Gauche alternative en Corse
Lundi 18 mars 2013 - José Manuel Fajardo, journaliste et écrivain espagnol, a dévoilé que le journal le Monde avait commis un autodafé discret : plus 50 000 photographies prises entre 1978 et 2006, gardées à clé dans un bureau du journal Le Monde. Il a écrit une lettre ouverte traduite par Juan Carlos Hernandez...
Le journal "Le Monde" détruit 27 ans de l'œuvre du photographe argentin Daniel Mordzinksi
Quelque chose d'incroyable est arrivé et on ne peut se taire.
Le 7 mars 2013, le photographe Daniel Mordzinski, dont les photographies d'écrivains sont exposées dans les musées du monde entier, a découvert que ses archives composées de plus 50 000 photographies prises entre 1978 et 2006, gardées à clé dans un bureau du journal Le Monde, avaient été envoyées dans une cave et brûlées.
Ce journal qui se réclame du droit à la liberté d'expression à travers le monde a fait disparaître pour toujours la plus grande partie de cette œuvre qui témoignait de presque 30 ans de culture avec des photos uniques de Cortazar et de Borges, de moments d'intimité au cœur même de la littérature contemporaine. Cette décision est un monument à l'incompétence et à l'imbécilité. Le journal "Le Monde" garde inexplicablement le silence sur cette affaire. Ce silence est la cerise sur le gâteau du mépris d'un acte barbare"
Daniel Mordzinski est photographe, né à Buenos Aires en 1960. Il travaille depuis trente ans à un ambitieux « atlas humain » de la littérature. Argentin ancré à Paris, il a fait les portraits des auteurs les plus connus des lettres ibéro-américaines. Il a exposé en Argentine, en Colombie, au Mexique, en Italie et en France. Il est actuellement le correspondant en France du journal espagnol El País.
En 2003, deux journalistes ont publié un livre-événement sur les méthodes employées par le quotidien et le comportement de ses dirigeants : "La face cachée du Monde, du contre-pouvoir aux abus de pouvoir". Les auteurs sont deux journalistes, Pierre Péan et Philippe Cohen. Il avait été imprimé en Espagne par les éditions Fayard pour éviter toute fuite avant la parution. Il se souvenait que son confrère l'éditeur Balland avait affirmé à l'époque que Le Monde avait "volé" un exemplaire. L'Express avait toutefois publie en exclusivité de larges extraits du livre. "Ce qu'il raconte (sur la Corse, le Rainbow Warrior, la campagne présidentielle, la chute de Jean-Marie Messier, l'échec de Lionel Jospin) est édifiant quant aux méthodes et aux arrière-pensées des dirigeants de cette institution qu'est le Monde",
écrivait Denis Jeambar, directeur de la rédaction de L'Express.
Le Monde, fondé à la Libération par Hubert Beuve-Méry n’a plus la rigueur intellectuelle qui lui était accordée à tord ou à raison. Pendant son passage à la tête de la publication de 1994 à 2007, Jean-Marie Colombani a été accusé d’imposture moderne par Edwy Plenel, directeur de la rédaction de 1996 à 2004.
Après avoir soutenu Mitterand, on se souvient qu’en 1995 le journal avait fait discrètement campagne pour Edouard Balladur contre Jacques Chirac à la Présidentielle. En 2007, Jean-Marie Colombani appelle à voter pour Ségolène Royal. Ce sera sa dernière année à la tête de la publication. Le journal a apporté le plus souvent son soutien au parti socialiste. Il s’inscrit habituellement dans une ligne politique social-libérale.
Ce journal du soir a fait l’objet d’une ingérence de Nicolas Sarkozy lors de sa reprise par de nouveaux actionnaires en 2010. Ce dernier s’est opposé à la reprise du journal par le trio Bergé-Pigasse-Niel en menaçant Eric Fottorino, directeur de publication de 2008 à décembre 2010 : si cette option était choisie, annonça-t-il, l'État renoncerait à verser 20 millions d'euros pour participer au sauvetage de l'imprimerie du journal. Fin juin, l'offre du trio Bergé-Pigasse-Niel est plébiscitée par les salariés actionnaires. Ce choix est validé par le vote du conseil de surveillance (11 voix pour et 9 abstentions). S’en ait suivi l’affaire des fadettes et de la DCRI avec la plainte déposée par le journal C°/X… pour « violation du secret des sources » après que les services secrets français aient espionné un journaliste. Bernard Squarcini reconnaissait ,dans un entretien au Nouvel Observateur , avoir ordonné un « éclairage DCRI » sur des fuites provenant du ministère de la justice au sujet de l'affaire Woerth-Bettencourt : une enquête discrète qui est considérée comme une atteinte au secret des sources, protégées par la loi, et donc à la liberté de la presse.
A la tête de la publication, Alain Frachon a assuré un intérim du 30 novembre 2012 - mars 2013. Natalie Nougayrède vient d’être mise en place. Aujourd’hui le Monde est accusé d’un autodafé discrètement perpétré en privant l’Histoire des photographies de Daniel Mordzinski. Qui en est responsable ? Le Monde n’a pas communiqué sur le sujet à notre connaissance.
Fucone