Gauche alternative en Corse
L'exemple vient des
Hellènes
Formidable leçon de démocratie que le peuple grec vient de donner à toute l’Europe, ce dimanche 6 juillet 2015, avec plus de 61% de non. Formidable leçon de dignité, de courage, de résistance face aux prétentions hégémoniques de la Troïka et des gouvernants des dix-huit autres pays de l’Eurozone. Ces derniers ont humilié les Grecs pendant des semaines, avec un point culminant pendant la campagne du référendum, en multipliant les menaces et en agitant avec frénésie le spectre du chaos et de l’expulsion de la Grèce de l’euro. Dans ce concert outrancier et malodorant contre Tsipras et son gouvernement, accusés d’être irresponsables et immatures, nos gouvernants n’ont pas été en reste dans ce qu’on peut appeler une ingérence inadmissible dans les affaires intérieures d’un pays. Il suffisait d’écouter, entre autres, les déclarations d’un Valls ou d’un Macron pour se faire une opinion. Nos media, dans leur grande majorité ont roulé et de quelle manière pour le oui, sans retenue, ni pudeur. L’objectif de ces laudateurs et autres partisans de la pensée unique était de renverser le gouvernement grec et de le remplacer par des « techniciens », bien dans la ligne, par des gens qui ont contribué largement à plonger le pays dans une crise aux conséquences dramatiques pour des millions de personnes. On prendrait les mêmes et on recommencerait, avec une dose supplémentaire d’austérité.
Les grecs n’ont pas cédé à la panique. Ils ont massivement rejeté l’austérité et donné au gouvernement Tsipras davantage de légitimité. Ils se sont prononcés pour des réformes plus sociales, pour la restructuration de la dette de leur pays. Dette qui au passage (310 milliards d’euros) est due aux politiques des gouvernements précédents. Cette dette a profité essentiellement aux banques allemandes, françaises et italiennes.
A propos de la restructuration de la dette, il est bon de rappeler à la Merkel deux choses : l’Allemagne a vu sa dette effacée, avec la bénédiction des Usa, en 1953, pour permettre sa reconstruction. L’Allemagne doit 163 milliards d’euros à la Grèce, au titre des destructions subies par le pays pendant l’occupation nazie. Pourquoi ce qui était valable pour l’Allemagne à une certaine époque ne le serait pas aujourd’hui pour les Hellènes ?
Le résultat du référendum dépasse les frontières du pays. Il ouvre des perspectives nouvelles pour l’ensemble des pays européens, en particulier ceux du sud. La démonstration est faite qu’il est possible de tenir tête aux Goliath de la finance, y compris en France. La nécessité d’une politique anti austérité va s’affirmer encore plus nettement. Les Grecs nous ont lancé un prodigieux message. Il nous appartient à tous les niveaux, y compris régional et local de relever le défi, par la création d’une nouvelle coalition sociale et politique, sur la base d’une politique alternative inédite, tournant le dos aux pratiques actuelles, inféodées aux marchés financiers.
Pour le peuple grec une première étape a été franchie. Il lui reste à tenir bon et ferme dans sa lutte contre l’austérité et les puissances d’argent. La partie de bras de fer continue. Elle va aller en s’amplifiant. En face, on ne lui fera pas de cadeau.
Nous sommes tous des Grecs !
Solidarité à ce peuple courageux.
Maria Maddalena Lanteri