Gauche alternative en Corse
... et socialise les pertes!
Les 100 plus grosses fortunes de France ont accumulé une fortune de 257 milliards d'euros en 2014 ! En pleine crise économique, cette somme est en progression de 10% par rapport à 2013. Pour illustrer ces inégalités croissantes qui traversent la société et pour leur donner une dimension spatiale, voici donc la carte des départements moins riches que nos riches. Pour cela, j'ai comparé le PIB départemental (richesse produite sur une année) et la richesse accumulé par les 4 plus grandes fortunes de France. Si cette carte est discutable sur le plan méthodologique, puisqu'elle met en relation un flux (la production de richesse par les départements au cours d'une année) et un stock (le patrimoine des 4 plus grandes fortunes françaises), elle illustre néanmoins efficacement la captation de richesses démesurée par quelques uns au détriment du plus grand nombre. Ceci confirme la prémonition piquante du milliardaire Warren Buffet qui, interviewé en 2005 sur CNN, déclarait : «Il y a une lutte des classes, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène cette lutte, et nous sommes en train de la gagner». A méditer...
Ce constat est fait par Nicolas Lambert, chercheur, ingénieur au CNRS, sur son blog de « Serial mapper » qui propose sa cartographie radicale, en créant « des cartes obus » pour « susciter du débat et de la confrontation, impliquer le citoyen par des processus participatifs et déclencher des actions politiques concrètes ». Et il ajoute : « C'est une cartographie engagée et militante, un outil de contestation et de reconquête d'un pouvoir confisqué ».
Que nous apprennent ses cartes sur les quatre plus grosses fortunes de France sur les 100 dont le patrimoine s’est accru de 10% en 2014 ?
La famille Mulliez (Auchan, 37,88 milliards d’euros) est plus riche que 83 départements français, Liliane Bettencourt (L’Oréal, 23,03 milliards) que 73, Bernard Arnault ( Vuitton et Moët Hennessy, 19, 69 milliards) que 71 et Alex Dumas (Hermès, 18, 59 milliards) que 65.
La bande des quatre cumule donc 99, 19 milliards d’euros, lorsque l’Etat prévoit un plan d’austérité de 50 milliards d’euros, en sachant que leurs entreprises ont bénéficié du CICE et vont bénéficier du pacte de responsabilité. Non seulement la crise profite aux grandes fortunes mais on la fait payer au peuple. Nous sommes dans un système qui socialise les pertes et privatise les profits. On l’a vu avec la recapitalisation des banques pour régler la crise financière et la généralisation de l’austérité à tous les peuples européens pour sortir de la crise économique.
99.190.000.000 euros ! Cela représente environ 68.512.000 SMIC mensuels bruts et 5.710.000 années de SMIC mensuels bruts. De quoi verser un SMIC mensuel brut pendant 40 ans à 142.734 personnes. L'an prochain, le service de la dette, c'est-à-dire le paiement par la France des intérêts à ses créanciers, atteindra 44,34 milliards d'euros, contre 46,65 milliards cette année. Les quatre plus grandes fortunes sont égales au montant total des intérêts de la dette de la France pour 2014 et 2015. Si on prend en compte les 100 plus grosses fortunes et leur 257 milliards, ils correspondant au 1/8ème du PIB de la France de 2 114 milliards d’euros en 2013. On pourrait pousser plus loin les comparaisons mais finalement les chiffres se suffisent à eux-mêmes.
François Hollande n’a pas lancé une grande réforme fiscale et son projet de taxation à 75% des hauts revenus s’est traduit par une loi qui ne les atteint pas. Le Medef réclame la suppression de l’ISF que Nicolas Sarkozy a déjà promise en attendant que Manuel Valls le propose un jour ou l’autre. Certes les petits revenus seront exonérés en 2015 d’une fiscalisation qu’il n’aurait pas dû subir mais les retraités voient leur CSG augmenter notablement et divers tarifs subissent des hausses régulièrement. On donne d’une main ce que l’on retire de l’autre et on retire toujours davantage que l’on donne aux petits revenus et aux classes moyennes, pour préserver les privilèges des plus riches. Manuel Valls a promis plusieurs années de sacrifices. De combien les grosses fortunes vont encore augmenter leurs patrimoines en 2015 et 2016? Il sera intéressant de le savoir pour 2017.
A force de dire le SMIC en utilisant simplement l’acronyme, on en oublie la signification « Salaire minimum interprofessionnel de croissance ». On ne retient que « salaire minimum » le plus souvent et on oublie le mot-clé « croissance ». C’est la croissance économique qui régit tout et, sans croissance, tous les revenus stagnent ou baissent sauf les gros revenus. Pour que le SMIC augmente, il faut que les gros revenus augmentent. À la différence du SMIG basé sur l'inflation, le SMIC est revalorisé au minimum à hauteur de la moitié de l’augmentation du pouvoir d’achat du salaire horaire de base ouvrier (SHBO). Il peut bénéficier de hausses supplémentaires de la part du gouvernement. Pour janvier 2015, le gouvernement a appliqué une hausse de 0 ,8% alors que les grandes fortunes ont progressé de 10%. Si l’on prend seulement l’indice de référence des loyers, il est monté de 0,69 % en 2013. Les prix de la consommation ont augmenté de 0,3%. Ainsi, depuis 2011, pendant que les riches se sont un peu plus enrichis, le smic horaire est passé de 9€ à 9,53 €, soit en trois ans 53 centimes de plus. Il passe à 9,61 euros en 2015, soit 8 centimes de plus. Le SMIC mensuel brut vient de passer de 1445 à 1457 euros, soit 12 euros de plus auxquels il faut déduire la part de charges salariales. En 2014 le SMIC net pour 35 heures par mois était de 1128,70 euros. Si on prend l’évolution du Smic annuel (2013, 17 162 euros ; 2014 : 17 345 euros ; 2015 : 17 490 euros), il aura évolué en trois ans de 328 € en 3 ans, mais nous ne savons pas ce que réserve l’année 2015 en matière de hausses des prix.
Ce que l’on donne à Jean, on le prend à Paul. L’aumône donnée aux smicards est à rapprocher du sacrifice demandé aux retraités dont le taux de CSG passe de 3,8% à 6,6%. Amputant ainsi leurs revenus mensuels de 42 euros pour un retraité gagnant 1 500 euros, de 56 euros pour une retraite de 2 000 euros et de 84 euros pour une retraite de 3 000 euros. Une mesure qui s’ajoute à celle mise en place au 1er avril 2013 : 56% des retraités qui acquittent une CSG à taux plein (6,6 %) sont redevables d’une nouvelle taxe (de 0,3 %), appelée Casa (contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie). D’autres mesures fiscales visent des catégories de retraités et sont annoncées dans un article du Journal « L’Humanité ».
Et puis va venir s’ajouter le pacte de responsabilité et la loi Macron avec le travail le dimanche qui permettra d’augmenter le chiffre d’affaires de Auchan, de L’Oréal, de Hermes, de Vuitton… et bien d’autres mesures antisociales présentées comme nécessaire à la compétitivité des entreprises française et à la croissance économique.
U barbutu