Gauche alternative en Corse
Ils ont l’air malin maintenant, les avocats qui ont signé une pétition contre la mise sur écoute de Maître Herzog et son client Sarkozy, puisque Maître Herzog n’a jamais été mis sur écoute. Seul son client l’était. Pire, l’avocat aurait ouvert une ligne de téléphone utilisée par Nicolas Sarkozy en usurpant l’identité d’un ami, Paul Bismuth qui existe bel et bien. Il s'agit d'une connaissance de Thierry Herzog, rencontrée sur les bancs du lycée Jacques-Decour, dans le IXème arrondissement de Paris, au début des années soixante-dix. Bien que la victime ait annoncé son intention de déposer plainte, nous ne nous faisons aucune illusion car, entre amis, on arrive toujours à s’arranger et l’usurpation d’identité sera finalement considérée comme un péché véniel. Bien sûr, les avocats vont transformer leur soutien à Sarkozy et Maître Herzog par un débat sur leur secret professionnel qui doit, selon eux, être davantage protégé. Il l’est pourtant déjà et, jusqu’à cette affaire Sarkozy, ils se satisfaisaient de l’encadrement prévu par la loi. Certains rêvent peut-être de plaider en ces termes : « mon client ayant voté pour Sarkozy, il a la légitimité suprême et il vous ordonne de le relaxer ».
Ils ont l’air malin les Copé et consorts de l’UMP mais aussi tous ces journalistes (en particulier du Figaro) qui ont crié au scandale et demandé la démission de la Ministre de la Justice Christiane Taubira accusée d’avoir menti en disant qu’elle n’était pas informée de la mise sur écoute de Nicolas Sarkozy depuis un an. En premier lieu, l’écoute remonte à septembre 2013 et cela ne fait que sept mois et non pas un an. En second lieu, tous ces gens qui défendent la présomption d’innocence de Nicolas Sarkozy, condamnent sans information et sans procès la Garde des sceaux. S’il s’agit de préserver l’indépendance de la justice, ils ne sont pas les mieux placés avec Sarkozy qui voulait museler les seuls juges indépendants, les juges d’Instructions et entretenait des relations des plus amicales avec des juges du Parquet. Que veulent-ils ? Créer un contre-feu pour faire oublier le fond des affaires dans lesquelles Nicolas Sarkosy et ses affiliés sont mis en cause. Il faut croire que le danger est grand si on le met en rapport avec l’artillerie qui a été sortie contre Christiane Taubira pour atteindre Hollande. On a assisté à ce dont sont capables les amis politiques et médiatiques de Sarkozy pour déstabiliser les juges d’instructions en charge des dossiers dans lesquels il apparaît. Malgré les dernières révélations sur la réalité du dossier Sarkozy/Herzog/Azibert, l’intox médiatique continue sur des chaînes télévisées. Lorsque la presse est malade, lorsque la justice est malade, c’est la démocratie qui est en danger et ce sont les politiciens qui en sont responsables.
Les lieutenants de Sarkosy seraient-ils en train de perdre les pédales ? Je ne parlerai pas d’Henri Guaino qui, à chacune de ses interventions, est lamentable. Jean-François Copé essaie de faire oublier ses propres ennuis et ne sait que faire fonctionner sa fabrique de brouillard. Lorsqu’il ouvrira enfin ses fenêtres sur la réalité, il risque de trouver le beau temps judiciaire car le brouillard est toujours éphémère et, un jour ou l’autre, la vérité apparaît en plein soleil. Brice Hortefeux a refusé de rencontrer sur un plateau télévisé Edwy Plenel, le rédacteur en chef de Médiapart qui a révélé le contenu des écoutes le concernant. L’ami et ex-ministre de l’Intérieur de Sarkozy se serait fait expliquer comment il devrait répondre à un enquêteur dans l'affaire Kadhafi pour bien s’en sortir, en connaissant même les questions qui lui seraient posées. A l'époque le patron complaisant de la PJ était celui nommé par Sarkozy au début de son quinquennat. Pour un ministre de l’Intérieur qui demandait des résultats à la police, ça fait désordre. On peut mettre en parallèle ce comportement avec celui de son successeur Claude Guéant qui, selon Patrick Buisson, savait « un peu se mouiller avec le Parquet ». Cela ne rend-il pas plausible l’affaire Azibert, avec un précédent en la personne du juge Courroye ?
Tous ces gens-là parlent d’acharnement des juges et de complot politique. Ils font comme si tous les dossiers judiciaires qui rattrapent Sarkozy, après cinq années d’immunité présidentielle, étaient des affaires montées par ses adversaires politiques. Ils foulent au pied l’indépendance et le travail des juges d’instruction. Nous, ce que nous voulons savoir c’est la vérité sur toutes ses affaires et, pour cela, il faut laisser les juges faire leur travail sereinement. Dans un Etat de droit, ce ne sont ni les politiciens, ni les avocats, ni les journalistes qui instruisent les dossiers judiciaires. Fort heureusement ! Les politiciens proposent et votent des lois. Les avocats défendent leurs clients et ne devraient pas dénigrer les institutions judiciaires. Les journalistes devraient informer sur des faits vérifiés, en toute indépendance et en toute objectivité. Malheureusement certains ne font que servir des politiciens en désinformant ceux qui les écoutent. Lorsqu’un politicien qui n’a plus d’immunité commet des délits, lorsqu’un avocat viole le droit, lorsqu’un journaliste diffame… Ce sont les juges d’instructions qui instruisent les dossiers judiciaires avec tous les moyens que leur donne la loi. Ils le font selon le principe de l’égalité de traitements de tous les justiciables. C’est simple. C’est clair. C’est démocratique. Tout le reste n’est que divagations et manigances !
Dans l’actualité, il y a un couple sarkoziste dont on ne parlait plus : les Balkany. Ils sont suspectés de fraude fiscale et de blanchiment d’argent. Eux aussi parlent d’acharnement. Alors ils organisent leur propre soutien. Leurs fans ont même réalisé un clip… avec l’adaptation d’une chanson de Goldman. Ils n’ont demandé aucune autorisation et le chanteur-compositeur n’a pas apprécié l’usage d’une chanson qu’il avait offert aux restaurants du cœur. Pire ! Ces fans se seraient aussi inspirés du logo des restaurants du Cœur à la gloire d’un politicard qui avait déclaré à un journaliste étranger qu’en France il n’y avait pas de misère. Et dire que ce couple était chargé un temps de l’éducation politique du fils Sarkozy. Jean Sarkozy ? Il y aurait encore tant à dire mais la presse indépendante a déjà parlé du poste raté à l’Epad et de celui octroyé d’assistant en faculté malgré des études poussives et son échec au diplôme d’avocat. Là encore, il s’agit sans doute d’acharnement contre le fils brillant d’un père prestigieux, tous deux d’une grande moralité. J’entends le mot « népotisme » qui rime avec despotisme. Jamais de la vie ! Ne faisons pas du mauvais esprit !
Nicolas Sarkozy est au-dessus de tous soupçons. Il fut un président exemplaire et efficace. Il suffit de faire la liste de toutes les casseroles qu’il traîne et le bilan de son quinquennat pour s’en convaincre. Sur le site Agoravox, certains sont revenus sur son œuvre.
Le bilan économique du quinquennat de Nicolas Sarkozy est édifiant. Selon l’Agence France Trésor, de 2007 à 2012, la dette publique de l’Etat est passée de 921 milliards d’euros à 1 386 milliards d’euros, soit une explosion de 50,4% en l’espace de cinq ans équivalent à 465 milliards. Quant à la dette globale publique de la France, c’est-à-dire la dette de l’Etat, des organismes sociaux et des collectivités territoriales, selon l’Institut national de la statistique et de l’étude économique (INSEE), elle est passée de 1 221,1 milliards d’euros à 1 818,1 milliards d’euros, soit une hausse de 48,9%, d’un montant de 597 milliards.
Pour ce qui est de la croissance économique, selon Eurostat, elle est passée de 2,3% en 2007 à 0% en 2012, plongeant la France dans la récession. Quant à la balance commerciale, toujours selon Eurostat, elle a explosé de moins 52 milliards en 2007 à moins 81,5 milliards en 2012, soit une détérioration de 56,7%, représentant la somme de 29,5 milliards d’euros.
Au niveau du chômage, selon l’INSEE, le taux est passé de 8,4% en 2007 à 10,2% en 2012, soit une augmentation de 1,8% équivalant à une perte de 436 700 emplois.
On peut reparler des cadeaux fiscaux faits aux grandes fortunes et aux grosses entreprises du CAC 40. Il a contribué ainsi à une grave diminution des recettes tributaires et à un sérieux appauvrissement de l’Etat compensé par la suppression de milliers d’emplois de fonctionnaires. Par exemple, les plus hauts revenus ont vu leur taux d’imposition passer de 49% à 41% et les sociétés de 50% à 34,6%. Ainsi, entre 2007 et 2012, les recettes fiscales ont baissé de 196 milliards d’euros. Avec une telle somme, Sarkozy aurait pu construire 2 millions de logements sociaux, ou créer 6 millions d’emplois dans la fonction publique (éducation, santé, culture, loisir) avec un salaire mensuel net de 1 500€. N’oublions pas la construction de son avion présidentiel qui a coûté 250 millions d’euros et ses augmentations de rémunération, alors que la dette se creusait.
Par ailleurs, en 2004, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Economie, a décidé de vendre 600 tonnes d’or de la Banque de France sur une période de 5 ans, pour la somme de 9 milliards d’euros. Cette opération s’est révélée catastrophique. En effet, l’once d’or était à l’époque à son cours le plus bas : 409,72 dollars. Il est passé en l’espace de 5 ans à plus de 1 384 dollars. Si Sarkozy avait vendu l’or à la fin de son mandat, la France aurait empoché plus de 18 milliards de dollars.
La présidence de Nicolas Sarkozy est le symbole de l’échec des politiques néolibérales qui sont politiquement dangereuses, économiquement inefficaces et socialement désastreuses. L’argent public a été dilapidé et l’Etat-providence démantelé, occasionnant une crise économique sans précédent et une grande fracture sociale, dans le seul but de protéger les intérêts des puissances d’argent.
Si on dresse son bilan judiciaire, on comprend pourquoi il voulait mettre au pas les juges d’instruction. Ces dernières années, les affaires ont succédé aux affaires (scandale Woerth-Bettencourt, affaire Karachi, affaire Takkiedine, affaire des "fadettes" des journalistes du "Monde", affaire Tapie, affaire Buisson… etc). Son gouvernement a refusé tout discours préconisant une réforme du statut du parquet lui garantissant une véritable indépendance. Le sujet en était même devenu tabou, paraît-il. Si l’on revient aux propos de Patrick Buisson sur Claude Guéant, on comprend là encore pourquoi.
Au sein de l’UMP, Jean-François Copé semble avoir renoncé à faire le bilan politique du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Il en avait parlé mais c’était à l’époque au le candidat putatif à la succession se croyait fort car il détenait les clés de son parti. Depuis lors, de l’eau est passée sous les ponts. Il n’est plus qu’un président de l’UMP contesté et suspecté d’avoir fait gagner de l’argent à des amis sur le dos des militants.
Alors arrêtez messieurs les journalistes de certaines chaînes de télévision de vous rendre complices des manigances d’une droite aux aboies ! Et puis faites votre travail avec autant d’indépendance et de sérieux que les juges d’instruction. Au lieu de vous mobiliser pour sauver le soldat Sarkozy, nous aimerions davantage vous entendre au sujet des enfants qui meurent dans des guerres auxquelles les civils paient le plus lourd tribut. Dans les conflits qui secouent le Monde, nous aimerions que vous fassiez plus objectivement votre travail au lieu de diviser de façon manichéenne les belligérants en gentils et méchants en conformité avec ce que les puissants attendent de vous. Dans nos affaires intérieures, il serait salutaire que vous ne privilégiez plus les faits divers et l’enfumage politique.
Ce qui est révoltant pour nous chez les membres du gouvernement et François Hollande, ce n’est pas que Christiane Taubira ait ou n’ait pas menti, ce n’est pas que François Hollande ait ou n’ait pas été informé de la mise sous écoute de Nicolas Sarkozy… Ce qui est révoltant, c’est que François Hollande suive la trace de son prédécesseur, symbole de l’échec des politiques néolibérales qui sont politiquement dangereuses, économiquement inefficaces et socialement désastreuses. Et de cela, aucun de ces chroniqueurs qui attendent le retour de Sarkozy, ne s’en plaignent vraiment. Contre Hollande, ils défendent Sarkozy. Contre Mélenchon, ils défendent Hollande. Pour que Sarkozy ou Hollande soit réélu, ils font monter le Front national. Ce sont les mêmes et c’est pour cela qu’ils ont pu coller leurs ventouses au sein des chaînes de télévision et de certains journaux. C’était bien Nicolas Sarkozy qui revendiquait la nomination des présidents des chaînes audio et vidéo publiques par le pouvoir ? Il l’a fait. On a envie à dire à tous ces animateurs de télé, ne vous comportez pas comme Antoine de Caunes sur Canal+ qui a chassé un vrai journaliste Edwy Plenel de son « grand journal » pour faire plaisir à un politicien, Brice Hortefeux. On voit toute l’ambiguïté d’une telle attitude qui humilie le journaliste et baisse le pantalon devant un politique. C’est symbolique de ce qu’est devenue la télévision privée mais aussi publique.
Maintenant, il va bien le mot fin à cet article un peu trop long sans doute mais il y aurait encore tant de choses à dire… Le mot fin va bien aussi à la pseudo-affaire Christiane Taubira. Le mot « commencement » devrait arriver aux ennuis judiciaires de tous ceux qui se croient au-dessus des lois.
U barbutu