Gauche alternative en Corse
Hollande à la recherche d'une nouvelle majorité
Les clameurs se sont tues ou presque. Les Départementales sont derrière nous. Chacun a tiré ou essaie de tirer les enseignements de ces élections qui malgré leur caractère local ont pris une dimension nationale. Les Français, dans leur grande majorité, ont jugé très sévèrement la politique d’austérité et de régression sociale du pouvoir dit socialiste. Ce fut pour ce dernier la déroute. A force de tourner le dos à ses engagements de la campagne des présidentielles. A force de céder aux injonctions de la Troïka et de la Merkel, François Hollande paie chèrement ses reniements. Ceux-ci ont permis à la droite de se refaire une virginité. Un comble, d’autant que les positions de la droite, en matière sociale et économique, ne différent pas fondamentalement de celles des socialistes. Seule la lutte pour les places les oppose.
Le Front national poursuit sa progression. Il pollue de plus en plus les consciences de ceux qui sont touchés par la désespérance et la misère. Son leitmotiv reste le même : « C’est la faute des immigrés ».
Le Front de gauche résiste, mais il n’arrive pas à capter les déçus du « socialisme ». Il y a au moins deux raisons à cette incapacité.
Tout d’abord, il n’a pas bénéficié de la même bienveillance de la part des media comme le Parti socialiste, l’Ump et la Marine Le Pen. Ensuite, il paie également son manque de lisibilité dans sa démarche, encore trop marquée par ses divisions internes.
Par ailleurs, nous sommes confrontés à un grave problème, celui de l’abstention. Il a tendance à s’aggraver d’élection en élection. Il atteint aujourd’hui près de 50% des inscrits. Il affecte surtout l’électorat de gauche et les jeunes. C’est inquiétant pour l’avenir.
Le pouvoir actuel a-t-il tiré les enseignements des élections ? Apparemment non. Il constate la déroute et en rejette la responsabilité sur la division de la gauche. Pas un mot sur les conséquences de sa politique d’austérité sur le pays, surtout sur les catégories les moins fortunées. François Hollande et son premier ministre s’entêtent à tenir le cap. Pour eux, il n’est pas question de changer de politique. Leur politique est la seule valable. Dire le contraire relèverait de l’utopie ou de l’irresponsabilité ! Ils sont en proie à de graves problèmes au sein de leur propre majorité. Ils cherchent désespérément de colmater les brèches en proposant quelques os à ronger et à trouver de nouveaux alliés. Les écologistes et les centristes vont l’objet d’une grande sollicitude. Et c’est là que la politique politicienne réapparaît dans toute sa splendeur. Déjà, une fraction d’Europe Ecologie les Verts sont sensibles aux sirènes socialistes. D’aucuns piaffent d’impatience. Ils se verraient bien au gouvernement pour quelques maroquins.
Mais la majorité n’a pas le monopole de la pulitichella comme on dit en Corse. Ici, on y excelle. Dans le Sud, par exemple, l’Ump a raflé tous les sièges au Conseil départemental. Le triomphe à peine savouré que les leaders de la droite se déchirent sur la question de la présidence. L’unité de façade scellée pour le temps des élections éclate au grand jour, mettant à nu les ambitions personnelles des uns et des autres. On est bien loin des problèmes sociaux et économiques qui se posent à la majorité des populations de la Corse du Sud. Triste spectacle qui alimente un peu plus le « Tous pourris ».
Fort heureusement, il y a des forces politiques qui refusent cette pratique scandaleuse. La politique ne doit pas servir des intérêts personnels, mais des intérêts collectifs. Il faut en finir avec les combines, le clientélisme, la corruption. La politique doit devenir l’affaire de tous les citoyens et non de professionnels complètement déconnectés de la réalité des territoires. Manca alternativa/Ensemble s’est inscrite dans une démarche nouvelle, avec une pratique nouvelle et des gens nouveaux, tous issus du monde du travail, des milieux syndicaux, associatifs et coopératifs. Aux dernières élections départementales, dans les 2e et 3e cantons d’Ajaccio, elle a présenté, avec le Parti de gauche, des candidates et des candidats qui ont obtenu plus de 16%, en moyenne, des suffrages exprimés. Ce fut une grande et bonne surprise d’autant plus que les deux formations partaient de rien, sans moyens matériels et financiers et sans couverture médiatique. Et dire que d’aucuns nous prédisaient une belle déculottée ! Ils en seront pour leurs frais. En tous cas, c’est un résultat encourageant pour l’avenir. C’est la preuve qu’il existe un potentiel qui refuse l’austérité, rejette les pratiques claniques qui ont fait tant de mal à la Corse et aux Corses. Un potentiel à partir duquel on peut bâtir une véritable alternative à l’austérité. Manca alternativa sera de ce combat.
Osons l’avenir.
Angelo Leonetti