Gauche alternative en Corse
Cette phrase était inscrite sur une grande banderole déployée par le marins de la Sncm, lors de la manifestation organisée par la Cgt, pour protester contre la politique d’austérité et de régression sociale du gouvernement Valls, jeudi 26 juin 2014, entre le vieux port et la préfecture, à Marseille. Cette phrase voulait montrer avec force la responsabilité du pouvoir dit socialiste dans la crise que traverse la compagnie maritime. On peut se poser la question : mais que fait ce pouvoir ? Pour l’heure, il se tait, tergiverse, ou prend le parti de Transdev, principal actionnaire de la Sncm qui ne rêve que d’une seule chose : liquider l’entreprise. Pourtant le gouvernement Ayrault avait signé une déclaration d’intention dans laquelle il s’engageait à faire appliquer le plan industriel de redressement de la compagnie. Les syndicats l’avaient accepté, même au prix de lourds sacrifices, entre autres, la suppression de 500 emplois. Ce plan prévoyait par ailleurs la commande de 4 nouveaux navires. Où en est-on aujourd’hui ? Le gouvernement Valls semble renier ses engagements. Ca devient une très mauvaise habitude. Il est bien loin le discours du Bourget au cours duquel le candidat Hollande aux élections présidentielles fustigeait avec véhémence la finance. Cette attitude a amené les syndicats à réagir et à faire grève à compter du 26 juin. Seul le Stc a cru devoir se désolidariser du mouvement et préférer se réfugier dans une proposition tout autant hypothétique qu’illusoire, à savoir la création d’une compagnie régionale publique.
Lors de la manifestation qui a rassemblé des milliers de personnes venant de secteurs très divers (Cheminots, gaziers, électriciens, hospitaliers, agents territoriaux, métallurgistes, etc.) nous avons rencontré plusieurs participants qui ont, à leur manière, expliqué les raisons de leur présence et crié leur ras le bol des conséquences d’une politique ultralibérale, menée par un gouvernement dit de gauche et jetant le discrédit sur la gauche elle-même et sur ses valeurs.
Marcel nous a parlé de la grève à la Sncm, de ses conséquences : perte de salaire, exploitation éhontée par les media de cette grève pour salir la lutte des marins et les opposer aux vacanciers et aux insulaires. Il a répété qu’il n’y avait plus d’autres moyens pour se faire entendre, pas d’autre alternative. Doit-on accepter la liquidation de la Sncm en disant bravo ou en s’agenouillant devant Transdev et le gouvernement ? Des milliers d’emplois sont en jeux et des secteurs entiers de l’économie de la Corse et la région marseillaise risqueraient d’en pâtir. Il est facile à quelques lascars de sévir sur certains sites pour railler la productivité des marins, mais comme le disait Marcel qu’ils viennent travailler quelques jours dans la salle machine d’un bateau pour comprendre les joies de la navigation.
Fernand est musicien. Il est venu manifester avec plusieurs centaines de ses camarades intermittents du spectacle – encore des privilégiés diraient quelques autres esprits chagrins – pour protester contre les accords récemment signés par le Medef et des organisations syndicales minoritaires. Accord qui tire vers le bas et remet en cause le statut de la profession, déjà largement malmené. Il a parlé aussi de la politique culturelle du gouvernement lequel vante à satiété l’exception culturelle française, du moins en parole. Dans la pratique, au nom de la réduction des dépenses publiques on taille allègrement, au plan national et à tous les échelons administratifs du pays, dans les budgets culture. Cela va se traduire mécaniquement par une baisse des activités, de la qualité des prestations, une augmentation du chômage chez les salariés du secteur.
Gilbert vient de chez Fralib. Entreprise grandement symbolique par sa lutte exceptionnelle de plus de 1300 jours ! Lutte tenace, difficile, mais qui s’est traduite par une victoire contre une multinationale, Unilever. Les salariés de l’entreprise vont pouvoir créer leur Scop de production et engager un nouveau défi, et moins des moindres, celui de s’imposer sur un marché où tous les mauvais coups ne manqueront pas de pleuvoir. Gilbert en appelle à la solidarité des travailleurs, de la population pour gagner la bataille pour leur affirmation et pour démontrer que des salariés sont en capacité de faire tourner leur propre entreprise. SCOP TI - c'est le nom de la nouvelle entité - a le soutien plein et entier de Manca alternativa.