Gauche alternative en Corse
Nous assistons à un déchaînement médiatique pour imposer la loi scélérate de démantèlement du code du travail. La presse ultralibérale monte à l’offensive contre la gauche qui refuse le recul social sans précédent que propose Hollande, Valls et leur gouvernement. Ceux qui s’opposent à la régression sociale sont des « idéologues », des « dinosaures » qui se fichent de l’emploi si on lit la Une provocatrice du « Point » dont on connaît l’empressement mis à attaquer les fonctionnaires et les syndicats à l’appel de la voix de son maître libéral et de ses actionnaires. La pétition contre le projet de loi qui a recueilli plus d’un million de signatures fait l’objet de dénigrement pour semer le doute sur le nombre réel des signataires, comme jamais cela n’a été fait par la même presse lorsqu’elle reprend des sondages manipulés ou de faux chiffres avérés.
Le pire est que, en trahissant ses engagements de la campagne présidentielle, Hollande a jeté le mépris sur l’électorat de gauche et montré qu’on pouvait gouverner sans tenir compte des suffrages obtenus. Il a participé à l’augmentation des abstentionnistes et à un système dans lequel la démocratie est vidée de son sens. Il n’agit pas comme un chef d’état mais comme le chef d’une équipe de maintenance composée de cadres libéraux issus en partie de l’ENA comme lui. Après les avocats d’affaires, la France est gouvernée par des professionnels de la politique qui constituent une caste. Avec Sarkozy, nous avons assisté à l’arrogance d’une droite qui s’est dite décomplexée et qui a entamé l’offensive antisociale et les cadeaux aux nantis. Ce furent des attaques frontales menées par un premier ministre ultralibéral, pendant que Sarkozy jouissait des fastes de notre république monarchique. Avec François Hollande, nous assistons à la mise en place d’une usine à gaz qui multiplie les vessies de droite présentées comme des lanternes de gauche. Fier de son rôle de chef de guerre affilié aux Etats-Unis et de celui d’Européen pendu aux basques d’Angéla Merkel qu’il monte au pinacle comme une égérie du féminisme dans un entretien donné à l’hebdomadaire « ELLE », il laisse Manuel Valls et Emmanuel Macron sonner la charge contre le code du travail avec , comme feuille de route, deux mots : flexibilité et croissance.
Aujourd’hui, la démocratie ne sort plus des urnes. On ne parle de référendums que dans les entreprises ou pour faire passer l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Les référendums dans les entreprises sont une invention pour casser les syndicats. Bien évidemment, l’initiative de ce type de référendum est laissée au patronat. Elle n’est pas donnée aux salariés et aux syndicats pour se prononcer sur des décisions patronales en entreprise et sur les retraites chapeaux. Quant aux référendums nationaux, on se souvient de celui sur la constitution européenne et du mépris dans lequel les électeurs ont été laissés. D’aucuns, comme Giscard d’Estaing, avaient même dit, à l’époque, que l’Europe devait se faire sans l’avis des peuples. Pour eux le référendum était une erreur. Salauds de démocrates ! L’erreur a été effacée en choisissant de signer des traités préparés par des technocrates à l’écoute des lobbies. On nous prépare même un traité de libre-échange avec les Etats-Unis dans le plus grand secret car il viendra après la casse sociale et l’avènement de l’ultralibéralisme institutionnalisé dans lequel l’Etat pourra être condamné par un tribunal arbitral dont on a pu évaluer le degré d’impartialité avec l’affaire Tapie.
Les élections sont perçues comme des pièges à cons. Faute de presse indépendante de la doxa libérale qui occupe le paysage audiovisuel français, la contestation s’exprime sur les réseaux sociaux et par la multiplication des pétitions. Alors, la presse s’attaque aux pétitions trop populaires et quelques politiciens, pas des plus vertueux, viennent clamer qu’aucune pétition ne doit venir perturber le jeu bien huilé des institutions. Le fraîchement nommé au gouvernement Jean-Vincent Placé, déjà sénateur par la grâce des Verts et de grands électeurs (donc pas directement par le suffrage universel), s’insurge contre les réseaux sociaux alors qu’il y a déversé des critiques acerbes contre un gouvernement auquel il vient de faire allégeance, jusqu’à défendre le référendum régional, idée qu’il avait pourtant jadis repoussée. Il considère même que les accords PS-FDG-EELV n’ont plus de sens politique car ils auraient été ressentis comme « combinazione par les électeurs soucieux de l’intérêt général ». Voilà comment il s’est débarrassé de tout scrupule et de son engagement politique antérieur pour avoir son strapontin ministériel. On croyait que le sénat était un cimetière des éléphants et bien cette chambre parlementaire conservatrice est aussi le marchepied de quelques Rastignac de son espèce.
L’électeur n’est plus respecté. On lui promet ce qu’il demande pendant les élections et on le méprise après avoir été élu. Des politiciens comme François Hollande ou Sarkozy au plus haut niveau de l’Etat et des carriéristes de tous poils ont sapé le jeu démocratique en se servant d’une constitution monarchique et en se partageant des fromages électoraux, ministériels et autres postes moins exposés mais toujours lucratifs.
L’abstention ne résout rien mais laisse le champ libre à un scénario resservi à chaque élection. On diabolise ce que l’on désigne par « extrême-gauche », on se sert ensuite du vote FN pour pérenniser une alternance entre tenants d’une même classe politique au service des nantis et d’une économie de rentes. Pour en arriver là, il a fallu d’abord des glissements sémantiques. On ne parle plus de cotisations sociales mais de charges sociales. On ne parle pas de cadeaux fiscaux mais de crédits d’impôts. Et on en arrive à vouloir faire croire que pour créer des emplois, il faut allonger le temps de travail, reculer l’âge de la retraite et faciliter des licenciements. Des gens qui se disent de gauche, comme Manuel Valls dont on connaît l’idéologie droitière, accusent les idées progressistes sociales d’être archaïques et voudraient ramener le code du travail au dix-neuvième siècle. Pour eux, le recul social est moderne.
Avec la réforme du code du travail, nous assistons à une offensive sans précédent contre les idées de gauche, le progrès social et la liberté syndicale. Il ne faudra pas baisser la garde car la grande manipulation est engagée en quelques étapes : fuites organisées sur le projet, contestation, division entre syndicat radicaux et syndicats réformistes qui participent à un scénario connu : des syndicats bien vus par le pouvoir demandent quelques modifications du projet, les obtiennent et rentrent dans les rangs libéraux. Les autres syndicats sont accusés d’être politiques et d’aller à l’encontre de l’intérêt général. Le texte est présenté au parlement avec l’assurance que des frondeurs mi-mollets le voteront et qu’il sera même appuyé par des députés de droite, trop heureux de n’avoir plus à commettre cette casse sociale qu’ils pourront aggraver en disant que si la gauche a posé les banderilles, elle ne pourra pas éviter l’estocade du taureau qu’est devenu le code du travail dans l’arène politique. Quelle gauche ? Hollande et Sarkozy, blanc bonnet et bonnet blanc. Fillon et Valls, blanc bonnet et bonnet blanc. La gauche n’est plus représentée au sommet de l’Etat et dans ce gouvernement de valets commandés par un majordome. Quelle démocratie ? Celle d’une presse dépendante de capitaux détenus par quelques grands patrons ? Celle d’élus sans scrupules et sans idéologie ? Celle de l’Etat d’urgence contre le terrorisme mais aussi contre des écologistes et des manifestants ? Celle qui s’associe avec les pires dictatures ?
La liste est longue des interrogations sur cette cinquième république qui n’en finit plus de mettre à la tête de l’Etat une classe politique dans laquelle chacun sort du même moule conservateur et réactionnaire. Vont-ils tirer un trait sur des années de progrès social pour installer un ordre libéral dans lequel chacun perdra un peu plus la maitrise de sa vie face à une violence économique toujours plus liberticide ?
Plus que jamais, la démocratie doit être revendiquée dans la rue. Les manifestations contre la réforme du code du travail doivent rassembler toutes celles et ceux qui ne veulent pas courber l’échine sous la pression du chantage au chômage. Ce n’est pas le chômage qu’ils combattent à long terme, ce sont les dividendes des actionnaires qu'ils défendent à court terme. Inverser la courbe du chômage, voilà la promesse de François Hollande qui, en énarque, sait que l’on peut faire dire ce que l’on veut aux chiffres et qui n’a plus de mots pour parler au peuple. Il regarde votre avenir dans une boule de cristal du haut de sa tour d’ivoire et, à ses côtés, œuvre Valls l’apprenti sorcier.
Pidone.