Gauche alternative en Corse
Les patrons dans la rue
Les patrons ont battu le pavé de Paris, Marseille et Toulouse à l’appel de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME). Chose inédite depuis plusieurs décennies ! D’ordinaire, ils ont plutôt l’habitude de railler ou de vilipender les porteurs de pancartes. « Libérez nos entreprises ! », pouvait-on lire sur certaines banderoles. Ces nouveaux manifestants réclamaient plus de simplification administrative, moins de charges sociales, plus de flexibilité du travail, moins d’impôts et l’abrogation des 35 heures. Rien que ça. Il est bon de rappeler à ces patrons, pour la plupart de petites entreprises que la situation actuelle, caractérisée par une grave crise, est due aux politiques menées depuis plus de trente ans. François Hollande ne fait que continuer la politique suivie par Sarkozy, une politique aux ordres de la Troïka et des marchés financiers. A l’époque, on ne les a pas vus exprimer leur mécontentement avec la même vigueur. Il est bon de leur rappeler qu’ils ont déjà bénéficié d’exonérations substantielles de charges sociales sur les bas salaires. Malgré cela, on n’a pas vu d’embauches significatives dans les entreprises, mais plutôt un nivellement par le bas des salaires. Quant à la flexibilité, elle existe déjà. 80% des embauches nouvelles se font sur la base de contrats à durée déterminée. Les 35 heures ? La plupart des petites entreprises de moins de vingt salariés n’y ont pas recours. Autre sujet de mécontentement des petits patrons, le dumping social. Ils critiquent - à juste titre - l’utilisation de mains d’œuvre étrangères, en particulier d’Europe de l’Est, à des niveaux de rémunérations extrêmement bas, notamment dans les travaux publics et le bâtiment. Qui sont les donneurs d’ordre ? Pour l’essentiel, des grandes entreprises du Cac 40, sous-traitant leurs contrats. A-t-on entendu dans les manifestations une forte contestation de ces grands groupes ? Enfin, il est bon de rappeler encore que tous les petits patrons ne sont pas tous d’une parfaite innocence, surtout ceux qui ont recours allègrement au travail au noir.
Cela étant dit, la majorité de ces patrons devraient se démarquer du Medef et des multinationales premiers responsables de leurs difficultés et souvent de leur agonie. En ont-ils conscience? En ont-ils la volonté ? Ca c’est une autre histoire.
Jean-Antoine Mariani