Gauche alternative en Corse
Disons-le franchement, François Hollande ne nous a pas convaincus, hier soir sur TF1. Certainement pas pour les mêmes raisons que les dirigeants de l’Ump ou du Front national. Les premiers hurlent à l’incohérence et à l’incompétence des gouvernants actuels. C’est l’hôpital qui se fout de la Charité. Ils ont décidément une mémoire défaillante. Ils oublient qu’ils ont une lourde responsabilité dans la situation du pays. Et comme ils ne veulent pas tirer un bilan de leur propre gouvernance passée, alors ils s’adonnent aux joies de la boxe. Ils cognent. Quant à la blanche colombe qui n’aime pas les étrangers, elle nous ressort sa soupe identitaire. Elle se paie même le luxe de taper sur les banques, les marchés financiers !
Donc, Hollande ne nous a pas convaincus. Sa feuille de route ressemble de plus en plus à celle de ses prédécesseurs. Quoi de bien original dans son intervention télévisée ? Il revoit la croissance à la baisse pour 2013, aux alentours de 0,8%. Sur la taxation à hauteur de 75% des revenus au-dessus d’un million d’euros par an, il confirme sa volonté de la maintenir. A suivre de près. Tous les revenus, sauf ceux du capital, seront concernés, pour une période de deux ans ! Les artistes et les sportifs n’échapperont pas à la règle. On respire.
Sur le projet de refonte de la fiscalité, pourtant au cœur de la campagne électorale, Hollande a été d’une discrétion remarquable. On verra ça plus tard.
Par ailleurs, il invite les partenaires sociaux à trouver un compromis sur la réforme du marché du travail. Lui-même se prononce pour que les entreprises puissent "s'adapter" à la situation économique du moment. En clair, il est pour un peu plus de flexibilité, comme si les salariés n’ont déjà pas assez donné. Encore un petit effort et notre président ne serait pas loin des positions du Medef. La visite d’une flopée de ministres à l’Université d'été de celui-ci ne serait-il pas pour quelque chose dans l’affaire ?
Sur les licenciements boursiers, Hollande a été aussi d’une discrétion remarquable. Pourtant les exemples ne manquent pas en cette période de fort chômage. Citons simplement le cas de Peugeot.
Il est une question que le président a éludée : le fameux traité budgétaire européen. Question de fond, d’autant plus qu’un tel traité va engager l’avenir du pays dans la voie de l’austérité et de la régression. On aurait préféré que Hollande fût un peu plus prolixe. Aurait-il peur d’un grand débat démocratique à l'issue duquel on demanderait aux Français de se prononcer par voie référendaire ?
Pour conclure, on peut dire tranquillement que le changement, c’est dans deux ans.
Il est de plus en plus évident que le pouvoir socialiste cède déjà aux marchés financiers et à la troïka. Seule une intervention massive des travailleurs peut contribuer à changer de politique. N’oublions pas que les grandes conquêtes sociales du Front populaire ont été obtenues par une mobilisation sans précédent du monde du travail.
Agostini