Gauche alternative en Corse
La tentation de l'abstention politique est forte
Le départ d’un élu de la France Insoumise, militant depuis longtemps au PG, vers le FN/RN a fait couler beaucoup d’encre et de voix dans les média, le Monde en particulier. Beaucoup de réactions et de commentaires aussi sur les réseaux sociaux. En effet l’information va très vite….. Voici mon commentaire : ce ralliement démontre, le danger d’un mouvement populiste et gazeux. Bien sûr ce n’est pas le ralliement de Kotarac, d’un individu, qui remet en cause toute la FI, mais après toutes les démissions, les mises à l’écart, les questions démocratiques, les adaptations du programme de L’Avenir en Commun, cela devrait nous interpeller sur la réalité de ce mouvement, soit disant anti libéral / anticapitaliste, soit disant seul capable de dépasser les 10% ? L’objectif est-il seulement de dépasser les 10 % ? Objectif seulement électoral ? Nous sommes encore dans la situation politique qui a conduit à l’échec du Front de gauche, avec la rivalité PG/ PCF et aggravée aujourd’hui par la volonté hégémonique, le désir de pouvoir, de Jean-Luc Mélenchon et consorts. Tout cela est bien loin de la construction de la force de transformation sociale, écologique , démocratique, qui me semble-t-il, fait partie de nos fondamentaux. Nous, militants d’ENSEMBLE, ne l’oublions pas. Le vote ne peut pas reposer sur le fait de dépasser les 10% ! La vraie question, c’est le manque de perspectives crédibles pour une véritable alternative à gauche, si nous pouvons encore employer ce mot, et pour le moment la France insoumise ne représente pas ce projet et son orientation populiste ne lui permet pas de construire cette force. Pour autant ce n'est pas ma critique de l'orientation populiste de la FI qui impliquerait un vote Parti communiste. Ce dernier porte aussi une part de responsabilité dans la situation, mais ce n’est pas lui qui tout seul serait en mesure de porter une alternative crédible à la hauteur des enjeux. Nous avons besoin, pour construire la gauche de demain, de rassembler tous les militants de la gauche critique en respectant sa diversité. Ce rassemblement Jean-Luc Mélenchon n'en a pas voulu et n’en veut toujours pas : "les miettes de la gauche....", il porte la responsabilité de ces divisions, de cette déliquescence. Il a cassé un espoir. Pour lui, le clivage droite /gauche est fini. C’est le populisme sauf qu’il oublie que là c’est toujours la droite qui gagne. Comment se fait il que malgré une politique de régression sociale, autoritaire, inégalitaire, la gauche n’a jamais été aussi faible, incapable de propositions crédibles, incapable aussi de prendre en compte la colère populaire exprimée par les gilets jaunes ? Quand on est en position de force, comme après les présidentielles, avec plus de 19% on se devait de tendre la main au lieu d'essayer d'écraser les différentes sensibilités de gauche. Je ne reviens pas sur ce qui s’est passé en Corse en 2017, (les prémices de ce qui se passe aujourd’hui au niveau national), je rappelle simplement qu’au nom du populisme les dirigeants de la FI , et en particulier Jean-Luc Mélenchon, ont préféré soutenir des nationalistes libéraux contre la seule liste de la Gauche anti libérale ! L’empêchant ainsi d’avoir des élus qui manquent pour soutenir les revendications sociales. Le plus grave c’est qu’au niveau européen la division guette le peu qui reste des gauches alternatives. La tentation (et elle se comprend) d’une abstention politique est forte, c’est un danger que porte un contexte sans perspectives crédibles. Chacun d’entre nous doit se positionner et voter le cas échéant selon ses convictions pour une des listes de rupture à gauche. Les élections européennes ne seront pas bonnes pour notre courant de pensée ! Le bilan et une autocritique sans complaisance devront se faire.
Francis Peretti,
Ajaccio le 19 mai 2019