous pensons qu’il n’a pas sa place à la présidence de la commission européenne et que cette commission est sous l’influence de lobbies américains comme Goldman et Sachs qui a placé ses hommes liges au cœur de l’union européenne. En 2010, Barroso avait confié à l’un d’eux, Mario Monti, une étude sur le marché unique européen.
La culture, la propriété intellectuelle, les droits d'auteur qui en découlent sont un des piliers des fondements de la démocratie et de la liberté… On peut mettre la culture en parallèle avec l’environnement. Elle doit être une économie durable.
Monsieur José Manuel est un atlantiste partisan de la rigueur. On dit de lui qu’il est complètement dévoué depuis qu’il a poursuivi des études à l´université de Georgetown. C’est un mondialiste made in USA. Pour lui la culture est un bien marchand comme un autre, donc soumis à la rentabilité commerciale et financière. Son militantisme au Portugal est passé de l’extrême-gauche (président des étudiants maoïstes) au parti social-démocrate, allié un temps avec la droite. Apparemment il n’est pas un militant culturel pour vouloir soumettre la culture au marketing plutôt qu’à l’excellence. Depuis 2004, il est maintenu à la présidence de la commission européenne. Il a la réputation d’un faux-cul laissant penser à chaque interlocuteur qu’il est de son bord. Martin Schulz, le président Parlement européen, a dit de lui : « Quand il parle aux socialistes, il est socialiste. Quand il parle aux libéraux, il est libéral. Il dit aux gens ce qu'ils veulent entendre ». Il est arrogant et fait preuve le plus souvent de suffisance, distribuant les bons points et les critiques. C’est un drôle d’Européen !
Il se range en mars 2003 aux côtés des Américains et Britanniques pour déclencher la guerre en Irak, allant jusqu'à organiser un sommet aux Açores (portugaises) des chefs de gouvernement pro-intervention (George W. Bush, Tony Blair, José Maria Aznar). Il annule également la participation du Portugal au programme de construction de l'avion militaire européen, Airbus A400-M. Un retrait suivi par l'Italie qui coutera à l'avionneur européen près de 2 milliards d'euros.
José Manuel Barroso traîne quelques casseroles : Une motion de censure a été déposée en 2006 par 77 députés européens à propos des liens entre le président Barroso et le groupe Latsis. En 2004, Barroso passe ses vacances sur le Yacht de son ami milliardaire grec armateur et banquier. Les quatre principales banques grecques ont reçu 18 milliards d’euros du Fonds européen de stabilité financière (FESF) en vue de leur recapitalisation. Sur le site Geopolintel reprenant « La Tribune de Genève », la famille Latsis vient de bénéficier de ces milliards. L’EFG-Eurobank aurait reçu 4,2 milliards d’euros de l’Union européenne. La famille Latsis a la plus grosse fortune grecque. Bien implantée sur le sol genevois, elle a transféré le siège de la banque au Luxembourg en 2010 et n’aurait plus la confiance de la FINMA, l’autorité suisse de surveillance des marchés financiers.
José Manuel Barroso aurait-il un côte bling bling caché ?
En 2010, le service de la Commission chargé de l’exécution des paiements pour frais de missions dévoilait que le coût pour le contribuable européen des « frais de représentation » et « missions » du président de la Commission européenne était de 730 230 € pour la seule année 2009, les frais de représentation des 26 autres membres de la Commission s'échelonnant entre 5 et 16 000 euros….
Revenons au libre marché américain dont le président de la Commission européenne est un des VRP ! Si l’on supprime l’exception culturelle comme il le veut, cela causera la sclérose de la production cinématographique française dans un marché mondial déjà envahi par les films américains réalisés avec de gros budgets et des moyens de diffusion puissants. On veut déjà nous faire manger des OGM et en plus il faudrait s’avaler toutes les séries américaines ou bien aller dans les rares cinémathèques pour voir de vieux films français.
Au-delà du domaine culturel certes important, le marché transatlantique s’accompagnera, au nom de la libre concurrence, de la dérégulation du marché du travail avec son corollaire : le dumping social. Le désengagement de l’Etat dans des grandes entreprises sera exigé. L’Etat n’aura plus la liberté de soutenir des secteurs économiques en difficulté sous peine de subir des pénalités et on sait que La commission européenne n’épargne pas la France sur ce terrain juridique européen où la règle est l’ultralibéralisme. On assiste déjà à la désindustrialisation française qui pourrait donc s’accompagner d’une déculturation…
L’exception culturelle française englobe toutes les cultures régionales avec les efforts faits pour maintenir la diversité. Dans le grand marché transatlantique dont José Manuel est l’un des chantres durs, la marchandisation des outils et des produits culturels aurait le même effet que celui de la mondialisation sur l’industrie du textile ou bien la métallurgie et autres produits qui n’ont plus l’étiquette « Made in France ». Quant aux produits culturels régionaux, ils seraient balayés faute de subventions.
Si monsieur José Manuel Barroso est argileux, il faudra lui opposer la dureté du Granit et rester de marbre contre ce marché transatlantique qui va nous être imposé sous la pression des ultralibéraux d’une Europe soumise aux lobbies américains. Malheureusement le granit de François Hollande a tendance à mollir sous les feux de José Manuel Barroso et la main d’Angéla Merkel lorsqu’elle l’emporte dans sa troïka à la conquête de l’Amérique du Nord… oubliant que là-bas la France a perdu militairement depuis quatre siècles après une guerre qui a durée sept ans. Il ne reste plus qu’à perdre ce qui reste de notre industrie, de notre niveau de vie, de notre culture, de notre diversité, de nos libertés… pour devenir un comptoir commerciale et une place financière des Etats-Unis où viendront investir tous les capitalistes américains mais aussi les Qatari, Chinois, les Russes … etc. Une mondialisation organisée, maîtrisée et rentable pour une poignée d’individus exploitant sans humanisme le plus grand nombre.
On nous parle de construction de l’Europe alors que l’on nous prépare la désintégration, la dissolution, la dilution… d’une Europe en ruines dont on vendra, après les hommes sur le grand marché du travail, les dernières pierres. Nous ne voulons pas avoir les pattes en glaise. Cette Europe aux pieds d’argile « portuglaise », nous n’en voulons pas comme nous ne voulons pas du « sac de son » allemand. Pour ne pas devenir des petits santons glaiseux à qui l’on donne du son sans qu’ils ne puissent braire et tant qu’à rester muets, il faudra nous dresser de toutes nos âmes comme des menhirs granitiques sur lesquels José Manuel l’argileux viendra s’écraser et son arrogance se fendre puis, devenue poussière, elle s’éparpillera dans l’océan de l’indifférence sans atteindre les rivages du vieux monde où , venues des côtes boursières d’un monde qui n’est plus nouveau et portées par les courants de la spéculation responsable des désastres économiques et sociaux, viennent trop souvent s’échouer les crises financières. Ne laissons pas raser nos montagnes pour en faire les nouvelles plaines du Far West.
La mondialisation et le système capitaliste ont fait de l’argent une arme et un poison qui répand le cynisme en voulant mettre un prix sur tout. Comme l’a si juste dit Oscar Wilde : « Le cynisme, c'est connaître le prix de tout, et la valeur de rien ! » Le cynisme, c’est aussi mettre au chômage des millions d’individus pour plus de profits financiers et afficher sur les usines « fermeture pour raison économique ». Le cynisme est l’arme politique de ceux prêts à vendre leur âme, et à sacrifier autrui pour obtenir une fausse gloire ou quelque sale argent.
Pour ne pas abandonner nos enfants au cynisme et à l’hypocrisie, il n’y a qu’un antidote : « L’humain d’abord ! »
U Graniticu.