Gauche alternative en Corse
François Hollande a défendu son bilan pour la première année de son quinquennat et bien qu’il se soit défini comme « un socialiste qui veut le meilleur pour la France », nous avons eu la confirmation de sa totale conversion au libéralisme. Il revendique les mesures que la droite n’a pas prises : sérieux budgétaire, pacte de compétitivité, accord ANI qui a débouché sur la loi de sécurisation de l’emploi… Pour cet accord, il en fait une victoire de la concertation avec les « syndicats majoritaires », négligeant ainsi le refus de la CGT et de FO. François Hollande est satisfait de son action, de son premier ministre et du gouvernement qui suivent sa ligne politique. S’il reconnaît les mauvais résultats, il les minimise.Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. La France est entrée en récession depuis le dernier trimestre 2012 mais elle n’est pas le seul pays européen et plutôt mieux lotie que la Grèce, l’Italie, l’Espagne…. Même l’Allemagne a connu un déficit de O,1 % et de 0,6 % de son PIB pour les deux derniers trimestres alors que celui de la France est deux fois de 0,2%. Si l’Allemagne est toujours compétitive, c’est qu’elle a fait des efforts de compétitivité depuis plusieurs années alors qu’il se présente comme le premier président depuis 30 ans, à avoir pris des mesures pour relancer l’exportation. La balance du commerce extérieur est bénéficiaire de 160 Mds d’euros en Allemagne alors qu’elle est déficitaire de 60 Mds d’euros en France… Hollande ne le dit pas explicitement mais son discours montre toujours l’Allemagne en exemple, comme le fait la Droite de façon plus directe. Il a lancé l’idée d’un gouvernement économique de la zone euro doté de pouvoirs et qui se réunirait tous les mois avec un président dont l’unique mission serait d’orchestrer une stratégie industrielle commune et un plan de lutte contre la fraude fiscale. L’idée d’un gouvernement économique a déjà émise par Angela Merkel en 2011. Au gouvernement économique, il ajoutait plusieurs autres propositions : 1- Harmoniser la fiscalité, convergence par le haut sur les questions sociales, lutte contre la fraude fiscale ; 2 – Un plan insertion des jeunes : mobilisation tout de suite d'une partie de 6 milliards d’euros déjà prévus ; 3 - Une stratégie d’investissement pour les nouvelles industries ; 4 - Une communauté européenne de l’énergie afin d’assurer la transition énergétique ; 5 - une Nouvelle étape d’intégration.
Pour François Hollande, il faudra "donner un contenu" à une "Europe politique" dans les deux ans à venir. Selon lui, depuis qu'il est au pouvoir, "les lignes ont bougé, la zone euro a été solidarisée, l'union bancaire a été définie…" Il ajoutait "Ce résultat que je revendique n'a été possible que parce que la France a su jouer son rôle de trait d'union entre l'Europe du nord et l'Europe du sud" et assurait une fois de plus que "la crise financière est derrière nous ». Il poursuivait en affirmant que « Depuis un an les lignes ont bougé en Europe. La Grèce que l’on pensait un moment menacée a été sauvée. Les taux d’intérêt ont baissé, ceux de la France sont à leur plus bas niveau historique. Les causes de la crise financière ont été régulées et jugulées. La Commission européenne a commencé à comprendre les risques et les menaces de la récession. C’est un bon signal. Le délai obtenu par la France n’est pas un répit mais un rebond. Une opportunité pour une reprise plus rapide en France et en Europe ». Il est de sa responsabilité « de sortir l'Europe de sa langueur et de réduire la désaffection des peuples qui ne peut que compromettre l'avenir de l'Union européenne » lançait-il.
Que prévoit-il pour « réduire la désaffection des peuples » et, en premier lieu du peuple français ?
Il prévoit une nouvelle réforme des retraites. « Il nous revient d’assurer l’avenir des retraites. Il y a aujourd’hui un déficit d’une quinzaine de milliards d’euros. Je refuse comme président de la République de reporter sur les générations à venir le fardeau du financement des retraites. » « La concertation [sur les retraites] s’ouvrira dès l’ouverture de la conférence sociale et se poursuivra jusqu’au mois de juin. » annonce-t-il en expliquant, comme le fait la Droite, qu’il faut travailler plus longtemps parce que l’on vit plus longtemps. « Est-ce que comme président de la République je peux laisser 20 milliards d’euros de déficit [des retraites] ? Je ne peux pas l’accepter. Ce ne sera pas facile, mais je préfère m’adresser aux Français en leur disant : « c’est notre responsabilité de le faire ». », a-t-il aussi poursuivi en réponse à un journaliste.
Le chômage ne cesse de s’aggraver mais François Hollande reste optimiste : « L'objectif d'inversion de la courbe du chômage, je m'y tiens. Tout doit être mis en œuvre pour que le chômage recule à la fin de l'année. » « Je réédite ici devant vous, en prenant mes risques mais aussi mes responsabilités, que la courbe du chômage peut s’inverser d’ici la fin de l’année. Mais la bataille ne sera gagnée dans la durée que si la croissance revient. » Malheureusement la croissance n’est pas pronostiquée par les économistes et, même si elle était de 0,1%, cela n’inverserait pas la courbe du chômage.
Pour maintenir le pouvoir d’achat, rien de nouveau n’est annoncé. Là encore, seule la croissance et l’inversion de la courbe du chômage produiront un effet bénéfique.
Questionné sur un remaniement ministériel éventuel, François Hollande écartait la question qui n’est pas d’actualité et renouvelait sa confiance placée en son premier ministre. Il ne désavouait pas Manuel Valls dans la gestion des violences commises au Trocadéro par des supporters du PSG et des casseurs.
Le Président de la république a placé sa deuxième année d’exercice sous le signe de l’offensive, tout en rappelant que de nombreuses mesures avaient déjà été prises mais reconnaissant que le cahier des charges fixé lors de sa campagne était loin d’être rempli. Notamment, il était interrogé sur les réformes constitutionnelles promises et répondait que pour le Statut pénal du chef de l'Etat, la réforme du Conseil constitutionnel, le non-cumul des mandats... "Si ça ne tenait qu'à moi, elle serait déjà votée". Il rappelait que la réforme constitutionnelle nécessite la convocation d'un congrès et un vote au 3/5ème et que l’opposition voterait contre toutes les propositions de réforme. Il annonçait toutefois : « Un texte sur l’indépendance de la justice sera présenté prochainement en Parlement - il va être en discussion - et je souhaite qu’il puisse être adopté à Versailles - puisque c’est à Versailles que se réunit le Parlement pour une adoption à la majorité des trois-cinquièmes. Si on peut y agréger d’autres textes, j’y suis favorable ». Sur le droit de vote des étrangers, François Hollande a expliqué encore qu'il n'avait "pas soumis ce texte parce que je sais que l'opposition n'en veut pas", et il reporte la proposition de loi au lendemain des élections municipales de 2014, lorsqu’il n’y aura plus d’enjeu électoral proche.
Il n’y a plus d’argent dans les caisses de l’Etat et Hollande ne cesse de mettre en avant son sérieux budgétaire ; « Quand je regarde ce qu’a été la dépense publique de l’Etat en 2012, elle a été légèrement inférieure à celle qui a été prévue. En 2013, elle sera stable et en 2014, elle reculera d’un milliard et demi. Et on viendrait nous dire que l’on n’a pas fait d’économies! », a-t-il lancé. Par ailleurs, il n’envisagerait pas plus de pression fiscale sur les entreprises et les particuliers. Aucune réforme fiscale majeure n’est annoncée.
Pour la relance économique, il projette d’avoir recours à des capitaux privés et même étrangers. Il le dit : « J’ai demandé à Jean-Marc Ayrault de présenter un plan d’investissement à la fin du mois de juin [sur quatre domaines] : le numérique, la santé, la transition énergétique, les grandes infrastructures de transport. Pour en assurer le financement, il convient de faire preuve de plus d’imagination que par le passé car nous sommes confrontés à des disciplines budgétaires. Tout ne peut pas venir de l'Etat et, donc, pour financer ces investissements d'avenir nous devrons aussi aller chercher le secteur privé, le partenariat, des capitaux extérieurs, des fonds d'investissement, parfois même de l'étranger. Chaque fois que je me déplace, un certain nombre de pays nous disent qu’ils sont prêts à investir en France. Faut-il encore que nous les orientions » Il a aussi parlé d’épargne populaire : « L’assurance-vie sera réformée. Un plan d’épargne action pour les PME sera créé. L’imposition des plus-values mobilières sera révisée ». On se souvient que Jean-Marc Ayrault avait déjà évoqué la cession par l’Etat de ses participations aux capitaux de certaines entreprises. Son grand projet est de permettre aux Français d’accéder à l’Internet à haut débit… du virtuel pour oublier les réalités !
François Hollande a bien sûr insisté sur la jeunesse. « La proportion d’élèves qui sortent sans diplôme du système scolaire sera réduite de moitié. » C’est une promesse comme de proposer d’avantage de formations aux chômeurs.
La conférence a duré presque trois heures. D’autres sujets ont été abordés et notamment sur la politique internationale. Là encore, aucune nouveauté dans les propos sur le Mali, la Syrie et les risques terroristes. Rien de nouveau sur les otages, la discrétion reste le mot d’ordre. La Chine devra revoir ses relations économiques avec la France pour mieux les équilibrer…etc.
Si nous restons uniquement sur la politique intérieure et européenne, nous n’avons rien entendu de bond en ce qui nous concerne. François Hollande n’a pas voulu endossé l’étiquette de « Social-démocrate » et se dit toujours socialiste. Il prétend vouloir infléchir la politique européenne en expliquant que la majorité est constituée par des gouvernements conservateurs ou centre-droit. Il nous fait penser un peu au coureur cycliste Richard Virenque accusé de dopage dans les années 1998 à 2000 et devenu à l’époque une marionnette des Guignols de l’Info. Notre président fait une politique de droite « à l’insu de son plein gré ». Le Conseil constitutionnel a retoqué sa taxe de 75% sur les hauts revenus, il n’a pas une majorité nécessaire pour engager des reformes constitutionnelles, l’Europe est conservatrice… Avec tout cela il fait semblant de décider ce que la Droite lui impose… Il va donc continuer à mener « l’offensive » contre le code du travail « à l’insu de son plein gré ». Il a confirmé que l’amnistie sociale n’était pas dabs ses intentions, mettant les travailleurs jetés au chômage sur le même pied que les casseurs du Trocadéro. Il se disait opposé au principe même de l’ amnistie… En 1990, l'article 19 de la loi sur la « clarification du financement des activités politiques » amnistiait les auteurs de détournements de fond au profit de partis politiques.On se souvient qu’à cette époque pas si lointaine, l’amnistie avait été votée par les élus socialistes qui la refusent aujourd’hui à des syndicalistes. Nous n’avons pas le souvenir que François Hollande s’y soit opposé par principe à l’époque.
Pidone