Gauche alternative en Corse
Dans la région de Marseille, un patron prépare à l’insu de ses ouvriers la délocalisation de son usine, couplée d’un détournement de 2 millions d’euros. Franck ( Clovis Cornillac), l’un de ses salariés l’apprend et, sans en parler à sa femme Hélène (Mathilde Seigner), décide avec Max (Yvan Attal), son ami de toujours, de passer à l’action. Franck et Max travaillaient dans la même usine, dans les environs de Marseille. Max, licencié, s’est clochardisé depuis le départ de sa femme. Franck apprend à la fois la délocalisation de son entreprise et le détournement par leur patron de 2 millions d’euros dont ils décident de s’emparer. On verra que ce n’est pas facile de passer au gangstérisme en amateurs…
Le personnage de Max montre la détresse, le désespoir d’un homme totalement dévasté mais surtout comment des décisions sociales peuvent directement détruire un être humain, au-delà de la crise et des licenciements. Derrière il y des conséquences concrètes sur les hommes. « En perdant son travail il a tout perdu, il ne l'a pas digéré, il est en colère, il est devenu violent. Le film revient sur la misère de ces gens directement victime de la crise, c'est totalement d'actualité et en ce sens je trouvais ce projet doublement pertinent. Sa douleur, son agressivité se retrouvait directement dans le scénario, il suffisait de le suivre, de se laisser porter par les scènes » déclare Yvan Attal qui incarne le personnage. C’est un homme qui travaillait au cœur d'une usine, qui a été licencié, qui zone depuis plusieurs années, rongé par une haine terrible, une souffrance atroce. . L’acteur ajoute que Max est « un personnage négatif, complexe… Il se présente comme un hors la loi. Il ne pense plus aux autres, c'est un exclu, il n'a plus d'espoirs, plus le sentiment d'appartenir à un groupe et c'est alors que l'on bascule de l'autre côté, c'est ce qui m'a donné envie de me saisir de ce personnage ».
Christophe Ruggia a grandi dans la cité phocéenne, décor du film. Son père pied-noir est mort accidentellement à Alger alors qu'il avait sept ans. Le thème de l’enfance revient souvent dans ses premiers films. Il a tourné plusieurs courts métrages dont « Sové L'Anmou" dans le cadre de la campagne pour la lutte contre le sida aux Antilles. Deux autres de ses films ont été remarqués : L' Enfance égarée et Quatre légendes urbaines. En 1993, le réalisateur a été primé par la fondation Marcel Bleustein-Blanchet. En 1997, son premier long métrage « Le Gone du Chaaba » est une adaptation du livre autobiographique d'Azouz Begag, fils d'immigrés algériens analphabètes qui a grandi dans les bidonvilles de Villeurbanne. Ce film a reçu de multiples récompenses dans des festivals internationaux. En 2001 son fim Les Diables porte à nouveau sur l'enfance.
Avec son troisième long métrage « Dans la tourmente », le réalisateur propose un film qui s’inspire de l’actualité sociale avec ses patrons voyous et ses salariés trahis puis jetés au chômage, dans des paysages industriels et autres déchetteries désenchantées, battues par les vents de nuit. Au cœur de son intrigue,: la tourmente qui déchire mais aussi pousse à la camaraderie et à l’union. Dans le besoin et le désespoir, il y a cette solidarité, cette force qui unit des travailleurs. En ce sens, ce film est aussi une œuvre militante.
Signé: Pidone