Gauche alternative en Corse
L’UMP fait l’apprentissage de l’opposition, un rôle qui va mal à un parti conservateur et godillot plus habitué à soutenir un chef de l’Etat qu’à le combattre. La droite a pris pour cheval de bataille le « mariage pour tous » et elle se radicalise contre le monde gay. On s’insulte dans l’hémicycle: assassins d’enfants ! Chien !... Nous y assistons à une escalade verbale et hier, un collaborateur de la ministre de la justice a même été physiquement menacé. Dégât collatéral : C’est un huissier qui a pris un coup. Quel outrage avait commis ce collaborateur : il aurait souri ou soupiré pendant que le député Marc Le Fur parlait de brutalités policières sur les manifestants anti mariage homosexuel ou qu’un autre Philippe Meunier montrait une ballerine abandonnée sur l’asphalte par une hypothétique jeune manifestante éventuellement réprimée par les CRS… Meunier rêve de pied délicat, de la fine cheville, du galbe de la jambe, de la silhouette jeune qui fuyait éperdue. Il a senti l’odeur âcre de la peur dans le petit soulier. Monsieur Meunier joue le Prince charmant pour rouler les députés dans la farine. Cendrillon peut se présenter à sa permanence pour essayer la ballerine… S’il s’agissait d’un travesti, notre Meunier serait la victime de sa fable.
Auparavant nous avions vu d’autres députés UMP et leur président de groupe à l’assemblée Christian Jacob en tête, manifester contre le mariage pour tous et entonner la Marseillaise. Comment des députés peuvent-ils soutenir et participer à des manifestations dirigées contre une loi déjà votée par l’Assemblée nationale et le Sénat ? Comment peuvent-ils ainsi refuser dans la rue un vote auquel ils participent dans l’hémicycle? Comment peuvent-ils faire appel au référendum, eux qui n’ont rien dit lorsque celui sur la constitution européenne a été oublié ? Aucun référendum n’a été organisé sous le quinquennat de Sarkozy.
Le mouvement contre le Mariage pour tous est présenté comme un mouvement spontané lancé par celle qui se fait appeler Frigide Barjot. Tout le monde a pu remarquer que ce mouvement a nécessité une organisation et un financement important. La nommé Frigide Barjot n’est pas née de la dernière pluie parisienne. Elle vit avec un ancien collaborateur de Charles Pasqua, le frère de Karl Zéro. Le couple bénéficie depuis 1984 d’un appartement de la ville dans le 15ème arrondissement : superficie de 173 m2 avec une terrasse de 40m2, sans que leur situation familiale et leurs revenus justifié cette allocation.
Bien que les manifestations soient infiltrées par des éléments d’extrême-droite, l’Ump a pris la tête des soutiens politiques alors que le FN reste tactiquement plus discret. Il faut bien que les Sarkozistes exploitent les seuls points de divergences avec la politique de Hollande. Même s’ils critiquent sa politique économique et sociale, ils sont d’accord sur l’essentiel comme, par exemple, la loi dite « de sécurisation du travail ». Nous avons vu que l’Ump préfère manifester contre les homosexuels que pour les travailleurs. Il reste à cette Droite arrogante les thèmes partagés avec le FN et on a pu voir hier à l’Assemblée nationale que certains députés de l’Ump ont dû faire leurs universités dans des groupes fascistes.
Qui mérite le bobard d’or ? David Pujadas comparait le mouvement « contre le Mariage pour tous » à la genèse des événements de Mai 1968. Il faut dire qu’à cette époque, David Pujadas n’avait que 4 ans. Il n’a pas beaucoup grandi depuis lors et son adolescence s’est passée au sein du Front national des jeunes. Cette référence historique provocatrice à Mai 68 fait partie des habitudes du présentateur sournois. La deuxième chaîne a montré ensuite des images de jeunes gens BC BG sortis des beaux quartiers et qui découvrent l’ivresse de la rue. Un grand gaillard dit en passant qu’il va se faire gronder par sa maman non avertie de cette audacieuse aventure collective. Bien sûr, nous n’avons pas les images des nervis d’extrême-droite présents parmi les manifestants et qui provoquent les forces de l’ordre.
Ce mouvement n’est pas bon enfant comme on veut nous le faire croire. Tout cela est une grande manipulation de la Droite et de l’extrême-droite, une campagne de récupération des votes les plus conservateurs. Cela arrange le pouvoir socialiste qui n’a pas à se justifier sur sa politique sociale et économique. L’opinion publique en est ainsi distraite par un sujet surmédiatisé qui ne passionne qu’une partie des Français.
Les Français devraient être mobilisés sur la lutte contre le chômage et la défense du service public, au lieu de créer des querelles entre les Anciens et les Modernes sur des sujets moraux. La situation politique apparaît bloquée par une Droite qui n’est pas habitué à être dans l’opposition et un parti socialiste qui cherche son électorat au Centre-droit pour poursuivre sur la voie du libéralisme économique et de l’austérité. Nous l’avons vu avec l’affaire Cahuzac, nous sommes dans une crise démocratique et les héritiers de la Cinquième république, aujourd’hui dans l’opposition, nous l’ont démontré avec le quinquennat de Sarkozy. Le parti socialiste est devenu un parti strauss-khanien sans Strauss-Kahn. Hollande s’est glissé dans la peau d’un président normal de la Cinquième république. Il poursuit le travail de ses prédécesseurs sans vouloir engager une véritable reforme constitutionnelle qui est devenue indispensable pour assurer l’avenir démocratique de la France. Il faut que le peuple retrouve sa place dans la démocratie. Le peuple, ce n’est pas seulement les manifestants rassemblés par Frigide Barjot et soutenus par une machine politico-médiatique. Cela ressemble plus à des émeutes d’opérette qu’à des manifestations sociales.
Laissons l'UMP Meunier avec sa ballerine et ses contes à dormir debout. Si vous voulez parler de vos problèmes quotidiens, des interrogations politiques actuelles et de la solution démocratique qu’apporterait une nouvelles constitution, nous vous invitons à venir le faire dans la grande salle du Capitole, place Abbatucci à Ajaccio le samedi 20 avril. Clementine Autain y dédicacera ses ouvrages avant de participer une rencontre organisée par Manca alternativa.
Pidone