Gauche alternative en Corse
La Corse a été à l’honneur au Salon de l’agriculture où elle a récolté un total de 102 médailles. Une grande partie de la production insulaire y est représentée sur un stand de 500 m2.
Tout le monde est d’accord pour dire que le vin corse s’est bonifié au fil du temps grâce aux efforts des viticulteurs. 75 médailles ont été remportées au concours des vins (29 or, 28 argent et 18 Bronze)
La bière corse est appréciée et a obtenu 1 médaille d’argent pour la brune.
Depuis longtemps, les bouilleurs de crû tirent de leurs alambics des nectars. Aussi , une médaille d’or a été décernée aux eaux de vie de fruits
Autre nectar produit par des abeilles heureuses sur l’île, les miels AOC ont reçu une médaille d’argent.
Autre production ancienne qui renaît sur l’île, les huiles d’olive AOC ont remporté 6 médailles (3 or, 2 argent et 1 bronze)
Enfin, les produits laitiers, appréciés dans nos assiettes, ont été récompensés par 18 médailles (6 or, 10 argent et 2 bronze).
Cette pluie de médailles démontre à ceux qui ne veulent pas le voir que les activités agro-pastorales restent en Corse des activités essentielles pour l’économie et le rayonnement de l’Île. Elles ne doivent pas être sacrifiées au profit de la spéculation ’immobilière et du tourisme, mais être protégées partout où cela est nécessaire. Les éleveurs et les agriculteurs ne doivent plus voir les pâturages et les terres cultivées devenir les terrains des spéculateurs aidés par des PLU abusifs.
Ouvrir à l’urbanisation des terres agricoles, c’est le projet d’une poignée d’affairistes et de bandits. Des municipalités élaborent des PLU (plan locaux d’urbanisme) sous la pression ou par compromission. De petits propriétaires recevraient des offres qu’ils ne peuvent refuser. Des zones agricoles sont déclarées constructibles, souvent au mépris de la loi Littoral. Que font les autorités supérieures ? Des services de l’État laissent passer des documents illégaux. Heureusement des associations, malgré la pression qui peut aller jusqu’à la menace physique et le plasticage, vont en justice et arrivent parfois à obtenir des décisions qui empêchent cette illégalité. Sur les 23 PLU élaborés en Corse, 12 ont été retoqués par un tribunal. Voilà une médaille de plomb à décerner : la Corse est championne de France.
La prédation des espaces naturels et agricoles, déjà répandue sur le littoral, vise maintenant l’intérieur des terres. Il a fallu que l’ancien maire d’une ville de l’intérieur mette en garde le sous-préfet sur les conséquences de la validation d’un PLU qui devait urbaniser des dizaines d’hectares. Malgré le risque que le sang ne coule, le représentant de l’Etat a validé le PLU. S’en est suivie une série d’homicides.
Il nous vient à l’oreille une strophe de la chanson du groupe U populu corsu : Un paisanu…
Hè fattu di sangue un paisanu
Quandu a rimigna strangera
Li porta lu focu è lu dannu
Face corre u sangue un paisanu.
Li porta lu focu è lu dannu
Face corre u sangue un paisanu[1].
Des agriculteurs exploitants sont expulsés par arrêté préfectoral. Sur des communes, des maires sacrifient l’agriculture et le développement de sa production en temps de crise pour imposer le tout immobilier et le tout tourisme. Contre les prédateurs immobiliers, il faut soutenir les victimes qui sont souvent détenteurs de baux anciens auxquels il est mis fin brutalement.
Nous espérons que les 150 producteurs corses qui se sont rendus au salon international de l’agriculture et les médailles ramenées feront réfléchir nos élus sur l’avenir des terres agricoles et de ces producteurs qui font honneur à leur Île, contrairement à ceux qui la dépècent en clamant que seul le tourisme est nécessaire à l’économie insulaire.
Terranu corsu.
[1]Il est fait de sang, un paysan
Quand le chiendent étranger
Lui apporte le feu et les dégâts
Il fait couler le sang, un paysan.