Après les « pigeons », voilà les dirigeants de 98 grandes entreprises françaises qui montent au créneau et lancent un pressent appel au président de la république. Cet appel a été publié, dimanche 28 octobre, dans les colonnes du journal Jdd. Il suggère la signature d’un pacte de relance et de l’emploi. On aurait pu croire naïvement que ces patrons nous proposent des idées originales, en raison de la gravité de la situation. A la lecture de l’appel, on est obligés de reconnaître qu’en guise d’originalité, nos patrons nous ressortent de vieilles recettes maintes fois entendues et même appliquées. Pour ces grands dirigeants, il faut abaisser « le coût du travail d’au moins 30 milliards d’euros sur deux ans, en réduisant les cotisations sociales qui pèsent sur les salaires moyens (2 fois le Smic et plus) ». Comment financer ces exonérations ? En augmentant la Tva qui passerait de 19,6 à 21% pour moitié, et pour l’autre moitié, par une baisse des dépenses publiques de 60 milliards d’euros sur 5 ans. Il fallait y penser. En outre, pour faire bonne mesure, nos patrons préconisent une réduction significative de l’impôt sur les sociétés. Ces gens-là nous prennent pour des gogos. Il est parfois nécessaire de leur rappeler que le pouvoir précédent leur a octroyé pas mal de largesses, comme par exemple l’exonération de cotisations patronales pour les entreprises employant des salariés payés jusqu’à 1,6 fois le Smic. Ou encore en multipliant les niches fiscales et en réduisant substantiellement l’impôt sur les sociétés des grandes entreprises, en particulier celles du CAC 40. A-t-on assisté, pour autant, à une reprise de l’économie ? Toutes ces largesses, qui ont coûté très chers aux salariés et aux contribuables, se sont surtout évanouies sur les marchés financiers ou dans quelques paradis fiscaux. Alors, disons-le, ça suffit les plaintes et les mascarades. Il est grand temps que François Hollande et son gouvernement ouvrent enfin les yeux et travaillent dans l’intérêt de ceux qui les ont portés au pouvoir. Céder aux jérémiades et aux pressions du patronat, c’est exposer le pays à une aggravation de la crise qui nous conduirait tout droit à la récession et au désastre économique et social. Que les expériences malheureuses de Zapatero et de Papandreou leur servent de leçon.
Angelo Leonetti