Gauche alternative en Corse
Ils ont fait du rêve européen un leurre. L’Union européenne va-t-elle se disloquer parce qu’elle se construit contre les peuples ?
La perfide Albion a voté pour le Brexit mais il faudra jusqu’à deux ans pour que le divorce soit consommé. Une fois la procédure lancée, Londres et Bruxelles vont négocier les clauses de ce divorce. Cela peut même durer plus de deux ans si les deux parties décident de prolonger les discussions faute d’accord obtenu dans ce délai. Au bout de la procédure, les Anglais seront libérés des traités européens et ses représentants quitteront les institutions européennes.
Londres et Bruxelles vont devoir régler de nombreuses questions et trouver un nouveau partenariat. Qui sait combien de temps les conciliabules et les tractations vont durer ? Plusieurs années sans doute. Le Royaume-Uni pourrait vouloir conclure des centaines d'accords bilatéraux avec l'UE, secteur par secteur, comme l'a fait la Suisse, ou un accord de libre-échange, comme l'a fait le Canada, ou une union douanière, comme l'a fait la Turquie. Il pourrait aussi ne rien faire, et se retrouver comme presque tous les autres Etats, dont la Chine et les Etats-Unis, à suivre les règles de l'Organisation mondiale du commerce.
Le Brexit est un sérieux coup porté à l’Union européenne par des Anglais qui y sont entrés à reculons et ont toujours exigé un statut spécial. Ce départ pourrait donner des idées à d'autres pays tentés à leur tour de plier bagage ou, du moins, de négocier des statuts spéciaux.
David Camerone pourrait perdre son poste de Premier Ministre puisqu’il a fait campagne pour le maintien dans l’Union européenne. Selon certains commentateurs britanniques, ce sont les prolétaires anglais qui ont voté massivement le Brexit et non pas les diplômés en costards-cravates. Ce sont ceux qui ont vu leurs conditions de vie se dégrader encore et encore. Ils se sont joints aux ultranationalistes. Pour tous ces partisans du Brexit, l’Union européenne ne respecte pas la souveraineté des peuples, dicte les politiques intérieures et coûte beaucoup plus chère qu’elle ne rapporte. Le Brexit est un vote en partie égoïste et nationaliste, mais ce serait une erreur de le réduire à cela.
L’Union européenne s’est construite sur la mondialisation et les intérêts du monde de la Finance. A Bruxelles, des technocrates donnent des directives et, à Strasbourg, des députés votent ou ne votent pas des réglementations sous la pression des lobbies économiques et politiques. La commission européenne force à l’austérité et défend la libre-concurrence sauvage en favorisant le dumping social et fiscal. Au niveau des Etats membres, l’Allemagne a pris le leader-chip et traite seule des dossiers au nom de l’UE. Cela a été le cas avec la Turquie sur les migrants et la suppression des visas européen pour les Turcs.
Déjà des responsables politiques prônent la fermeté dans les négociations avec le Royaume-Uni, pour dissuader les futurs déserteurs et éviter toute contagion. La « fermeté » est devenue la seule méthode de gouvernance pour imposer une politique refusée par les peuples. C’est une méthode européenne pour faire passer des contre-réformes comme la loi El Khomri en France. C’est la méthode de la commission européenne contre la SNCM enjointe de rembourser des subventions jusqu’au dépôt de bilan et à un licenciement massif.
François Hollande a promis, mercredi, de "travailler à la relance de la construction européenne" avec l'Allemagne, pour "assurer plus de protection" des frontières et permettre à la défense européenne de "jouer tout son rôle". Et oui ! Il promet encore, lui qui a fait allégeance, dés son élection, aux traités européens sans la moindre renégociation pourtant promise, lui qui a poursuivi la politique d’austérité, lui qui a laissé couler la SNCM, lui qui veut mettre en place la déréglementation du travail avec la loi El Khomri, lui qui se sert de Manuel Valls pour une politique autoritariste… Une fois encore, il ne cite que l’Allemagne comme partenaire. N’est-ce pas un aveu de soumission à la Chancelière? Quid des autres membres ? Quid des peuples ?
De cette Europe ultralibérale sur le plan économique et antisociale, nombreux sont ceux qui n’en veulent pas. En France, un référendum l’avait déjà rejetée. C’est cette Europe qui est responsable de la montée de l’extrême-droite, d’un ultranationaliste qui s’affiche comme de l’euroscepticisme. Et les eurosceptiques sont légions aussi bien à droite qu’à gauche. En France, les responsables de ce scepticisme grandissant sont les présidents de la république successifs depuis Giscard d’Estaing jusqu’à Hollande. La commission européenne est à la manœuvre avec des atlantistes comme Barroso et des financiers comme Junker, agent du dumping fiscal au Luxembourg. Le parlement n’est qu’une chambre d’enregistrement coûteuse avec des députés européens sensibles au lobbying et trop souvent bénéficiaires d’une rente de situation. Cette Europe est devenue un miroir aux alouettes et un repoussoir. Elle va inéluctablement à sa dislocation si des Chefs d’Etat ne s’opposent pas aux diktats berlinois et à ceux d’une commission européenne qui devrait être complètement remaniée dans sa composition et ses prérogatives ou bien dissoute. Elle est en train d’opposer les pays riches du Nord aux pays pauvres du Sud.
Jean-Luc Mélenchon, député européen et candidat à la Présidentielle de 2017, s’est exprimé sur le sujet dans son blog :
« Le Brexit est le cri du petit peuple du Royaume-Uni contre tout ce qui est la réalité quotidienne de l’Europe des traités : pauvreté, précarité, privilèges pour les riches et ultra riches, arrogance des donneurs de leçon de flexibilité et autres loi El Khomri, tyrannie sans visage des comptables de la Commission européenne, talon de fer des troïkas et autres proconsuls pillant les pays comme la Grèce.
Le Brexit c’est le début de la fin d’une époque. L’idée d’une Union européenne a été tuée par la caste des eurocrates et la politique d’austérité imposée par le gouvernement allemand avec la complicité active des deux présidents français qui, depuis 2005 ont violé le vote de notre peuple.
La leçon est que l’Union européenne on la change ou on la quitte. Comme d’habitude, les eurocrates préparent déjà depuis plusieurs mois en secret avec madame Merkel un nouveau traité pour 2017 qui ne tiendra compte d’aucune des leçons évidentes de la situation.
L’heure du plan B va sonner. Ma candidature pour l’élection présidentielle est celle de la sortie des traités européens. Plus que jamais l’intérêt de notre pays est celui d’une politique de coopération sur le vieux continent et avec le monde plutôt que le libre-échange et la concurrence libre et non faussée.
Bien sûr, la caste des eurolâtres ne tiendra aucun compte de ce qui vient de se passer et continuera de fustiger les « extrêmes », le « repli sur soi » et l’amour des peuples pour leurs libertés et dignité sociale. Plus dure sera leur chute. L’élection présidentielle de 2017 en France en est l’occasion ».
Battone