Gauche alternative en Corse
Hier, 24 avril, est une journée qui était bien à marquer d’une stèle de la trahison. L’année dernière François Hollande, candidat à la présidence de la République qui avait prononcé un discours vibrant devant la statue de Komitas[1]à Paris, s’était formellement engagé à participer à la commémoration du génocide arménien, chaque 24 avril de son mandat. Or il n’est pas venu à la première d’entre elles, se faisant représenter par le ministre de l’Education Vincent Peillon. L’Elysée a invoqué le motif diplomatique du voyage en Chine pour expliquer ce manquement à cette promesse. Or l’agenda présidentiel montre qu’il avait la possibilité de venir, au moins à une des cérémonies organisées ce jour là. A Florange, les ouvriers d’Acelor Mittal ont inauguré cette stèle de la trahison au moment où leurs hauts fourneaux s’éteignent. La loi d’amnistie sociale était refusée par les députés socialistes alors qu’elle avait été approuvée par les sénateurs. La loi de sécurisation des emplois portait un mauvai coup au code du travail.
Pendant que le Mariage pour tous a occupé l’actualité, le gouvernement a fait voter sa loi sur l’emploi, c’est-à-dire la fin du CDI en France.
L’accord ANI est inscrit dans la législation. « Cet accord se traduira par de nouvelles avancées pour les salariés » estimait le Chef de l’Etat. Mais un accord social qui donnait le sourire à Laurence Parisot avec l’espoir déçu par la suite de retrouver la présidence du Medef, est-ce une avancée sociale pour les salariés ? Cet accord « marque l’avènement d’une culture du compromis après des décennies d’une philosophie de l’antagonisme social », se réjouissait la présidente du Medef en fin de mandat. Sa seule philosophie est la soumission des salariés à la dérèglementation.
Comment peut-on concilier Flexibilité et sécurité.Concrètement pour les salariés qu’est-ce que cela signifie ? Actuellement, le CDI c’est 2 piliers et 3 sécurités :
- on ne peut pas être licencié sans motif grave
- le contrat de travail ne peut-être modifié sans l’accord du salarié, ce qui inclut :la rémunération, le lieu de travail et les horaires.
Tout ça c’est bientôt fini car l’accord ANI permet désormais de baisser les salaires et/ou le temps de travail en cas de difficultés. Des mesures qui donnent désormais le droit à l’employeur de modifier le contrat de travail (horaires, baisse de salaire, changement de lieu…) et de licencier en cas de refus de la part du salarié qui n’aura que quinze jours pour se défendre devant les Prud’hommes.
Le parti socialiste qui s’était opposé en 2006 à la loi sur le Contrat de Premier Embauche. Hollande a fait légiférer pour imposer aujourd’hui à tous cet accord qui est dans le même esprit. Décidément Hollande dans l’opposition et Hollande Candidat cachaient un troisième Hollande qui ose une politique antisociale que la Droite avait du mal à mettre en œuvre. Le rapport sur la compétitivité de Louis Gallois est devenu la bible du gouvernement. La suite est venue : vingt milliards de crédit d’impôt aux entrepreneurs, augmentation et création de taxes en perspective pour les contribuables et les consommateurs. La dérèglementation du travail ne s’est pas fait attendre.
Bien sûr, ce ne sont pas les opposants au mariage pour tous qui sont descendus dans la rue pour défendre le code du travail. Parmi eux des élus UMP se disent « gardiens du code civil ». Parmi les « gardiens du code du travail », on ne trouve que la « vraie » gauche et les syndicats dont les dirigeants ne traînent pas des suspicions de collusion avec le pouvoir en place et le libéralisme du patronat. Des syndicats portent la responsabilité de ce coup de hache sur le CDI alors que leur adhérents sont menacés de chômage et se battent pour leur emplois comme chez PSA Peugeot ou Acelor Mittal. Ils ont accepté un compromis dont le seul bénéficiaire est le Medef. Pour Hollande, l’accord ANI est un bon compromis. C’est un point de vue partagé avec Laurence Parisot. En disant cela, il se compromet car il s’agit plus d’une affaire de compromission que d’un arrangement dans lequel on se fait des concessions mutuelles. Les compromis sont toujours provisoires et ils ne peuvent être perpétuels sans compromission. L’accord ANI est un mauvais compromis et la loi sur la sécurisation de l’emploi est une compromission. Cela n’a pas suffi. Hollande et Ayrault font maintenant barrage à la loi d’amnistie sociale présentée par le Front de gauche. François Hollande apparaît comme le Président des promesses non tenues et des mauvais compromis.
La politique antisociale de Hollande fait le lit à l’extrême-droite avec qui la Droite cherche des alliances électorales. La Droite décomplexée demande déjà sa démission et de nouvelles élections. Pour ne pas aller droit dans le mur, Hollande devra changer de cap car la fracture se creuse entre lui et le peuple de Gauche. Au sein de la majorité, une partie de ses partisans rechignent lorsqu’il s’agit de publication des patrimoines imposée aux élus et d’interdire le cumul des mandats. L’aile gauche du PS et les Verts contestent sa politique sans être entendus. Ni la droite ni le centre ne lui rendront grâce de cette politique libérale qui tourne le dos à la Gauche. Au contraire, ils profitent déjà de son affaiblissement à gauche et multiplient les outrances qui ont atteint leur apogée avec leur opposition au Mariage pour tous dans l’hémicycle et dans la rue. Tous le poussent vers la porte avant l’heure.
Malgré cela, Hollande et Ayrault ont imposé avec l’aide de la droite la loi de sécurisation de l’emploi qui légalise un management inhumain. Les suicides de salariés dans des grandes entreprises (Télecoms, Rernault, EDF…) n’arrêtent pas le libéralisme et la dérèglementation. Un énième salarié de Renault s'est suicidé dans la nuit de dimanche à lundi sur son lieu de travail à l'usine de Cléon (Seine-Maritime). Combien faudra-t-il encore de suicides pour sécuriser le salarié plutôt que son employeur ? Il reste un espoir. La loi sur le CPE a été abrogée. Celle sur la « sécurisation de l’emploi » le sera à son tour si le Front de gauche devient incontournable. Au sein même du parti socialiste, une quarantaine de députés n’ont pas voté cette loi. Cela n’a rien changé. Le changement, ce n’est pas maintenant avec Hollande et Ayrault. Ce sera demain avec le Front de gauche qui est aux côtés de tous ceux qui se battent pour sauver les emplois et défendre la dignité des salariés.
Le chômage continue à progresser et atteindra aujourd’hui son record. Les déclarations d’embauches en contrat à durée indéterminée on chuté de 6 % au premier trimestre 2013 par rapport au trimestre précédent. Sur un an le repli atteint 12,7% selon des données publiées par l’Acoss. La précarité apparaît comme la principale cause de ce chômage soit 30% alors que les licenciements massifs représenteraient 3%. Le patronat a déjà développé notablement la précarité des emplois avant d’obtenir la dérèglementation. Désindustrialisation et précarité ! Voilà le programme économique de Hollande qui, comme Nicolas Sarkozy, vient de voir sa trahison gravée dans le marbre par les salariés ArceloMittal de Florange.
Il est urgent de refuser l’échec économique et social qui sera l’aboutissement de la politique d’austérité. Il faut dénoncer les concessions unilatérales faites au patronat et à la droite. Participez en nombre le 5 mai pour une marche vers une Sixième république garantissant l’avenir de la démocratie. Hollande et Ayrault ont enfilé les habits de la Cinquième république. Ils ne tiennent pas compte des électeurs des composantes de la vraie gauche qui ont concouru au départ de Sarkozy. Ils le font savoir à chaque occasion en se réjouissant d’un pouvoir socialiste ayant remplacé un pouvoir néogaulliste.
Les institutions de la Cinquième république sont faites pour mettre en place des pouvoirs sans partage qui, à chaque élection, ont besoin du « vote utile » et oublient ensuite les promesses faites et les espérances d’une grande partie de leur électorat. François Hollande n’a pas dérogé à la règle. Il entretient le conservatisme et un régime autocrate. Il perpétue un système libéral qui défend les privilèges d’une caste politico-financière.
Aujourd’hui, géographiquement loin de cette sombre journée du 24 avril, notre chef d’état s’est transformé en VIP du patronat français. Il est en Chine. A ses côtés, des ministres et des entreprises dont AREVA… Il continue à vendre du nucléaire. Il parlera des droits de l’homme, nous dit-on mais toute le monde sait que, pour faire des affaires, il vaut mieux parler de compromis commerciaux. Compromis… le maître mot de François Hollande. Jusqu’où va-t-il se compromettre ?
Rendez-vous le 5 mai ! Vivement une Sixième république !
Cliquer ci-après: tract_5mai
Battone