Gauche alternative en Corse
Sarkozy, Président des Républicains !
L’UMP s’américanise en devenant « Les Républicains ». Sur Europe 1, l’humoriste Canteloup n’a pas manqué l’occasion d’ironiser en proposant au Parti socialiste de devenir « Les Démocrates » et à Hollande de prendre le nom d’Obama.
Un avocat a publié une plainte contre le hold-up sémantique que représente le dépôt de la marque « Les Républicains » à l’INPI. Vous pouvez consulter le texte en cliquant ICI. Nous ne connaissons pas les motivations de cet avocat toulousain, habitué des gros dossiers (comme l’affaire AZF) mais son argumentation mérite d’être lue.
Sarkozy a donc tranché dans le vif des affaires judiciaires et veut débarrasser sa « droite » de la peau de Nessus que représente Bygmalion par un lifting de façade qui ressemble à un coup d’Etat sémantique sur la République. Sarkozy est le Président des Républicains, en attendant d’être à nouveau Président de la République. Cela frôle l’usurpation de titre et de fonction, lorsqu’il se déplace en France pour sa promotion et à l’étranger pour ses conférences rémunérées. Hollande est encore le Président de la République mais pas des Républicains.
Le mot « Républicains » est devenu une marque politique déposée par le clan Sarkozy. Ce dernier fait main basse sur la république et dénie le républicanisme à ses adversaires. Ce déni de républicanisme chez lui n'est d'ailleurs pas nouveau. Au cours de sa première campagne présidentielle en 2007, il avait choisi de s'attaquer aux socialistes dans ces termes : "Qu'ont fait les socialistes pour la République? Rien ! Qu'ont-ils l'intention de faire? Pas davantage. Les socialistes de jadis étaient d'abord des républicains. Les socialistes d'aujourd'hui sont d'abord des socialistes. Ils ne sont pas préoccupés par l'avenir de la République. Ils sont préoccupés par l'avenir du socialisme.
Il aurait été plus transparent que l’UMP devienne « Les Sarkozystes ». Au moins cela aurait eu le mérite de la clarté puisque tout le monde sait qu’il s’agit, pour Sarko, de mettre en place une formation dont l’unique objectif est sa prochaine candidature en 2017.
Il faut savoir tout de même que ce changement de nom va coûter cher à un parti qui a connu de graves difficultés financières à cause justement de la dernière campagne électorale perdante de Sarkozy. On se demande comment « Les Républicains » vont payer ce lifting politique et comment ils vont financer la campagne présidentielle. Le vote aux primaires ex-UMP est payant : deux euros. Cela suffira-t-il ? Quel nouveau pygmalion vont-ils trouver ?
Le monarque républicain rêve de retrouver son trône élyséen pour régler ses comptes avec ses adversaires politiques, médiatiques et judiciaires. Les politiques, il en a beaucoup. Les judiciaires sont ceux qui ont en charge les dossiers dans lesquels il est cité et ses amis politiques mis en examen. Les adversaires médiatiques, ils sont de gauche mais beaucoup moins nombreux que ceux de droite et à sa botte sur différentes chaînes de télévision.
Malgré tout, nous espérons que u spaccamonti, capizzuli di fulminanti ùn ni maghjarà micca[1].
Si Sarkozy n’arrive pas à ses fins pour des raisons politiques ou judiciaires, il aura encore été, un temps, Président des Républicains. Il serait peut-être justement temps de changer cette Cinquième République dont la Droite se croit dépositaire parce que la constitution de 1958 serait leur héritage gaulliste. L'historien Jean-Noël Jeanneney, habituellement modéré, s’est offusqué. La récente décision de Nicolas Sarkozy - rebaptiser l'UMP "Les Républicains" - lui apparaît comme "une indigne captation d'héritage". La République est l’héritage de tous les républicains de toutes les tendances politiques et la constitution appartient au peuple français, non à un parti politique.
On a eu droit au rassemblement pour la république de Chirac. Aujourd’hui, un Sarkozy, sans la moindre pudeur, passe à « Les Républicains ». Demain, Marine Le Pen qui cherche aussi un nouveau nom pour le Front national pourrait choisir « Les Français ». Basta !
Battone
[1] Le tranche-montagne, il ne mangera pas des amorces d’allumettes. Cette expression corse signifie que ce fanfaron n’ira pas aussi loin qu’il le proclame.