Gauche alternative en Corse
Le document accusateur est-il faux ? La question a ouvert un débat sur le destinataire supposé du document incriminé, Bachir Saleh, recherché par Interpol et qui se trouverait en France. il aurait démenti l'avoir reçu. Le signataire de son côté aurait parlé de falisification en parlant de l'affaire. Ainsi il aurait donc refuser d'authentifier le document. François Fillon a fait savoir qu'il n'y avait "aucune trace d'un mandat international" contre cet ex-dignitaire libyen visé pourtant par "une notice rouge" d'Interpol pour fraude.
La presse réaffirme qu’un mandat international aurait bien été délivré contre Bachir Saleh, sous un autre nom, Bashir Al-Shrkawi fourni par la Lybie. On le trouve même sur le site internet d'Interpol qui diffuse des photos authentifiées par l'AFP à Tripoli comme étant celles de Bachir Saleh. Il n’est d’ailleurs pas exclus que la notice confidentielle contienne un autre nom, par exemple Bachir Saleh. Que fait la police? Certains ajoutent que ce fugitif aurait bénéficié en France d’une protection policière et d'un permis de séjour pour regroupement famlilial. Ce doit être ce que d'aucuns appellent l'immigration choisie.
Fillon a-t-il menti ou bien l’AFP est-elle allé trop vite et trop loin ?
La note controversée aurait été signée par Moussa Koussa, ex-chef des services de renseignements extérieurs libyens. Elle aurait été rédigée à la suite d'une réunion tenue le 6 octobre 2006 en présence de Abdallah Senoussi, beau-frère de Mouammar Kadhafi, de Béchir Salah Béchir, ainsi que de Brice Hortefeux, alors ministre délégué aux collectivités locales et de Ziad Takieddine.
Kadhafi aurait accepté en 2006 de financer pour "50 millions d'euros" la campagne de Sarkozy. M. Koussa, qui vit en exil à Doha, aurait de son côté qualifié de faux le document. Ce dernier a lâché Kadhafi in extrémis contre la promesse qu’aucune poursuite ne serait engagée contre lui. C’est également lui qui avait géré le dossier des infirmières bulgares, en 2007, en lien avec Claude Guéant.
"Nous déposerons plainte contre Mediapart" menace Nicolas Sarkozy. "Ce document est un faux grossier"…"Le canard, on lui a coupé la tête. C'était un document faux. Mediapart est une officine, M. Plenel, c'est le bidonnage à chaque fois", ajoute-t-il sans autre précision sur l’accusation de bidonnage habituel à l’encontre de Médiapart.
Edwy Plenel "attend avec sérénité un éventuel procès", car, selon lui: "il ne suffit pas de contester l'authenticité du document révélé pour mettre fin aux suspicions". Rappelons que Médiapart travaille depuis dix mois sur cette affaire et que des articles ont été régulièrement publiés. C’est aussi Médiapart qui a révélé d’autres dérives comme les écoutes sur les journalistes.
De façon anachronique, Sarkozy ajoutait "Vous croyez vraiment qu'avec ce que j'ai fait à M. Kadhafi, il m'a fait un virement ? Pourquoi pas un chèque endossé ». L’affaire remonte à 2007 et non pas au printemps, à l’époque où Sarkozy entretenait les meilleurs rapports avec Kadhafi, comme avec Ben Ali et Moubarak. Sarkozy n’en est pas à un anachronisme. Par ailleurs, les chèques ne s'endossent plus depuis longtemps.
Dans cette affaire, de son côté Fillon se serait un peu trop mouillé sur RTL en ajoutant que M. Saleh disposait d'un "passeport diplomatique du Niger" et qu'"à ce titre, il est protégé par l'immunité diplomatique". En contradiction avec cette version diplomatique, un haut responsable militaire nigérien, le colonel Djibou Tahirou, a assuré à l'AFP que son pays avait en effet délivré à M. Saleh un passeport "sur le conseil et la pression d'un pays européen" avant de l’annuler. Ainsi M Saleh ne possède plus de passeport diplomatique.
Sagement le candidat socialiste attend le résultat de la décision de justice et évite de descendre dans le débat au niveau voulu par Sarkozy. « Si c'est un faux et bien le site sera condamné, dit-il … si ce n'était pas un faux, à ce moment-là il y aurait des explications à fournir. »
Avant cette révélation contestée, il y a eu l’affaire Karachi et les accusations de financement illicite de la campagne de Balladur en 1995. Dans cette vielle affaire qui traîne dans les arcanes de la justice, M. Galy-Dejean, ex-trésorier de la campagne de Balladur, le met en cause en confirmant des dépôts occultes d’argent. Qui s’y trouve mêlé ? Ziad Takieddine, l’intermédiaire franco-libanais chez qui des caciques de l’UMP aller passer des vacances en toute amitié. Il est devenu leur persona non grata depuis que les affaires ont éclaté. Ce personnage accréditerait l’authenticité de la note publiée par Médiapart. Par contre il ne reconnaît pas sa présence lors de la réunion du 6 octobre 2006 en Lybie.
Il y a beaucoup d’affaires autour du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Certains de ses ministres y ont été mêlés. A l’époque, leur argumentation se résumait à dire « est-ce que j’ai une tête à faire ça ?» et, par la suite, ils ont été rattrapés par des mensonges même si aucune affaire judiciaire n’est à ce jour allée à son terme.
On dit que le doute doit profiter à l’accusé. Ce n’est pas ce qu’a fait Sarkozy, ministre de l’intérieur, lorsqu’il a présenté, dès son arrestation et avant jugement, le mis en cause Yvan Colonna comme l’assassin du Préfet Erignac. Nous ne ferons pas comme lui malgré la multiplication des affaires et des suspicions. Il faudra qu’il s’explique devant la justice en cas de non- réélection et la sanction doit venir d’abord des urnes pour l’ensemble de son œuvre.
Toutefois, cela fait dix mois que Médiapart mène son enquête journalistique. Cela fait dix mois qu’aucune instruction judiciaire n’a été ouverte malgré le faisceau de présomptions. Il n’est pas étonnant que les témoins cités refusent de confirmer leur présence dans une affaire qui les promet à des poursuites judiciaires. Par ailleurs il semblerait que ces témoins aient reçu la protection de la France sous la présidence de Nicolas Sarkozy. C’est là que la justice doit agir pour procéder à tous les actes d’instruction et, si nécessaire, protéger les témoins de toute pression et de tout danger. Nous verrons alors si cette affaire est abracadabrantesque et si elle fera pschitt…
Selon un juriste qui aime le latin « Si Ziad Takkieddine non tacet, Sarkozy ad judicem vadet », à condition qu’il perde son immunité. A ce moment-là, nous ne pourrions que souhaiter la Santé à ce Président non réélu si le document n’est pas un faux et si tout ce que Médiapart a publié est vrai..
signé: Pidone