Deux ans se sont écoulés depuis l’inter- vention française pour aider les rebelles libyens à mettre fin au régime de Mouammar Kadhafi. Hier, Sarkozy était de retour à Tripoli en compagnie d’Alain Juppé et de Dominique Perben. Bernard-Henri Lévy aurait bien aimé être de la partie mais sa présence n’a pas été souhaitée par les autorités municipales de Tripoli. Il avait milité pour une intervention française en Lybie et s’était présenté comme le grand défenseur de la cause des rebelles libyens auprès de Sarkozy. Le philosophe aurait fortement insisté pour être du voyage, car Ali Zeidan l’avait invité lors de sa venue à Paris en janvier dernier. C’est le maire de Tripoli qui a fait les invitations et non pas le nouveau gouvernement libyen. La Mairie de Tripoli redoutait un incident. La raison du rejet de Bernard-Henri Lévy est qu’il est juif, et cela pouvait servir de prétexte aux milices islamistes pour attaquer la mairie. Une église copte a été brûlée la semaine dernière à Benghazi et un prêtre a été attaqué à Tripoli. L’après Kadhafi tourne à la guerre de religion.
Sadat al-Badri (maire non élu) n’entretiendrait pas de bonnes relations avec Ali Zeidan qui souhaiterait remplacer les maires par des préfets qu’il nommerait lui-même. Nicolas Sarkozy a déjeuné avec Ali Zeidan après avoir rencontré le maire de Tripoli. Dans l’après-midi, il rencontrait les députés libyens. Il n'a voulu vexer personne sauf Hollande qui lui a volé le Mali et veut le faire oublier avec la Syrie.
L’ancien président de la république est allé se faire congratuler et son voyage sert à redorer l’image de la Lybie dans les médias au moment ou un mufti libyen a lancé une fatwa contre une déclaration de l’ONU sur les droits des femmes. Pas sûr que cela redore l’image de Sarkozy ! En outre, on n’oublie pas que des armes livrées aux rebelles serviraient aujourd’hui contre l’armée française au Mali.
Décidément, Nicolas Sarkozy aime bien le Maroc, le Qatar et la Libye, des pays où il doit se sentir encore Président de la république. Il faut qu’il réalise qu’il a perdu les élections et qu’il se contente de faire du fric sans mêler la France à ses amitiés internationales. On peut s’interroger sur les liens qu’ils gardent avec les autorités libyennes alors que des soupçons ont été portés sur le financement de sa campagne électorale par Kadhafi. Certains de ses accusateurs et témoins éventuels, comme le fils Kadhafi, sont incarcérés dans ce pays qui est passé d’une dictature familiale à l’intégrisme religieux. L’accueil reçu par Sarkozy ne laisse planer aucun doute sur la bienveillance qui lui est accordée. Il a trouvé la Libye idéale dans l'affaire Kadhafi.
Battone