Gauche alternative en Corse
Par Jean-Pierre Orsi, membre de Manca alternativa
Les Municipales approchent. C’est dans tout juste deux mois. Déjà, plusieurs listes se bousculent au portillon de la Mairie à Ajaccio. Une liste de l’Ump, conduite par le jeune loup, mais néanmoins controversé, Laurent Marchangeli qui rêve d’accrocher à son tableau de chasse une nouvelle proie, celle de maire d’Ajaccio et de renouer avec un passé fortement marqué par les tripatouillages et le clientélisme. Une liste du Front national qui veut profiter de la « fameuse » vague bleu-marine. Une liste nationaliste. Une liste dissidente de droite. Une liste divers-gauche conduite par Anne-Marie Luciani. La liste Filoni. Enfin, la liste du maire sortant Simon Renucci lequel repart pour un éventuel troisième mandat.
Une liste fourre-tout
Cette liste ressemble à une nébuleuse si l’on en croit les informations en notre possession. Elle engloberait des gens dits de gauche, des sociaux-démocrates, des écologistes, des nationalistes, des gens plutôt catalogués à droite, des notables et des communistes, du moins encartés. Une « grande coalition » au plan local en quelque sorte ! Et sur quelle base ? La question mérite d’être posée. Pour l’heure, il y a une absente : une liste du Front de gauche, avec un vrai programme alternatif. C’est regrettable, parce qu’en pareille circonstance, les absents ont toujours tort. Cette absence résulte du choix fait par le Parti communiste ajaccien qui a préféré s’allier dès le premier tour à Simon Renucci. Ce choix – disons-le sans ambiguïté – ne saurait engager le Front de gauche. Nous ne le remettons pas en cause. C’est l’affaire de la majorité des militants de ce parti. Mais nous ne pouvons pas le partager. Pour une raison toute simple. Il entre en contradiction avec le positionnement du Parti communiste au plan national. Comment critiquer – à juste titre – la politique ultralibérale menée par François Hollande et son gouvernement et s’allier aux représentants locaux du Parti socialiste. Rappelons-nous la dernière prestation télévisée du président de la République. Elle est d’une clarté remarquable. Elle consacre le virage définitif à droite du pouvoir dit socialiste. De nouveaux cadeaux seront octroyés aux patrons sans contrepartie et les dépenses publiques seront fortement à la baisse, dont les dotations aux communes. On peut en mesurer les conséquences, entre autres, sur les services publics, déjà bien malmenés.
Une stratégie à géométrie variable pleine de risque
Cette stratégie à géométrie variable, c’est-à-dire tantôt une alliance avec le Parti socialiste comme à Paris, tantôt avec le Front de gauche comme à Marseille, à Lille ou au Mans, comporte le risque de semer le trouble parmi les électeurs qui ont voté Jean-Luc Mélenchon au premier tour des présidentielles. Un danger guette le Front de gauche, celui de son implosion à un moment où commençait à se développer une vraie dynamique pour une alternative à gauche. Les conséquences seraient désastreuses : découragement politique et repli dans l’abstention de millions de personnes qui reprenaient goût à une authentique politique de gauche. Tout cela pour quelques postes d’élus ? On ne peut pas accepter cette logique mortifère.
Une liste du Front de gauche clairement identifiée
Le Front de gauche doit être partout présent dans le débat électoral, y compris à Ajaccio, avec une liste clairement identifiée. Cette présence doit se faire sur la base de propositions concrètes pour une autre politique de la ville sur des questions essentielles comme l’eau, la gratuité des transports, la création d’emplois utiles, la défense et l’amélioration des services publics, la santé, l’école, la lutte contre la spéculation foncière et immobilière, le logement social, l’environnement, etc. Oui, c’est encore possible, avec toutes les forces politiques de gauche, avec des hommes et des femmes qui le souhaitent et qui aspirent à un vrai changement.