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Gauche alternative en Corse

La politique du moins pire

La politique du moins pirePas de miracle ! L’arithmétique parlementaire s’est vérifiée. Seulement 146 députés ont voté la motion de censure déposée par la Droite. Il faut reconnaître que cette Droite n’invite guère à les suivre. Les intentions de ses candidats aux élections présidentielles ont servi d’arguments au Président du groupe socialiste et à Manuel Valls. Comme le dit le proverbe : « Au royaume des aveugles les borgnes sont rois ».

Nous avons eu l’épisode de la tentative de dépôt d’une motion des gauches. Il n’aurait manqué que deux voix. De toute façon, cette motion n’aurait servi à rien, puisque la Droite ne l’aurait plus votée que les frondeurs n’ont pas voté la motion de droite. Nous avons donc assisté à une mascarade parlementaire de plus, exacerbée par le recours au 49.3.

La politique du moins pireNous sommes dans un jeu politicien. Le sort de cette loi va se jouer dans la rue. Nous savons qu’il ne faut rien attendre de nos députés et de nos sénateurs qui sont toutes et tous dans des calculs électoraux. La partition sera toujours la même et prépare une nouvelle alternance libérale. Du côté du pouvoir en place, Manuel Valls réclame une clarification  au Parti-socialiste. Pour lui, les frondeurs ne doivent plus mettre en cause la conception qu’il a de la social-démocratie à la française. On sent bien qu’il souhaite se débarrasser de la fronde pour s’ouvrir une possibilité d’alliance avec les centristes. De son côté, François Hollande sera plus enclin au statu quo pour ne pas compromettre sa candidature en 2017. Il ne voit sans doute pas d’un bon œil l’émiettement du parti socialiste avec la constitution d’un nouveau parti qui le priverait de caution de gauche. Hamon va peut-être y aller ? Montebourg attend à l’orée du bois. Quant à Emmanuel Macron, tout laisse à penser qu’il ne va pas tarder à prendre du large pour se mettre officiellement en marche vers les Présidentielles et chercher des alliances à droite. On parle de pacte politique entre lui et Hollande. Si c’est le cas, on sait que, dans ce genre de pacte, il y en a toujours un qui se fait avoir au bon moment, celui des Présidentielles.

Avec leur politique libérale et droitière, Hollande et Valls ont déplacé le marqueur à Droite. Les programmes présidentiels, annoncés par Sarkozy, Juppé, Fillon, Le Maire et le reste, ne font que surenchérir sur la fameuse philosophie de la loi Travail. Ils sont tous aussi réactionnaires les uns que les autres, sinon plus. La Droite assume, ouvertement et avec une arrogance plus grande que jamais,  une politique toujours plus antisociale.  En le dénonçant, les socialistes légitimistes pensent se situer toujours à gauche auprès de l’électorat de gauche.  On croirait entendre une anaphore, figure de rhétorique préférée de François Hollande. Etre de gauche, c’est être au parti socialiste. Etre de gauche, c’est renier le socialisme devenu trop archaïque. Etre de gauche c’est avoir un discours moderniste pour imposer une politique réactionnaire mais supportable au regard de celle promise par la Droite. Etre de gauche, c’est utiliser  démocratiquement l’article 49.3 pour faire passer des lois rejetées par tous. Etre de gauche, c’est accepter la précarité au nom de la croissance économique. Etre de gauche, c’est se montrer progressiste sans l’être. Voilà, la philosophie des Hollande, Valls, Macron, El Khomri, Cambadélis, Le Guen, Le Foll…ect.

Valls voudrait mettre fin à la confrontation entre patrons et salariés. Il semble oublier que toutes les avancées sociales ont été arrachées dans la confrontation. Rien n’a été obtenu dans la concertation sans lutte sociale.  Ce sont les avancées sociales qu’il fait régresser au nom de la concorde sociale. Ce sont des victoires syndicales dont il veut annuler les effets. Lui et Hollande ont un mot-clé : compromis. Lorsque l'on écoute le discours de Pierre Gattaz, peut-on croire à des compromis entre gens de bonne volonté ? Valls y croit-il lui-même ? On peut en douter.

Hollande et Valls ont ouvert des brèches dans les acquis sociaux et, avec la loi Travail, ils font du Code du travail un recueil de lois facultatives. Chaque patron pourra imposer de nouvelles normes. Avec les nouvelles conditions des licenciements économiques, le patronat tiendra le manche pour pratiquer le chantage au chômage. Par exemple, dés que l’entreprise aura un problème de trésorerie, le spectre du chômage économique planera sur les salariés. 

L’argumentation de Valls contre la motion de censure servira aussi pour la campagne présidentielle. Nous l’avons déjà entendue dans la bouche de deux frondeurs. Après le dépôt de la motion de censure par la Droite, Benoit Hamon a déclaré : « La motion de censure de la droite, il faut imaginer que vous avez beau être en désaccord avec Manuel Valls, préférer à Manuel Valls Nicolas Sarkozy qui propose de supprimer 600.000 ou 300.000 fonctionnaires tous les cinq ans, cela dépend des candidats de droite, de supprimer l'ISF, de porter la retraite à 65 ans, c'est un peu compliqué de préférer ce projet-là à celui du gouvernement ». Sur Europe 1, son collègue Christian Paul était allé dans le même sens : « Quand je regarde les programmes de la droite, d'Alain Juppé ou de François Fillon, notamment en matière de droit du travail ou de réduction de la fonction publique, je n'ai pas très envie, je n'ai même pas envie du tout, au fond, de joindre ma voix à (celles) de députés qui veulent supprimer des centaines de milliers d'agents publics, qui veulent profiter de la brèche que constitue la loi El Khomri pour faire davantage s'ils viennent aux responsabilités … Il y a un moment où l'arithmétique fait loi. Il n'y a pas, me semble-t-il, 289 députés qui soient prêts à voter ensemble ».

Ces deux frondeurs ont signé le projet de dépôt d’une motion de gauche. Une motion de gauche jointe à la motion de droite aurait-elle renversé le gouvernement ? On sait que non, puisqu’il aurait fallu que tous les députés de Droite votent aussi la motion de gauche. Ce n’était qu’une démarche symbolique. On a le droit de penser que quelques députés socialistes maintiennent une sensibilité de gauche pour rassurer l’électorat. La tentative de motion de censure des gauches n’aura été qu’une gesticulation parlementaire. Aucune fronde ne fait bouger les lignes dans le gouvernement. Valls rejette toute contestation à sa gauche, qu’il qualifie de confortable et abstraite. Cette attitude est celle d’un homme de Droite, si un doute pouvait encore exister dans les esprits.

La politique du moins pireHollande a-t-il encore une aile gauche ? Le Premier Mai dernier, en marge des milliers de manifestants, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, honorait la mémoire de Léon Blum et du Front populaire. Il osait un parallèle historique affligeant entre les lois sociales de 1936 et la loi Travail de 2016. Il souhaitait à Hollande la victoire du Front populaire. Quelle insulte aux travailleurs qui avaient conquis en 1936 les 40 heures, les congés payés et les délégués du personnel ! Quel mépris pour celles et ceux qui défendent aujourd’hui, par des grèves et dans la rue,  ce qui a été obtenu par des grèves et dans la rue ! Ce pou repu a eu le culot d'écrire un livre intitulé "A gauche, les valeurs décident de tout".

L’opération  politicienne de Valls et Hollande était gagnée d’avance. Elle a réussi sa première étape et  ne tient pas compte du mécontentement populaire. Un président élu sur le mensonge applique, à coups de 49.3,  le programme d’un Manuel Valls qui était bon dernier aux primaires socialistes avec 5% des voix. La Droite et le Front national leur servent d’épouvantails pour espérer gagner les prochaines présidentielles.

La loi est adoptée par l’Assemblée nationale sans débat sur le fond et va aller devant le Sénat. C’est la deuxième étape plus difficile. Toutefois, la loi reviendra devant l’assemblée et, à coup de 49.3, sera adoptée définitivement. Valls et Hollande pensent certainement avoir gagné la bataille politique mais ils n’ont pas gagné la guerre sociale. On ne muselle pas l’électorat de gauche et tous les syndicats comme ils l’ont fait pour les élus socialistes. Chacun d’eux devra rendre des comptes devant les électeurs.

On a le sentiment que les libéraux de tous bords (y compris Valls et Hollande) prennent les élections présidentielles comme une commission nationale chargée d’examiner les appels d’offres politiques et de choisir le bénéficiaire d’un marché libéral pour cinq ans. Valls et Hollande s’annoncent comme la meilleure offre en matière de coût social. En terme administratif, l’offre retenue devrait être celle du « moins disant », celui donc qui soumet le devis le moins socialement coûteux pour une même prestation. Le marché libéral est un marché de dupe car ce sont toujours les mêmes qui bénéficient du marché et ce sont toujours les mêmes à qui ça coûte des acquis sociaux.

La politique du moins pireLe pouvoir socialiste, comme celui de la Droite, a cru pouvoir mener une politique sans tenir compte de l’opinion publique. Ils pensent tous faire l’opinion grâce à leurs chiens de garde. Pourquoi en tiendraient-ils compte ?  Depuis quatre ans, on nous serine qu’il faut faire des efforts et des concessions pour sortir de la crise. Maintenant, à un an des élections, la loi Travail vient solder chèrement le coût social accompagné par un discours d’autosatisfaction. Il paraît que « ça va mieux » et que la croissance s’annonce. L’article 49.3 est utilisé pour le bien de tous et fait partie du dialogue social. Ne vous plaignez pas ! Il y a pire : Copé veut gouverner par ordonnances. La droite veut revenir à 39 Heures, supprimer l’ISF, supprimer des centaines de postes de fonctionnaires, rendre obligatoires les indemnités forfaitaires des Prud’hommes, donner l’initiative des accords d’entreprises aux patrons, plafonner le RSA… etc. Quelle aubaine pour faire accepter la loi Travail et espérer qu’elle sera vite digérée ! Les nouvelles promesses électorales serviront de pansement gastrique.

Contrairement à ce qu’il veut faire croire, Hollande a vite abandonné par cynisme ce qui est le fondement de la gauche, l’idée de la lutte et du changement de l’ordre social. Le changement ne fut qu’une promesse électorale. Il a tenu le cap libéral. Il ne s’est pas mis en mouvement, il a suivi le mouvement. Il a méprisé une grande partie de ses électeurs. Il a méprisé sa majorité au parlement et donne des idées à la Droite pour aller plus loin dans le régime présidentiel. Pour neutraliser Valls, il a propulsé Emmanuel Macron au gouvernement.. Ce dernier   rêve du retour à la royauté car, selon lui, c’est ce que souhaitent les Français chez qui l’exécution de Louis XVI aurait laissé un vide.  

Jusqu'où iront-ils si le peuple ne les arrête pas ? Cette constitution de la Cinquième république contient les outils juridiques qui permettent tous les coups de force contre la démocratie. La lutte contre le terrorisme justifie des lois de plus en plus liberticides et fait vivre les Français en état d’urgence. Nous sommes entraînés dans une fuite en avant.

Les élections sont les seules occasions de sanctionner l’autoritarisme, l’arrogance et le mépris. C’est l’occasion aussi de ne pas tomber dans le piège du vote FN au premier tour pour se jeter dans celui du vote utile au second tour. Pourquoi laisser  l’alternance libérale nous conduire à une soumission toujours plus pesante ? Pourquoi choisir de rester dans le moins pire pour éviter le pire ?

Hollande et Valls veulent faire croire qu’ils sont la seule alternative de gauche. Ils ne sont qu’une alternance de centre-droit. Voter pour un candidat de gauche qui s’engage à faire une réforme constitutionnelle et à redonner la parole au peuple est devenu une urgence démocratique et républicaine. Ce n’est pas la Droite qui améliorera la situation sociale. Ce n’est pas l’extrême-droite qui mettra fin à l’alternance libérale. Ce n’est pas le partie socialiste qui changera le Système. Le seul espoir de changement est à gauche, pas cette pseudo-gauche gestionnaire qu’ont toujours incarné les présidents socialistes.

Il est toujours temps de choisir l’insoumission à l’ordre libéral qui conduit à l’autocratie, à l’oligarchie et au fascisme. Il est toujours temps de défendre des acquis sociaux qui n’ont jamais été octroyés et qui sont le résultat de luttes sociales. 

Sept syndicats appellent à des grèves générales et des actions les 17 et 19 Mai prochains. Ce seront deux occasions de montrer l’ampleur du rejet de la loi Travail et de l’article 49.3 de la constitution. C’est par la lutte sociale que chacun de nous défendra les acquis sociaux contre la précarité et l’arbitraire.

La politique du moins pireLa politique du moins pire

U Barbutu

 

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