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Gauche alternative en Corse

On a déjà donné. Basta

Benoît Hamon ou l’illusion d’un vrai changement ? 

Benoît Hamon a reçu, dimanche 5 février 2017, l’investiture de la Belle alliance, après avoir remporté la primaire du Parti socialiste, déjouant tous les pronostics. Manuel Valls, l’homme au coup de menton ou à l’ambition démesurée, a été « dégagé ». Il pourra ainsi méditer sur la notion d’humilité. On peut se féliciter de l’élection de Benoît Hamon, comme cela de prime abord. Mais il convient de regarder de plus près l’événement et d’éplucher avec soin ses déclarations. Le candidat du Parti socialiste a la prétention de rassembler toute la gauche autour de sa personne. D’après lui, c’est le seul en position de gagner !

Donc, son investiture a eu lieu à Paris, devant 2000 personnes, nous dit-on. Il y avait là tous les caciques du parti gouvernemental. Un absent de marque : Manuel Valls. On peut le comprendre. Il y avait là ceux qui ont soutenu François Hollande dans ses oeuvres de destruction de la gauche et ceux qui, à un moment donné du quinquennat, se sont éloignés – bien timidement – en raison de certaines prises de position par le pouvoir dit socialiste.

Benoît Hamon a développé les grandes lignes de son programme. Sa proposition phare : le revenu universel qu’il n’entend pas abandonner. Notre candidat a évité de faire un vrai bilan de cinq années d’hollandisme, déclarant qu’il vaut mieux se tourner vers l’avenir ! C’est tellement plus simple. Faut-il rappeler qu'’il a siégé au gouvernement pendant plusieurs années. Il s’est simplement borner à dire que le bilan comporte des points positifs, par exemple le mariage pour tous. Elégante manière d’évacuer le problème. D’ailleurs, dans la salle on a pu constater des mines pleines de satisfaction, en particulier celle de Jean-Michel Cambadelis, premier secrétaire du Parti socialiste. En un mot, et sans être mauvaise langue, notre homme est rentré dans les rangs. En tant que bon apparatchik, il a été obligé de faire la « synthèse », notion chère à François Hollande. Mais, à nos yeux, pleine d’illusion. On ne peut pas faire du neuf avec du vieux. Peut-on croire que ces gens-là mèneront demain une vraie politique de rupture avec l’oligarchie financière ?

Dans son intervention, Benoît Hamon a raillé « ces jeunes guépards » plein d’ambition, rêvant de pouvoir et de gloire pour que « tout change, afin que rien ne change », pour reprendre la célèbre phrase du Guépard, très beau livre de Lampedusa. Il visait vraisemblablement le nouveau Tancrède ou le nouveau Rastignac, chouchou des media et du Medef. Au choix. Le candidat du Parti socialiste devrait faire attention. Une telle appréciation pourrait se retourner contre lui.

En outre, Benoît Hamon refuse de faire le ménage autour de lui. On comprend pourquoi, piégé par son propre parti et surtout par son histoire personnelle. Cela ne l’empêche pas de faire appel à une nouvelle union de la gauche, bien entendu – il vaut mieux le répéter deux fois – autour de lui ! Rebelote, on nous refait le coup. Nous prendrait-on pour des billes ? On a déjà donné.  On a la mémoire longue. Il n’est pas question, au nom du fameux « vote utile », de contribuer à redorer le blason du parti socialiste. Doit-on une fois de plus élire des gens qui une fois au pouvoir retourneront illico presto leur veste et continueront à mener senza vergogna une politique de droite.

Le seul choix possible, c’est Jean-Luc Mélenchon et le programme l’Avenir en commun de la France insoumise. Il faudra compter sur nos seules forces, face à l'adversité tous azimuts. Il nous appartient d’intensifier notre campagne d’explication auprès des électeurs de gauche et d’ailleurs déçus par Hollande et ses équipes, et des millions d’électeurs qui se sont réfugiés dans l’abstention et ceux tentés par les sirènes du Front national. C'est possible. Il n'y a pas d'autre alternative pour un vrai changement.

Maria Maddalena Lanteri

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