Gauche alternative en Corse
Si certains en doutent encore, nous sommes pourtant bien dans une république bananière. Tous les jours apportent leur nouveau scandale sur les pratiques financières jusqu’au cœur de l’Assemblée nationale. Nos parlementaires perçoivent des royalties sans avoir à justifier leur utilisation et rémunèrent des membres de leur famille comme conseillers. Après l’affaire Bygmalion, Jean-François Copé est épinglé pour avoir fait rétribuer son épouse comme collaboratrice, sans compter la prise en charge par l’UMP de ses déplacements en avion qui ont coûté la bagatelle de 24.000€ en un an. Pourtant ce dernier n’a jamais révélé cette proximité professionnelle avec son épouse. «Certains cloisonnent vies professionnelle et privée, c'est mon cas», affirmait -il à Paris Match, à l’époque où il était encore le président de l'UMP.
Nos élus mènent grand train de vie et ne veulent pas que l’on vienne regarder ce qu’ils coûtent aux contribuables. Toutefois la loi leur permet de le faire à condition de le déclarer à l’administration de l’Assemblée nationale. Ils peuvent salarier cinq collaborateurs à des salaires plafonnés à 9504 €, sauf pour les conjoints dont les salaires sont plafonnés àla moitié de l’enveloppe, soit 4750 euros bruts par mois. Beaucoup utilisent ce droit qui fait entrer l’argent dans les finances du couple. Dans le cas de Jean-François Copé, le mariage remonte à 2011 et on peut s’interroger sur le montant alloué hors du mariage, puisque son actuelle épouse était déjà salariée avant leur union officielle. L'opacité en vigueur à l'Assemblée nationale autour des collaborateurs parlementaires ne permettra peut-être pas de le vérifier. Toutefois, comme le prévoient les lois votées à l'automne dernier après l'affaire Cahuzac, les identités de tous les collaborateurs parlementaires seront rendues publiques à la fin du mois. Des surprises ne sont pas à exclure.
Les comptes de nos parlementaires sont des boîtes de Pandore d’où sortent des chimères. C’est le cas pour ce que l’on appelle « la réserve ministérielle »: en 2011, 32,9 millions d'euros sur les 150 millions de la réserve parlementaire. Elle n’est régie par aucun texte et il a fallu l’insistance de l’association en faveur une démocratie directe pour obtenir les comptes 2011. Les collectivités locales font des demandes de subvention au ministère de l'Intérieur, avec le soutien d'un ministre (parfois obtenu par l'entremise d'un parlementaire). Un trésor de guerre qui permet d’arroser des collectivités territoriales en période d’élections. Francetv info a épluché les 1 250 subventions. Parmi les distributeurs de subventions, on retrouve Mme Bernadette Chirac et le fils de Claude Guéant, mais encore les barons de l’UMP : François Baroin, François Fillon et l’inévitable Jean-François Copé, aux côtés d’Aurélie Filippetti, du sénateur Jean-Pierre Chevènement et quelques autres personnalités de gauche. Toutefois, en 2011, les mieux servis sont les barons de l’UMP. Est-ce que les socialistes ont repris la main dans le sac ?
Jean-François Copé est un exemple des pratiques de cette caste politique qui ne compte pas la dépense lorsqu’il s’agit de l’argent des autres. L’Ump, sous sa présidence, a organisé ce que l’on a appelé le Sarkothon pour régler une ardoise bancaire de dix millions d’euros. Il s’agit là de l’argent des militants et des sympathisants. Toutefois, les grands partis politiques perçoivent des financements publics. L’utilisation qui en est faite se révèle au grand jour. On apprend que l’UMP paie des permanents sous contrat à durée illimité entre 85.000 et 12.000 euros. Ces permanents viennent ensuite faire la propagande du détricotage du code du travail et de la flexibilité. Pendant que l’on mène grand train de vie, on explique au peuple qu’il doit accepter tous les sacrifices. Qui peut se faire payer, comme Rachida Dati, deux portables avec un coût annuel de 10.000 € ? Qui peut bénéficier, femme comprise de plus de 50.000€ de voyages en avion pour peaufiner son profil de présidentiable ?
Sarkozy a décomplexé la droite. Il a fait aussi exploser le montant des dépenses de campagne électorale, sans qu’un seul responsable de l’UMP n’intervienne. Alors, on se demande pourquoi l’omerta politique et médiatique cesse soudain (et sans doute sans lendemain qui change), alors que ces pratiques ne sont pas d’aujourd’hui. Nul n’ignore qu’il y a une guerre du leader-chip entre François Fillon, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Le décomplexé Copé est hors jeu. La droite est déjà en campagne et d’aucuns font croire qu’ils veulent laver plus blanc que blanc. Mais nous l’avons vu, lorsqu’il s’est agi, de voter des lois pour plus de transparence et de moralisation dans le monde politique, il s’est établi un véritable consensus chez nos élus pour faire admettre qu’il était urgent de ne rien faire. Alors, fidèle à lui-même, François Hollande à secouer le wagon pour faire croire que le train des réformes était en marche, sans quitter la gare du Palais bourbon dont le chef Bartolome a bloqué tous les aiguillages. Il en est sorti un train fantôme dans la brume toujours entretenue sur les droits et avantages de nos élus, ainsi que sur leurs trains de vie.
Le people-land sarkoziste n’aura fait que révéler au grand jour le fossé entre cette caste politique et le peuple. François Hollande n’a rien fait de concret pour que les pratiques changent et l’affaire Cahuzac a démontré l’absence de valeurs morales aussi bien chez certains socialistes que chez les sarkozistes. Sans doute, sortent-ils des mêmes moules ?
Nicolas Sarkozy, malgré toutes les gamelles judiciaires accrochées à ses basques, veut revenir en 2017. Il est pressé, sachant que, pour lui, le temps c’est de l’argent. Comment peut-il en être autrement lorsque l’on porte des montres à 50.000 € et vit dans un ghetto parisien pour gotha riche ? Qui connaît la villa Montmorency dans le 16ème arrondissement de Paris ? C’est l'équivalent d'une « gated community » américain. Vincent Bolloré, Arnaud Lagardère, Xavier Niel, Céline Dion, Alain Afflelou et Carla Bruni-Sarkozy, tous vivent ou ont vécu dans ce quartier privé huppé. C’est une résidence fermée, une copropriété sécurisée pour les très riches et un no-man's land pour les autres. Selon Challenges, « Quel genre de biens trouve-t-on Villa Montmorency ? Une "propriété exceptionnelle comprenant une maison d'environ 1 100 m² et un parc clos et arboré de 1 400 m²", avec piscine intérieure, décrit une annonce. Une maison de "566 m² avec sa réception de 180 m²" est proposée ailleurs. À des prix excédant allégrement les 10 millions d'euros. La chanteuse Céline Dion aurait ainsi acquis son pied-à-terre parisien, en 2008, pour la coquette somme de 47 millions d'euros ». L'ancien chef de l'Etat dispose d'un autre appartement, au 77 rue Miromesnil dans le 8ème arrondissement : 320 mètres carrés, composés de 11 pièces, dont une salle classée monument historique, avec des peintures datant du XIXe siècle. Ce sont ses bureaux. Prix estimé de cette location de luxe? Près de 180.000 euros annuels, soit 15.000 euros par mois. Nicolas Sarkozy n'a pas regardé à la dépense, et pour cause, c'est la République qui règle la facture. Conformément à une "décision" signée en 1985 par Laurent Fabius, alors Premier ministre de François Mitterrand, l'Etat met à la disposition des anciens présidents un appartement de fonction "meublé" et "équipé". Ce texte, qui fait office de référence, est flou: il ne mentionne ni plafond ni limitation de durée.
Il est grand temps d’ouvrir les yeux ! Ce n’est pas en travaillant et en étant au chômage que l’on devient un élu milliardaire. A gratter des billets et à cocher des grilles de loto, nous enrichissons surtout la Française des jeux : ceux qui se ruinent sont beaucoup plus nombreux que ceux qui gagnent. La plupart de nos riches élus sont nés le cul dans le gâteau et aiment mettre les doigts dans le pot de confiture. Lorsqu’ils sont aux affaires, il gère une collectivité territoriale, un ministère… la France, comme une entreprise. Ils deviennent des patrons comme les autres. Du côté de la presse et du paysage audiovisuel, se créent des dynasties. D’ailleurs, parmi les noms des journalistes, les particules sont nombreuses et "les filles ou fils de" sont légions. Des couples se sont même formés entre politiciens et journalistes.
Le 31 juillet sera le centenaire de l’assassinat de Jean Jaurès. Pendant le conflit de la SNCM, nous avons entendu un syndicaliste renier le droit de citer l’illustre socialiste à Manuel Valls p)lus proche de Margaret Thatcher. Ainsi, sur le plan des idées, François Hollande et son Premier ministre auront été les fossoyeurs des idéaux défendus par le fondateur du journal l’Humanité. L’extrême-droite l’a assassiné, il y a cent ans. Aujourd’hui les Solfériniens font mourir le socialisme à petit feu. Ils trahissent le peuple de gauche car ils font partie d’une caste qui se partage le pouvoir par alternance dite « démocratique » : une démocratie entre nantis qui, élus par des minorités issues des suffrages exprimés, excluent le peuple et lui imposent l’austérité. Cela pose les questions des pouvoirs qu’ils détiennent et de la nécessité d’une réforme constitutionnelle pour rétablir un exercice réellement démocratique de ces pouvoirs.
Le patronat est de plus en plus réactionnaire dans un contexte politique et économique qui lui est favorable, car c’est dans la crise qu’il fait reculer tous les acquis sociaux. Les campagnes électorales, à l’instar de celles menées aux USA, ne sont plus que des campagnes publicitaires à coups de millions d’euros. La publicité mensongère n’est pas interdite et plutôt recommandée sous le terme de « démagogie ». Notre démocratie est malade et l’abstentionnisme en est un évident symptôme, pendant que l’extrême-droite ronge le corps électoral comme une tumeur.
Nous terminons nos propos sur une citation de Jean Jaurès : « Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques... »
Battone