Gauche alternative en Corse
Depuis quelques jours les media ont les yeux de Chimène pour la blanche colombe qui n’aime pas les étrangers. Les interviewes et les articles se multiplient. Et une idée se répand doucement mais sûrement : «Après tout le Front national devient un parti fréquentable, un parti comme les autres. Et puis il représenterait 20% des électeurs. Peut-on ignorer ces derniers ? ». Donc, ce parti a toute sa place dans le jeu démocratique du pays. Pour notre part, nous refusons de nous laisser enfumer par ce discours. Nous continuons à penser – et nous l’avons exprimé à plusieurs reprises – que le parti de Marine Le Pen reste un parti d’extrême droite, raciste et xénophobe. Ses fondamentaux demeurent les mêmes. Le gauchissement de son discours et l’intérêt subit pour les ouvriers, les employés et les couches moyennes ne doivent pas faire illusion. Un loup ne peut pas génétiquement se transformer en agneau. L’Histoire est là pour nous rafraîchir la mémoire. Par exemple, les fascistes italiens, à la tête desquels plastronnait Benito Mussolini – un ancien socialiste, pacifiste, avant 1914 – tenaient eux aussi un discours ultragauche. Ils bouffaient en permanence du banquier …et du bolchévique. Eux aussi versaient quelques larmes sur le sort du petit peuple durement touché par les conséquences de la première guerre mondiale. Pendant ce temps, leurs dirigeants festoyaient avec les représentants de la bourgeoisie italienne, ravie de se préserver du péril rouge. On connaît la suite.
Revenons à la France d’aujourd’hui. Le Front national monte dans les sondages. Il bénéficie sans doute du grand désarroi qui règne dans le pays, surtout dans les couches sociales défavorisées. Il bénéficie, répétons-le, d’une certaine complaisance des media, non sans arrière pensée. Et c’est là tout le danger.
Prenons l’exemple de Libération du 9 janvier 2012. Grand titre à la une : "30% n’exclueraient pas de voter Le Pen ». Et de consacrer cinq pages entières à l’égérie de Saint Cloud. Pourquoi un tel engouement pour cette dernière ? Le journal a été moins généreux avec d’autres candidats, en particulier avec Jean-Luc Mélenchon. Essayons d’apporter une explication. D’abord les 30% ne correspondent pas à la réalité du sondage, lui-même sujet à caution. En lisant le tableau, on constate que 12% de gens disent qu’ils ne voteront pas pour Le Pen et se voient intégrés d’office comme des partisans du vote Front national ! N’y a-t-il pas là la volonté de grossir l’influence supposée de ce parti ? Quelle en est la raison ? Y aurait-il de la part de Libération qui roule pour François Hollande, comme chacun le sait, la volonté de contribuer à alimenter un climat de peur, à l’instar de Sarkozy, lors de son fameux discours de Toulon, et, surtout de susciter un réflexe, celui du vote utile? On sait que la peur est l'ennemi de la raison. La question est posée.
Pour conclure, nous pensons que la gauche doit être précise dans ses propositions alternatives pour gagner ou regagner ensemble des voix qui se sont égarées dans l’abstention ou qui menacent de verser dans un vote qui lui est dangereux et inutile, celui de l’extrême droite.