Gauche alternative en Corse
« Le courage est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel. » Lorsque Jean Jaurès a dit cela, c’était pour promouvoir une politique progressiste de gauche et non pas conservatrice d’une réalité économique au point d’abandonner toutes les valeurs de la Gauche. Comment Manuel Valls peut-il citer ce grand homme de gauche dans son discours de politique générale en l’associant à Clémenceau et à de Gaulle ? Notre nouveau Premier ministre a déclaré ensuite qu’il voulait dire la vérité aux Français et leur expliquer la réalité. Le problème est qu’il ne va pas vers l’idéal auquel se référait Jean Jaurès et toutes les mesures libérales qu’il a annoncées en ont fait la démonstration. A la réalité, il associe le libéralisme économique comme l’unique solution à la crise du libéralisme. Le serpent se mord la queue. Jaurès ne peut lui servir de caution de gauche, pas plus que Mendés France. De Clémenceau et de Gaulle, il tire son lyrisme lorsqu’il parle de la France avec des trémolos dans la voix. Même le premier Président de la Cinquième république, qui était de droite, a eu recours aux nationalisations et défendait les agences de l’Etat que Hollande et Valls veulent mettre à la portion congrue ce qui aura pour conséquence l’abandon de missions au secteur privé qui a déjà ses marchés dans toutes les administrations et les collectivités locales. Hollande et Valls font ce qu’aucun gouvernement de droite n’a pas encore osé faire tant que les forces de Gauche ont défendu les valeurs tournées vers cet idéal dont parlait Jaurès et aux quellles Hollande et ses Solfériniens ont tourné le dos.
Manuel Valls se dit républicain, homme de gauche, démocrate et patriote. Il le dit et le répète. Se prendrait-il pour une synthèse des hommes illustres qu’il a cités ? Nous ne voyons en lui qu’un personnage ambitieux qui a fait une carrière politique d’abord dans le sillage de ceux qui ont contribué à pervertir le parti socialiste en le faisant glisser vers la social-démocratie et le libéralisme économique, de ceux qui ont participé à la construction de l’Europe de la grande finance et ont pour modèles les pays de l’Europe du Nord, en commençant par l’Allemagne à qui ils ont abandonné le leadership politique pour que la Troïka et les lobbies américains œuvrent à la perte de souveraineté des nations européennes jusqu’à ce que les peuples ne soient plus consultés sur leur avenir. La mise en place par les technocrates européens du grand marché transatlantique en est l’exemple actuel. On se souvient aussi du rejet de la constitution européenne par référendum et de la suite donnée à ce rejet exprimé.
Non ! Jean Jaurès n’aurait pas laissé ainsi les Français se faire déposséder de leur avenir et de leur modèle social. Pas plus que Léon Blum ou Maurice Thorez, deux noms que le nouveau Premier ministre n’a pas nommés, préférant ensuite cité Pierre Mendès France plus social-libéral.
François Hollande et Manuel Valls font partie de cette lignée d’hommes politiques dont le but non avoué est le remplacement de la République et de ses valeurs (destin collectif, intérêt général…) au profit d’une démocratie marchande intégrée dans une Europe fédérale et un grand marché transatlantique. Ce sont ceux pour qui l’État-Nation et l’Etat-providence sont une survivance archaïque à l’heure de la mondialisation. Ces Américanolâtres considèrent le socialisme comme une idéologie moisie alors qu’elle n’a jamais été appliquée par les gouvernants précédents. Manuel Valls l’a même dit en d’autres termes puisque, pour lui, le socialisme est une idéologie d’un passé lointain. Il a même proposé de supprimer le mot « socialisme » de son parti miné de l’intérieur depuis des années par ses chefs successifs, les Solfériniens. Tous ces barons ont le plus grand mépris pour les militants et les sympathisants socialistes restés fidèles à leurs idéaux. Depuis bien longtemps, le parti socialiste n’a pas un fonctionnement démocratique. Encore hier le remplacement de Harlem Désir élu par Jean-Christophe Cambadélis nommé en est l’exemple et a suscité quelques remous chez les militants.
Ces partisans de la mondialisation et du libéralisme se sont affublés d’un maquillage “de gauche” grâce à une dénonciation morale et incantatoire du Front national tout en se refusant à combattre les maux sur lesquels prospérait le FN (insécurité, chômage, déliquescence du lien social…). Ils Incarnent l’abdication du politique devant l’économique. Cette pseudo-gauche a néanmoins besoin d’ennemis-repoussoirs (avant-hier le PC, hier le FN, aujourd’hui l’extrême-gauche) afin de masquer ses reniements et sa conversion au marché. Comme la droite, ils s’emploient à éliminer toute contradiction, tout débat politique et démocratique. Évidemment au nom de la liberté. L’économie libérale n’est pas la liberté puisqu’elle dépossède d’un avenir meilleur en utilisant de la violence économique.
Les leaders du parti socialiste sont de la même trempe que ceux de la droite. Au quinquennat des avocats d’affaires a succédé celui de l’énarchie. Chacun a choisi son étiquette pour faire carrière mais tous garantissent aux oligarques un conservatisme partagé. Ils choisiront toujours la réaction contre le progrès social tout en se présentant comme des progressistes. Le « changement, c’est maintenant » ! On se souviendra maintenant et longtemps de ce slogan de campagne et de l’anaphore du candidat François Hollande devenu le chef d’une énarchie dans une république toujours monarchique.
Le concept de « gauche plurielle » créé par Lionel Jospin est une escroquerie intellectuelle. C’est un arrangement intellectuel avec la dérive droitière des Solfériniens car, si des courants existent à gauche, ce qui la rassemble se sont les idéaux de gauche abandonnés par les dirigeants du parti socialiste. La gauche n’est pas plurielle mais divisée. Elle devra se reconstruire. Alors que les socialistes écoutent Manuel Valls lorsqu’il a proposé de supprimer le mot socialiste et qu’ils s’assument à droite.
La gauche n’a pas de centre, tout comme la droite dont le centre n’est qu’une autre chapelle. Il n’y a pas plus de centre droit que de centre gauche. Les convictions politiques ne sont pas le reflet d’un positionnement dans un hémicycle. Entre la gauche et la droite, il y a encore la droite. Il n’y a pas de moitié de femme et de moitié d'homme à Gauche. On est de gauche ou on ne l’est pas, même à moitié et encore moins au centre. L'apolitisme n'est pas de gauche. Ce n’est pas une posture mais un ensemble de convictions réfléchies et qui se sont forgées dans une généalogie qui en a tracé la voie vers un monde plus juste, plus égalitaire, plus libre et de ce fait plus fraternel. Ceux qui veulent effacer les traces du socialisme et du communisme ne sont pas des hommes de gauche.
Après les élections municipales, une nouvelle échéance arrive : les élections européennes du 25 mai 2014. L’opposition de Gauche propose une alternative à cette Europe du marché dans laquelle le politique a abdiqué devant la grande finance. Ce sera l’occasion d’une révolution citoyenne contre la politique d’austérité et le dumping social. Le mouvement Ensemble, avec le Front de gauche et la Gauche unifiée, prendra sa part dans la campagne qui s’ouvre et portera l'idée de la refondation de l’Union Européenne sur des bases sociales, écologiques, démocratiques et pacifiques, dans le respect de chaque peuple, de chaque nation, de la souveraineté populaire et de la solidarité internationale.
C’est parce que nous avons compris le réel qu’il faut aller vers l’idéal. C’est l’idéal qui est porteur d’espoir et non pas la résignation que Hollande, Valls et toute la Droite veulent imposer au peuple. Chaque échéance électorale à venir sera une étape vers la reconstruction de la Gauche, fidèle à ses valeurs et combattive sur le terrain des revendications sociales.
Fucone