Qu’avons-nous retenu de l’actualité d’hier ?
La plupart des télévisions ont mis le paquet sur la libération et le retour de Florence Cassez en développant une polémique sur son innocence. Certains n’ont pas hésité à la mettre en doute sans connaître le dossier judiciaire et sans avoir lu le livre qu’elle a pourtant coécrit avec un journaliste. On s’aperçoit que ces commentateurs sont davantage des journaleux que des journalistes. Au lieu de se baser sur des faits vérifiés et des dossiers complets, ils réagissent comme des spectateurs devant les images qui leur sont montrées et en fonction de leurs propres préjugés. Il suffit que l’un d’eux déclenche une polémique pour qu’elle fasse immédiatement échos sans le recul nécessaire. On assiste alors à un déchaînement médiatique digne de la presse sous l’occupation allemande. Chacun y va de ses réflexions pas plus loin que le bout de son nez. Nous en avons même entendu un dire que Florence Cassez n’avait pas apporté la preuve de son innocence. Sans aucun doute, il s’agit là d’un grand journaliste judiciaire. La Justice mexicaine est pourtant passée et il aurait été étonnant qu’elle libère une grande criminelle uniquement sur des problèmes de procédure comme certains commentateurs autoproclamés experts judiciaires le répètent. Les raisons de la libération apparaissent pourtant claires. Les policiers ont fabriqué de fausses preuves et ensuite Florence Cassez est devenu l’otage politique d’une campagne mexicaine contre les enlèvements. Il ne suffit pas d’entendre la vox populi mexicaine désinformée par sa propre presse pour connaître la vérité. Ce qui est sûr c’est que la fabrication de preuves ne conduit pas à la vérité mais installe le mensonge. Sept ans d’emprisonnement sur des mensonges, cela suffit. On se souvient en France de l’affaire des Irlandais de Vincennes et de celle dite « d’Outreau». Cela dit la libération de Florence Cassez ne constitue pas l’événement essentiel d’une actualité et a occupé trop de place hier dans les média. Il y a 2000 Français détenus à l’Etranger. Il y a surtout le sort des otages français qui devraient préoccuper davantage la presse.
Dans le cadre de l’intervention française au Mali, a été diffusé un message de menaces de représailles par un individu masqué qui lit laborieusement un texte dans une mise en scène grotesque mais montrant qu’il dispose de kalachnikovs et d’armes de poing. Les Islamistes, appelés ici "moudjahidines du pays de Sham", invitent les musulmans du monde entier à frapper la France. On notera que l'énergumène qui parle a un très fort accent marseillais... Nous vous présentons l’enregistrement et n’apporterons aucun commentaire sur ces menaces faites par la lecture laborieuse d’un texte haineux et affligeant.
Nous avons consacré notre soirée à regarder et écouter l’émission droitière « Des paroles et des actes » avec son clan de journalistes ultralibéraux qui ont pour mission de démolir toute idée « gauchiste ». La cible était donc hier « Montebourg » avec, dés l’ouverture, des piques ironiques sur le « nouveau Montebourg ». Effectivement, après le Beaujolais, le nouveau Montebourg était là, moins gouleyant pour la Gauche et plus capiteux pour la Droite. En dehors de quelques échanges un peu vifs, nous étions loin de la rhétorique enflammée de l’été 2012 sur les agissements des patrons de Peugeot PSA et AcelorMittal. Après avoir joué le bretteur sabre au clair, le ministre du redressement productif adopte le fleuret moucheté. « Le calme après la trompette » ironise Libération. Tous les commentateurs sont d’accord sur l’assagissement de Montebourg.
Qu’en ressort-il ? Montebourg a botté en touche le "chantage" du PDG de Renault qui a menacé de fermer des sites en cas d'échec des négociations avec les syndicats sur un accord de compétitivité. S’il maintient que Peugeot PSA a dissimulé sa situation et reporté un plan de licenciement après les élections présidentielles, il modère ses critiques sur les patrons du constructeur de véhicules et y va aussi de quelques louanges jetés sur le plateau de la balance pour faire contrepoids des termes « mensonge » et « dissimulation ». Désormais, il évite les phrases du type "Nous ne voulons plus de Mittal en France", tout en les justifiant comme nécessaires parfois à un moment donné. Il défend encore le recours possible à des nationalisations temporaires pour sauver un outil industriel. Il ne s’agit pas pour lui de gérer le système mais de le transformer tout en préférant le capitalisme d’industrie au capitalisme financier. Cela ressemble à la « révolution copernicienne de la gauche » dont parle Mocovici même s’il rappelait que la France rembourse 50 milliards d’intérêts sur la dette chaque année. Il joue sur les mots en définissant la « compétitivité » comme une « performance et une renaissance ». Pour en revenir aux constructeurs automobiles, il explique que chez Peugeot PSA il est question de licenciements et de fermeture de sites alors que chez son concurrent Renault il ne s’agit que d’un gel des embauches sans licenciement et sans fermeture de sites. Est-ce pour autant une réussite du Gouvernement qui détient 15% du capital de la régie Renault et deux sièges d’administrateurs ? Ce soir seront annoncés les nouveaux chiffres du chômage. Mauvais, nous dit-on ! Enfin il est revenu sur la taxation à 75% retoquée par le Conseil constitutionnel à laquelle Hollande s’accrocherait. Il a rappelé que Roosevelt avait fait passer la taxation des plus riches américains de 30 à 65% en premier lieu puis à 71%, 77% et 91% en temps de crise économique et financière.
Un de ses proches a dit : "Pour réussir comme ministre, Arnaud doit montrer qu'il marche sur deux jambes, celle qui endigue et celle qui bâtit. Or aujourd'hui, on ne voit que la première. Pour avancer, il ne peut pas rester unijambiste ». C’est une métaphore que Mondebourg a sorti plusieurs fois lors de ses interventions. Nous n’allons pas lui donner le coup de pied de l’âne et ne commenterons pas davantage ses déclarations face à une entreprise de démolitions orchestrée par l’ineffable Pujadas et son équipe à laquelle il vient d’ajouter une anglo-saxonne comme si les ultralibéraux déjà présents ne lui suffisaient pas. Toutefois nous mentionnerons encore que Pujadas a tenté de mettre chiffon Mondebourg en utilisant une extrait d’interview de Jean-Luc Mélenchon qui a dit que ce dernier servait de « chiffon rouge » au gouvernement, c’est-à-dire d’alibi. Le ministre du redressement productif a évité de répliquer en répondant qu’il n’avait pas une tête de chiffon. Nous avons trouvé qu’il était plutôt considéré comme une tête de Turc, bien que cette expression populaire reflète mal l’histoire de l’Empire ottoman.
Hier, la presse de l’audiovisuel nous est apparue telle qu’elle est : médiocre et mercenaire de l’ultralibéralisme. C’était pourtant la fête de Saint François de Salles, le saint patron des journalistes. Ce saint est fêté par toute l'Eglise universelle le 24 janvier. Une célébration eucharistique au cours de laquelle sont portées dans la prière toutes les personnes engagées au service de la liberté d'information aujourd'hui dans le monde, notamment les journalistes retenus en otage. Malheureusement un pèlerinage annuel à Lourdes ne guérit pas notre presse malade.
Si la télévision offrait par ailleurs de bonnes émissions culturelles, on pouvait éviter de perdre son temps devant « Des paroles et des actes ». Seuls ceux qui captent FR3 Corse Via Stella ont cette possibilité. Nous en profitons pour dire que la chaîne corse offre sur le plan culturel (il ne s’agit que de cela) une programmation très souvent plus intéressante que les chaînes nationales.
U Zarapiccu.