Gauche alternative en Corse
C’est avec délice que nous avons apprécié les dernières propositions de notre président. Mercredi soir, il était l’invité de David Poujadas sur France 2. Une fois de plus, il a été égal à lui-même. Il a sorti de son chapeau l’arme magique. Il nous a refait le coup du pouvoir d’achat. Il se voulait très attentif au sort des millions de Français qui vivent dans la pauvreté. Mieux vaut tard que jamais. Alors, il leur propose un truc sensationnel. Tous les salaires, compris entre 1200 et 1500 euros, vont se voir gratifier d’une augmentation de 1000 euros annuels ! De quoi réjouir beaucoup de monde. Mais voilà, il y a un hic. Cette fameuse somme proviendrait de l’exonération des charges sociales salariales. Moins de cotisations, donc plus de pouvoir d’achat. Cela représenterait un coût de 3 milliards d’euros. Il faudra trouver une ou plusieurs compensations. Alors notre président, surnommé par certaines mauvaises langues la tornade blanche*, propose d’effacer la prime pour l’emploi, évaluée à 450 euros. Et qui touche cette prime sinon les bas et très bas salaires? Ce qui veut dire que les pauvres vont payer pour leurs propres augmentations. Comme dirait l’autre tout change, mais rien ne change. Génial, non ! Pour faire bonne mesure, Sarkozy promet de taxer un peu plus les dividendes des actionnaires. Ces derniers vont sûrement trembler, parce que notre président a été d’une discrétion remarquable sur le sujet.
Autre exemple de mascarade. Sarkozy veut enfin s’en prendre aux très hauts revenus, aux retraites chapeaux ou encore aux parachutes dorés. Il a vertement critiqué ses amis du Cac40. Ils gagnent trop d’argent, parfois d’une manière indécente. Donc, un peu de modération et un peu de pudeur en ces temps d’austérité. Là aussi, l’ami Bouygues a dû s’épouvanter et songer se réfugier en Suisse. Notre président est un coutumier du fait. N’a-t-il pas critiqué avec véhémence les marchés financiers lors de sommets européens ou du G8 ? La tornade blanche a fait beaucoup de bruit et n’a impressionné personne. On en rit encore dans le landernau de la finance.
Troisième exemple, le Rsa. Il faut en finir avec l’assistanat, martèle le président. Alors on va obliger les bénéficiaires de ce revenu à effectuer sept heures par semaine pour des travaux d’intérêts publics. Deux remarques. Sarkozy se permet de juger ces derniers en laissant sous-entendre qu’ils ne seraient que d’horribles profiteurs. A-t-il un jour vécu la situation de ces fainéants, lui l’ami des grands patrons, lui l’habitué du Fouquet’s ? Peut-il croire qu’on peut vivre avec 450 euros par mois ? Qu’il cesse de mépriser les humbles et les invisibles. Deuxième remarque. Qui va payer les sept heures de travail ? Pas de réponse. On verra plus tard.
Décidément notre tornade blanche ne changera jamais. Elle a un goût immodéré pour les annonces fracassantes et la gesticulation. A force d’en rajouter cette tornade va finir par faire plouf. Alors, bon débarras.
* tornade blanche, parce que Sarkozy a cette fâcheuse tendance à « nettoyer », par exemple, son propre bilan de cinq ans de pouvoir.