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Gauche alternative en Corse

Les barbichettes du professionnalisme politique

Les barbichettes du professionnalisme politiqueLe Point rapporte cette semaine que Laurent Wauquiez, le président LR de la Région Auvergne Rhône-Alpes, a eu un échange assez grossier avec son journaliste à l'occasion d'un déjeuner. Ce dernier l'interrogeait sur le non-cumul des mandats - il est aussi député de Haute-Loire, conseiller municipal du Puy-en-Velay et numéro 2 des Républicains - et la réponse de l'intéressé est assez claire : "Un, j'en ai parlé avant la campagne. Deux, Xavier Bertrand, qui fait des grandes déclarations sur le non-cumul mais qui reste président de la communauté d'agglomération de Saint-Quentin, ça me fait marrer. Trois, ma ligne est très liée au mandat local. Donc je vous dis fuck (merde ou plutôt putain en anglais ndlr)". Laurent Wauquiez a toujours été proche de Nicolas Sarkozy. A tel point qu'il reproduisait ses idées et ses discours, sans oublier des éléments de langage.

Alors que Laurent Wauquiez dit « fuck » au non-cumul des mandats Xavier Bertrand a trouvé une nouvelle formule pour assumer sa prise de position contre le cumul des mandats : il est contre le cumul des fonctions électives mais pour garder le niveau de rémunérations qui était le sien. Le nouveau président de la région Hauts-de-France, élu en décembre, a démissionné dans la foulée de ses postes de député (2e circonscription de l’Aisne) et de maire de la ville de Saint-Quentin, tout en y gardant un poste de conseiller municipal, qu'il cumule (nécessairement) avec la présidence de l’agglomération de Saint-Quentin. Une façon pour lui de se consacrer davantage à sa belle région et, surtout, de respecter ses promesses de campagne.  Toutefois, il a perdu de l’argent : 8 300 euros brut par mois, plus l’indemnité représentative des frais de mandat, la fameuse IRFM (5 770 euros brut mensuels), sans oublier la gratuité de ses déplacements en train sur le réseau SNCF, douze vols en France par an, entre autre choses. Ses rémunérations de président de région lui sont apparues comme un petit pécule  (à peine 5 236 euros).  « Si j’étais resté député, ma situation aurait été plus confortable car je percevrais les mêmes indemnités, mais l’IRFM en plus», s’est plaint Xavier Bertrand à La Voix du Nord.

Comment  «s’habiller» ou «payer les repas, une tournée sur une foire, envoyer un bouquet pour un mariage, payer les gerbes pour les commémorations» ? Il s’est interrogé et a trouvé la solution en augmentant ses indemnités mensuelles de 4 000 euros brut, soit 3 600 euros net (un peu moins de 2 400 après prélèvement à la source, selon Le Lab) à l'agglomération. En contrepartie les vice-présidents de la communauté d’agglomération de Saint-Quentin, ont vu leur indemnité respective baisser d'un peu moins de 200 euros. Notons que les vice-présidents étaient consentants, puisque ce sont eux-mêmes qui ont voté le texte, officialisant cette situation, le 26 janvier dernier - soit environ 10 jours après les démissions claironnées par Xavier Bertrand, selon La Voix du Nord.

Rien d’illégal ! C'est pour les autres qu'il augmente ses rémunérations. C'est une augmentation altruiste! Toutefois, on comprend que partisans et adversaires du cumul des mandats sont surtout attachés aux revenus que leur procure le cumul. Le non-cumul des mandats ne doit donc pas correspondre à une baisse des indemnités, synonyme de pertes de revenus. Si l’on met fin au cumul des mandats, voilà une pratique qui va s’étendre, n’en doutons pas !

Ce sont les misères du professionnalisme de la vie politique. Une droite élue avec des voix antifascistes de la gauche, parce qu'elle n'avait pas la légitimité nécessaire pour arriver seule au pouvoir, ne tire aucune conséquence, aucune leçon de ses échecs. Xavier Bertrand a été élu grâce au parti socialiste, ne l’oublions pas. Ce politicien a fait carrière. Il a passé son temps à la recherche de mandats politiques comme tous ses collègues. Il faut commencer jeune et, si possible dès la sortie de l’ENA ou d’une autre grande école. Il faut courtiser les politiciens en place, se montrer flexible, les servir et demander un juste retour d’ascenseur politique. D’un mandat municipal, on passe à celui de conseiller territorial. On décroche une place de premier magistrat d’une grande ville qui est le tremplin pour l’assemblée nationale et le sénat. Une fois arrivé dans la cour des grands, toutes les opportunités se présentent : président de région, poste ministériel, député européen et divers postes tout aussi lucratifs mais moins exposés. Il existe maintenant un tremplin politique présidentiel : les primaires. Les candidats se bousculent, non pas tous pour être président de la république immédiatement mais pour devenir ministrables. Tous les espoirs sont permis et même celui d’être premier ministre en se classant bon dernier aux résultats comme l’illustre Manuel Valls avec ses 5% aux primaires socialistes en 2012.

On comprend que l’intérêt privé prend vite le pas sur l’intérêt général. Entre politiciens et grands patrons, c’est la course aux postes et aux rémunérations. Ils finissent par tous se tenir par la barbichette.

Ce sont ces mêmes ambitieux (dans le mauvais sens du terme) qui votent des lois contre les salariés, qui veulent les faire travailler plus et plus longtemps en bloquant les salaires. Ce sont les mêmes qui veulent détricoter tous les acquis sociaux.

Nous avons cité deux élus de droite, mais vous pouvez trouver des cumulards de la même espèce au parti socialiste. Ce sont ces mêmes élus qui perçoivent des indemnités sans aucun contrôle et ne cessent d’augmenter leurs privilèges. Je te tiens, tu me tiens par la barbichette, le premier qui crache dans la soupe aura une claquette ! L’austérité, c’est pour la populace !

La déliquescence des mœurs politiques et la décrépitude de notre démocratie sont favorisées par la constitution de la 5ème république qui a organisé une France conservatrice et réactionnaire. Cette monarchie républicaine nous a menés à une dictature de l’argent avant de nous jeter dans la nasse de l’extrême-droite.

Il est temps de procéder à une révolution citoyenne et de sortir du marasme politique. Il est temps de passer à une 6ème république pour sortir du marasme sociale et économique. La loi dite El Khomri est l’occasion de dire « Basta cusi ! ». Si elle est une chance, c’est celle d’affirmer une volonté de changer les règles constitutionnelles pour rééquilibrer les rapports de force entre le peuple et les élus. C’est bien de rapports de force dont il s’agit et chacun peut mesurer la fracture engendrée par le déséquilibre actuel. Nos élus ne nous représentent plus mais veulent nous soumettre à l’ordre libéral lorsqu’ils accèdent au pouvoir. Hollande illustre cette soumission en ayant trahi ses discours de campagne électorale de 2012 et méprisé une grande partie de son électorat.

 

Fucone

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