Gauche alternative en Corse
Les différentes composantes du Front de gauche (Parti de gauche, Parti communiste, Manca alternativa-Fase) se sont réunies à Ajaccio, vendredi 8 novembre, au Bar le Capitole, place Abbatucci. C’est une première qui mérite d’être soulignée. Jusqu’à présent le Front de gauche était assimilé, du moins en Corse, au Parti communiste. Cette rencontre met fin à des années d’ignorances réciproques et permet d’ouvrir la perspective d’une coordination plus que jamais nécessaire dans un contexte caractérisé par une aggravation sans précédent de la crise.
Une analyse unanimement partagée
La discussion a été intéressante à plus d’un titre. Beaucoup de points de convergence ont été notés, sans pour autant occulter les divergences. Les différents intervenants se sont retrouvés sur l’analyse de la situation actuelle. La crise perdure. La politique menée par François Hollande et son gouvernement, grandement inspirée par la Troïka et les marchés financiers, loin d’apporter des réponses positives, l’aggrave encre davantage. Le chômage s’accentue, y compris et surtout en Corse. La défiance des Français à l’égard du pouvoir socialiste est de plus en plus marquée. Un seul exemple. La descente aux enfers du président de la république dans les sondages. Les intervenants se sont accordés à souligner que François Hollande a tourné le dos à ses engagements de campagne et a trompé senza vergogna ceux qui ont contribué à sa victoire. Comme il faut appeler un chat un chat, la politique actuellement menée ne saurait être qualifiée de gauche. N’ayons pas peur des mots. Elle est dans la continuité de celle menée par Nicolas Sarkozy. Le Front de gauche se doit donc de dénoncer avec force cette politique qui jette un discrédit sur l’ensemble de la vraie gauche.
Les Municipales, une différence d’appréciation
Par contre, lors de la rencontre, on devait noter une différence d’appréciation concernant les prochaines élections municipales. Deux approches se sont confrontées. L’une, soutenue par les responsables du parti communiste à Ajaccio, consiste à dire que les Municipales doivent être déconnectées du national et par voie de conséquence, qu’il est souhaitable de rempiler avec l’équipe sortante conduite par Simon Renucci. L’argument ? Il faut avant tout tenir compte du bilan de cette équipe. Positif, est-il affirmé. Et d’ajouter que les électeurs, même s’ils ont des griefs à formuler contre le pouvoir national en place, se détermineront exclusivement sur des enjeux locaux ! Toutefois, cette position n’est pas encore définitive. L’ensemble des communistes encartés d’Ajaccio doit se prononcer le 14 novembre prochain.
Une deuxième appréciation a été formulée par les représentants des autres composantes du Front de gauche (Manca alternativa, Parti de gauche). Ces derniers considèrent qu’on ne peut pas déconnecter le local du national. Tout est lié. Pour plusieurs raisons. Les communes bénéficient de dotations de l’Etat. Celles-ci diminuent singulièrement et ont un impact direct sur les politiques municipales. C’est également valable pour Ajaccio. Ensuite, il faut tenir compte de l’état d’esprit du pays. La droite et le Front national montent au créneau pour faire des Municipales un test contre le pouvoir socialiste ou dit socialiste. D’ailleurs, les différentes élections partielles de ces derniers mois ont servi de révélateur. Les électeurs ont lourdement sanctionné le gouvernement, soit en votant pour la droite ou le Front national, soit en se réfugiant massivement dans l’abstention. Doit-on rester à l’écart de la grande bataille politique qui s’engage déjà et se contenter de parler parking, trottoirs ou autres préoccupations locales ? Doit-on se contenter de quelques sièges au sein d’un conseil municipal et se dire qu’on a bien travaillé ? Doit-on se fourvoyer dans une opération électorale pas toujours très claire ? Que penser par exemple de certaines personnalités sollicitées par le maire sortant pour figurer sur sa future liste ? Que penser également de la présence de Simon Renucci sur la place Foch lors du passage de Marine Le Pen, sinon la considérer comme une contribution, certes involontaire, à la campagne de dédiabolisation du Front national, à l’instar des media ? Ou encore cette embrassade devant les caméras de Via Stella avec un candidat du parti de la haine ? Il convient donc de s’inscrire dans une démarche nationale dans la plus grande clarté et senza cumbinazione. Toute ambiguïté serait fatale pour les vraies forces de gauche. Attention aux lendemains qui déchantent. Cette démarche s’appuie sur au moins trois objectifs : Montrer la nocivité de la politique actuelle, combattre les prétentions et les campagnes odieuses de la droite et du Front national et proposer une autre politique, radicalement à gauche et anti capitaliste, sans pour autant négliger les besoins de la population au niveau local. Dernier point. Peut-on rejeter les orientations du pouvoir au plan national et dans le même temps nouer des alliances dès le premier tour des Municipales avec les représentants locaux de ce même pouvoir ? Sur la base de ces appréciations Manca alternativa et le Parti de gauche réitèrent leur proposition de présenter une liste autonome du Front de gauche dès le premier tour des Municipales à Ajaccio.
Les différentes composantes du Front de gauche ont décidé de se retrouver dans les prochaines semaines afin de poursuivre la réflexion sur la nécessité d’une structure de coordination et d’envisager des actions communes contre la politique gouvernementale et le danger que représente la montée du Fnhaine et pour des propositions alternatives crédibles, ancrées résolument à gauche.
Participaient à la rencontre : Parti de gauche : Patricia Curcio, Marius Battesti, Parti Communiste : Jean-Pierre Maginot, Serge Gori, Jacques Perona, Manca alternativa : Jean-Pierre Bizon, Jacques Casamarta, Jean-Pierre Orsi, Francis Peretti
Ajaccio, 9 novembre 2013