Eklablog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Gauche alternative en Corse

Hugo, Elkabbach et Mélenchon...

hugo_elkabbach

 

 

Jean-Luc Mélenchon s’exprimait hier matin sur Europe 1 face à Jean-Pierre Elkabbach dont les questions tendaient à vouloir faire approuver par le candidat du Front de gauche la politique de Sarkozy et ensuite à souligner ses désaccords avec François Hollande. Par ailleurs, Elkabbach  ponctuait l’interview par deux lectures d’extraits  de l’œuvre Victor Hugo dont on commémore les 150 ans des Misérables et auquel Mélenchon aime souvent se référer..

D’abord il choisissait une citation :

« Plus la critique est extrême, plus la gloire est haute. C’est avec les pierres qui ont lapidé l’homme que l’avenir construit le piédestal de la statue ». et, en parlant de Sarkozy, il ajoutait : «  Vous ne lui faites pas une statue à force de le critiquer ?». Ce à quoi Mélenchon répliquait : «  Victor Hugo est un grand homme et on lui fait dire ce que l’on veut avec des citations mais, en général, il reste de lui que c’est l’homme qui a écrit Les misérables et qu’il met l’humain d’abord » Il semblerait que Elkabbach est remplacé « insulte » par « critique » car la vraie citation de Victor Hugo est : « Citoyens, tous les serviteurs de l'humanité sont persécutés et outragés. Sachons voir sans trop d'émotions cette injustice. L'insulte aux hommes bons et utiles est le droit momentané et mystérieux des traitres et des lâches. Le droit fait partie de la liberté comme l'amertume fait partie de l'océan. Mais qu'importe. Laissons Zoïle injurier Hommère, laissons Anitas condamner Socrate, laissons Caïphe condamner Jésus, laissons Urbain VIII condamner Galilé, laissons (…) persécuter Christophe Colomb, laissons Fréron déchirer Voltaire. Laissons l'envie et la haine assassiner l'homme juste à coup de calomnie. Laissons faire. Le lendemain est à la vérité. Plus l'insulte sera extrême, plus la gloire sera haute. C'est avec les pierres qui ont lapidé l'homme que l'avenir fait le piédestal de la statue.»(Choses vues, 1846)

En fin d’émission, Jean-Pierre Elkabbach choisira un autre extrait en faisant un parallèle avec Mélenchon et une allusion à la manifestation « Prenons la Bastille », prévue le 18 mars prochain. Il ponctuera en disant : «  C’est beau Victor Hugo ! Hein ?» sans que l’on sache si, de sa part, c’est du lard ou du cochon. Nous prendrons cela dans le bon sens et donc comme un compliment.

Jean-Pierre Elkabbach s’est sans doute souvenu qu’il avait animé en 2002  une séance solennelle au Sénat sur la tolérance avec un hommage à Victor Hugo. Le Sénat avait organisé dans son hémicycle une rencontre associant les lauréats du concours, les Sénateurs élus de leur département, des personnalités emblématiques de la politique, de la littérature, des arts, que le destin aura conduites, à partir de situations extrêmement différentes, à accomplir un chemin parallèle à celui de Victor Hugo, et des comédiens venus prêter leur voix à Victor Hugo. Jean-Pierre Elkabbach, président de la chaîne Public Sénat avait déclaré en début de séance :

« Nous sommes tous vos hôtes, monsieur le président du Sénat. Nous sommes aussi ceux de Victor Hugo. Pour ma part, je suis impressionné d'être là pour la première fois à cette place et parmi vous. Je pense que Victor Hugo aimerait cette journée-événement, qui est retransmise par la chaîne de télévision parlementaire, Public Sénat. Je pense qu'il aimerait vous voir tous ainsi rassemblés dans cet hémicycle du Sénat, où il a siégé, lui qui voulait une chambre haute composée aussi d'écrivains, de savants, d'artistes et de jeunes. Vous, les jeunes, vous avez, outre la jeunesse, la légitimité, l'autorité morale et, aujourd'hui, aussi, une certaine influence, comme vous allez le montrer à travers vos questions. Cela paraît évident et simple. Mais, comme l'a rappelé à l'instant le président Christian Poncelet, il a fallu des luttes pour donner à cette institution l'indépendance et la dignité que nous célébrons aujourd'hui. Faut-il vous rappeler que, pour protester contre le Sénat, qui était alors aux ordres de Napoléon le Petit, le provocateur Hugo avait trouvé drôle d'appeler son chien « Sénat » ? Le Sénat du XXIesiècle qui vous accueille aujourd'hui, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, a la tête haute… Victor Hugo est, bien sûr, une figure emblématique tout à la fois de l'exil et de la tolérance. Le rejet de l'autoritarisme politique fut certainement l'un des principaux motifs de son exil. Mais cet exil lui-même a fortifié d'autres combats contre l'intolérance, sociale ou humaine, qu'il s'agisse de la cause des femmes, des droits des enfants, de la peine de mort ou de l'esclavage. Bien des combats menés par Victor Hugo ont été gagnés depuis lors. En témoigne le corpus - sans cesse complété - des droits universellement reconnus. Et si les principes et valeurs démocratiques sont loin d'être universellement appliqués, ils sont pour le moins, aujourd'hui, très largement revendiqués. »

En fin d’interview de Jean-Luc Mélenchon, le même Elkabbach disait «  Dimanche vous reprenez la Bastille avec votre révolution citoyenne » et enchaînait en lisant donc un deuxième extrait  de « Choses vues » écrit par Victor Hugo en 1846 et  dont nous avons retrouvé l’exactitude…

"Si je n’étais pas républicain,[si je voulais le renversement de la République, écoutez : Je provoquerais la banqueroute ; je provoquerais la guerre civile] ; j’agiterais la rue; [je mettrais l’armée en suspicion; je mettrais la garde nationale en suspicion] ; je mettrais le pays lui-même en suspicion; Je tâcherais de maintenir les boutiques fermées. [je conseillerais le viol des consciences et l’oppression de la liberté] ; je mettrais le pied sur la gorge au commerce, à l’industrie, au travail] ; je crierais: mort aux riches ! Je provoquerais l’abolition de la propriété et de la famille ; Je ferais surgir les spectres de 1793 mais je détruirais la république". [je prêcherais le pillage, le meurtre, le massacre ; je réclamerais un Comité de Salut Public.  En faisant cela, savez-vous ce que je ferais? Je détruirais la République Que fais-je ? Tout le contraire.  Je déclare que la République veut, doit et peut grouper autour d’elle le commerce, la richesse, l’industrie, le travail, la propriété, la famille, les arts, les lettres, l’intelligence, la puissance nationale, la prospérité publique, l’amour du peuple et l’admiration des nations. Je ferais surgir les spectres de 1793.  Je réclame la liberté, l’égalité, la fraternité, et j’y ajoute l’unité.  J’aspire à la république universelle.  Savez-vous à qui il faut dire : « Vous n’êtes pas républicain ? ». C’est aux terroristes.  Vous venez de voir le fond de mon cœur  Si je ne voulais pas la République, je vous montrerais la guillotine dans les ténèbres; et c’est parce que je veux la République que je vous montre dans la lumière la France libre, fière, heureuse et triomphante….]

Et il dit Hugo ou Mélenchon : «  Défendre la société, défendre le peuple, régler le mouvement des idées, modérer le mouvement des esprits, dégager le progrès vrai des hideuses étreintes du faux progrès, protéger la liberté, contenir la réaction, sauver la France, ce qui est la même chose que sauver la civilisation. Voilà pour moi la préoccupation unique, voilà ce qui remplira ma vie ! »

«Choses vues »  est un volumineux ensemble de textes que Victor Hugo avait laissés sans les avoir publiés. Réunis en volume, ils ont paru pour la première fois deux ans après sa mort, en 1887. Le titre a été donné par les éditeurs de ses écrits posthumes et repris par la tradition. Ce titre ne rend pas parfaitement compte du contenu car Hugo n'est pas toujours le témoin oculaire des faits qu'il relate et où les «choses » s'avèrent être aussi bien des événements que des bribes de conversation, des instantanés du quotidien, des descriptions ou des portraits.

Jean-Luc Mélenchon n’a pas relevé l’ultime provocation d’Elkabbach mais commentait: "Il y a beaucoup de choses chez Hugo qui donnent à penser" et , pour respecter l’esprit de Victor Hugo,  a répliqué avec une autre citation du grand poète, citation tirée de la correspondance avec Marie-Terrace (Tome II, 6 février 1853). …

«J’effaroucherai le bourgeois peut-être, qu’est-ce que cela me fait si je réveille le peuple

Ite missa est ! 

Signé : Pidone

 

 

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article