Gauche alternative en Corse
L’affaire Bygmalion est entrée dans sa phase d’embrouillamini où Jérôme Lavrilleux (un proche de Copé fraîchement élu député européen) vient jouer le lampiste avec une larme à l’œil. L’avocat de Bygmalion raconte la version de son client qui ne veut pas être le bouc émissaire. Ce défenseur met en avant que Bygmalion assume sa responsabilité pénale mais l’on peut penser que la direction de Bygmalion réagit car elle a été lâchée à l’annonce d’un dépôt de plainte imminent de Jean-François Copé. Maître Patrick Maisonneuve explique qu’il n’y a pas eu « surfacturation » mais « fausses factures » pour que des prestations soient réglées par l’UMP pour ne pas les imputer au compte de campagne de Sarkozy. Cet avocat a déjà plaidé dans une vieille affaire politico-financière dite « Urba » et ne doutons pas de ses compétences en matière de délinquance en col blanc. C’est aussi pour cela que nous restons dubitatifs devant des aveux pseudo-spontanés.
Il y en a pour des millions d’euros dont le contrôle aurait échappé au président de l’UMP Jean-François Copé et au candidat Nicolas Sarkozy. Même Dominique Dord, ancien trésorier de l'UMP, s'est dit "réservé" sur les affirmations de Jérôme Lavrilleux :"J'ai quelques raisons d'être réservé par rapport à ce que peut dire Jérôme Lavrilleux compte tenu des aveux qu'il vient de faire. A partir du moment où on peut avoir monté une affaire comme ça, on peut penser qu'il y a d'autres choses qui ne sont pas forcément si limpides que ça dans ses aveux. Je rappelle que le clan Sarkozy, Philippe Briand notamment, dit que non, que ça n'a pas servi à financer la campagne", a déclaré le député de Savoie mercredi sur Europe 1, en ajoutant : « J'ai ma conviction, mais je n'ai pas à la dire », a également déclaré le maire d'Aix-les-Bains, entendu pendant plusieurs heures comme témoin lundi à l'Office anticorruption de la police judiciaire à Nanterre (Hauts-de-Seine).
Jean-François Copé, démissionné de la présidence de l'UMP, dit qu'il n'est pas au courant et affirme son honnêteté « les yeux dans les yeux »… Une formule qui nous rappelle Jérôme Cahuzac. Pourtant, c’est Dominique Dord qui l’affirme : « selon des procédures rigoureuses, par ailleurs contrôlées derrière par deux commissaires aux comptes, un expert comptable, un avocat spécialisé, la commission de contrôle interne statutaire et enfin la commission nationale indépendante qui certifie fin 2012 les comptes de l'UMP sans dire quoi que ce soit. Ca fait quand même beaucoup de monde qui est passé à côté de cette affaire ».
Si on s’arrête un peu sur Nicolas Sarkozy, la presse a ressorti le jugement qu’il a porté sur Jérôme Lavrilleux. Proche de Jean-François Copé, ce dernier était devenu en 2012 l'un des rouages essentiels de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, qui l'a personnellement décoré de l'Ordre national du mérite en octobre 2012. "Voilà un homme qui a le talent de ne pas embêter les personnes pour qui il travaille avec des problèmes (qu')elles n'ont pas à connaître", lui avait rendu hommage à cette occasion Nicolas Sarkozy, selon le livre "Le coup monté" des journalistes Carole Barjon et Bruno Jeudy. Comment interpréter ce talent ? Comment ensuite interpréter le siège de député européen qui lui a été offert en pensant à ce qu’il a dit : « Je n'étais pas le directeur de campagne mais je ne me défausse sur personne". Une manière de pointer du doigt le directeur de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, Guillaume Lambert qui doit sentir la pression pour assumer à son tour et dédouaner tout le monde.
On veut donc nous faire croire qu’un arriviste de cabinet noir a pris seul toutes les décisions et qu’une légion de responsables n’ont rien vu. On nous donnera ensuite en pâture le directeur de campagne si Sarkozy est serré de trop prés par la presse. Il y a deux fusibles et, pour l’instant, seul celui de Copé a sauté. Ils vont encore nous faire le coup de “responsables mais pas coupables”. Le principal intéressé, Nicolas Sarkozy, telle une star de la politique, dépensait sans compter. On se souvient que des soupçons ont pesé sur lui dans la campagne de Balladur et dans sa précédente campagne de 2007. Il va se plaindre d’un acharnement contre lui qui veut sauver la France. Le président de l’UMP regardait ailleurs et le dit les yeux dans les yeux. Le bureau politique ne se posait pas de question… etc.
Un vieux poulet m’a dit que, lorsqu’une affaire se présente de cette manière, lorsque certains reconnaissent rapidement des faits qu’ils expliquent à leur façon, lorsque des lampistes jouent les martyrs en faisant leur mea culpa… la Justice doit aller vite pour que la vérité éclate.
A l’UMP, il y a des jeunes dont les dents longues rayent le parquet. Ils ont été à bonne école avec Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé. Selon le journal « Le Parisien », lundi, au siège de l'Association nationale pour la démocratie locale (ANDL présidée depuis 2011 par la député-maire UMP du Cannet Michèle Tabarot, une proche de Jean-François Copé), des découvertes auraient été faites lors d’une perquisition. Cette association est mise en cause à son tour. L'ANDL organise des formations pour les collectivités sur les finances publiques ou le droit électoral. Selon des sources professionnelles de la formation aux élus, il y aurait "mélange des genres" et des tarifs "prohibitifs" seraient pratiqués par l'ANDL. Parmi les formateurs, Guillaume Peltier, vice-président de l'UMP, aurait facturé plusieurs séances, dont la plus chère, sur le "développement économique", à 21.120 euros dont 70% environ seraient revenus à COM+1, la société de conseil dirigée par l'élu. 21.120 euros la journée, il faut être sérieux alors que, selon le milieu professionnel, une société de ce type offre des prestations comparables pour une fourchette allant de 4.500 à 6.000 euros. S’agit-il d’une pompe à fric alimentée par des collectivités locales ?
Fausses factures ou surfacturation ? La justice tranchera. Pour l’heure, il y a de quoi s’interroger sur le passé, le présent et l’avenir de l’UMP.
Plus généralement, le citoyen peut légitimement s’interroger sur les mœurs financières d’une classe politique qui, depuis l’affaire Urba, continue à utiliser des entités et des montages financiers qui sont du domaine de la délinquance en cols blancs pendant que le peuple subit l’austérité et le chômage.
U Barbutu