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Gauche alternative en Corse

Ecotaxe pour les poulets à la Financière?

sarko_bonnetrouge

Ne voyez aucun rapprochement entre la révolte des poulets bretons et la colère des poulets corses. Le poulet breton est élevé en batterie pour passer à l’abattoir et être congelé avant d’être exporté. Ce n’est pas lui qui se révolte mais ceux qui l’engraissent pour le vendre congelé.  En Corse, il s’agit de la maison poulaga et les poulets sont policiers. Ils ne se plaignent pas d’être trop nombreux dans un espace réduit mais de manquer d’effectif et de moyens.  Sans doute les éleveurs de poulets bretons doivent penser que les Français paient trop d’impôts, que la réduction des effectifs dans la fonction publique doit leur permettre d’élever plus de poulets bretons et que l’argent économisé doit tomber dans leurs escarcelles. Il faudrait faire le calcul : combien de poulets surgelés valent un poste de poulet corse ? Les salariés de la filière volaille bretonne, à la quelle s’est jointe la porcine, se font des illusions en pensant que des subventions vont sauver leurs emplois. Si les volaillers avaient pour soucis de créer des emplois, ils se seraient reconvertis dans le bio depuis longtemps comme dans le Gers. Les industriels des filières volaille et porcine ont préféré avoir recours au dumping social, aux subventions européennes et à la production intensive. Pour cacher leurs turpitudes et leur responsabilité dans la déconfiture de leurs entreprises, ils ont instrumentalisé l’écotaxe inventée par Sarkozy et Fillon pour retourner sa mise en place contre François Hollande et Jean-Marc Ayrault qui ont eu la faiblesse de la suspendre. Ils ont entraîné dans des débordements leurs salariés menacés de chômage. Voilà des chefs d’entreprises petits patrons (car l’élevage industriel est une entreprise comme une autre) qui s’insurgent contre les impôts lorsqu’ils doivent faire preuve de solidarité et réclament des subventions pour continuer à tirer profit de la mauvaise gestion de leurs entreprises. L’affaire s’est gonflée comme une baudruche. Elle est devenue une opération de sauvetage de toute la Bretagne qui, jusque là, a un taux de chômage des plus bas, bien en dessous de la Corse et de la région Nord notamment. Nous assistons à une véritable machination politique, une mauvaise mayonnaise sachant que les poulets bretons ne pondent pas.

Trop de poulets en Bretagne, pas suffisamment en Corse !… N’allez pas croire que nous voulons des poulets bretons à la chair molle même pour les touristes bretons. Nous conseillons à nos amis bretons de ne pas croire à la poule aux œufs d’or en se laissant manipuler par des éleveurs-entrepreneurs plus soucieux de profit que de social. Faites plutôt confiance aux syndicats qui vous défendent qu’à des patrons qui vous exploitent. Ceux qui vous trompent sont responsables de l’effondrement de filières spécialisées dans la mauvaise qualité de leurs produits. Ils ternissent l’image de la Bretagne. Ils méritent davantage un nez qu’un bonnet rouge. D’autres moins nombreux ont fait le choix de la bonne qualité et de l’avenir. Ils  honorent votre belle région et préservent les emplois.

Hollande et son gouvernement ont cédé une fois encore devant une fronde emmenée par des petits entrepreneurs. Cela n’a rien changé dans l’attitude de ces derniers. Cependant cette fronde aura eu un résultat inattendu. Les Chouans se sont échoués sur un écueil caché jusque là. L’écotaxe apparaît, pour les uns, comme une mesure nécessaire pour faire évoluer les mœurs économiques et, pour les autres comme « Un retour à la Ferme Générale de l’Ancien Régime ». Les camions sont pointés par des portiques qui enregistrent leur passage qui sera taxé. Le gouvernement Fillon a validé cette option, peu après le Grenelle de l’environnement. Les conditions de sa mise en place sont révélatrices de l’usage de l’argent public et de la gestion de ce dossier par l’équipe gouvernementale de Fillon et Sarkozy. C’est la première fois que la collecte de l’impôt est confiée à des entreprises privées. Le marché du recouvrement de l’écotaxe a été donné à un consortium de sociétés (emmené par Benetton, Goldman Sachs, Thalès et SFR) qui gère la plus grande partie  des autoroutes italiennes. Ce contrat, signé in extrémis en mai 2012 juste avant les Présidentielles, est dénoncé aujourd’hui comme abusif. Serait-il une bombe à retardement laissé par Sarkozy ? Si l’on s’interroge sur le rôle joué par son prédécesseur, on se demande aussi pourquoi ce contrat n’a pas été dénoncé plus tôt par François Hollande. Donc une nouvelle affaire politico-financière s’est ouverte et nous verrons quelles mauvaises surprises elle réserve en préjudices financiers supportés par les contribuables. On apprend déjà que 20% de l’écotaxe devait rester dans les caisses du consortium et que la rupture du contrat peut entraîner un milliard d’euros de dédommagement dû au pool financier. Sur un total de 1,2 milliard d’euros collectés, environ 280 millions d’euros sont consacrés à la rémunération du prestataire privé qui assure le recouvrement. Soit 23 % ! C’est la taxe la plus coûteuse jamais mise en place. « A titre de comparaison, ce pourcentage ne dépasse pas 1,2 % pour l’impôt sur le revenu » mentionne un rapport de la commission des finances rendu en février dernier par les sénateurs. « Pour les services des douanes, la masse salariale coûte un milliard d’euros, pour des rentrées fiscales de 67 milliards d’euros. Le coût de recouvrement de l’écotaxe est complètement prohibitif ! » explique le Syndicat Solidaires Douanes, administration destinataire de l’écotaxe. C’est la preuve qu’un fonctionnaire coûte moins cher qu’un portique privé.

Est-ce que des poulets de la Brigade financière seront saisis de ce dossier ? Pour le moment il n’est question que d’une commission parlementaire et l’actuel ministre de l’économie veut renégocier le contrat. D’autres crient au scandale. Certains élus de l’ancienne majorité critiquent timidement le contrat passé. Tous incriminent les socialistes et affirment que trop d’impôts tuent l’écotaxe pour détourner l’opinion publique de l’affaire révélée. On peut penser que, si les poulets bretons avaient des dents, on pourrait espérer un jour connaître la vérité de cette affaire qui déchire l’UMP sur fond d’élections municipales à Paris. Leur candidate NKM a signé le contrat suspect lorsqu’elle était ministre. Comme son collègue Ministre des transports, elle est évidemment prête à défendre sa signature. Avant d’avoir à le faire, elle se présentera à la mairie de Paris dans l’espoir d’être élue.  Nous aurons comme toujours des responsables qui ont cru bien faire mais pas de coupables. Christine Lagarde a cru bien faire dans l’affaire Tapie. Woerth a cru bien faire en vendant un hippodrome à bas prix… etc. La vie de ces politiciens compromis est un long fleuve tranquille. Devant une difficulté de parcours, on leur ouvre des écluses et ils continuent ensuite à se la couler douce.  

Tout cela nous éloigne de nos poulets insulaires. Il s’agit des enquêteurs de la police judiciaire, ceux qui fouillent et fouinent sous le contrôle et les instructions des magistrats. Ils enquêtent sur la grande délinquance : le banditisme et les cols blancs. On connaît les habitudes des différends ministres de l’intérieur qui préfèrent envoyer d’autres poulets élevés en batteries contre les sdf, les manifestants et les grévistes. Ils sont plus préoccupés par l’immigration que par la lutte contre les dérives mafieuses et les affaires politico-financières.

Le pouvoir socialiste est en pleine déliquescence. On lui vole dans les plumes. La droite et l’extrême-droite en profitent pour manipuler les salariés avec l’aide des média dont certains jouent un rôle trouble dans les moyens mis en oeuvre pour certains événements et le silence adopté pour d’autres. Les socialistes ont cru profiter du mauvais traitement médiatique accordé au Front de gauche et à ces composantes.  Ils n’ont pas vu que les média n’ont fait que mettre le doigt où ça blesse le gouvernement Ayrault et François Hollande tout en faisant la promotion du Front national et de Nicolas Sarkozy. Le traitement de l’affaire de l’Ecotaxe en est un exemple. Sur un autre plan, celui de l’affaire Leonarda est exemplaire. D’aucuns sont allés jusqu’à organiser des duplex entre la France et le Kosovo, déployant des moyens exorbitant pour focaliser sur un cas particulier, le montrer sous ses aspects négatifs et ainsi ridiculiser la décision hâtive et incohérente de François Hollande. Le problème plus général des jeunes scolarisés expulsés a été négligé malgré les manifestations de lycéens et c’est la xénophobie qui a gagné des points. Malgré les banderoles, un autre prénom « Hatchik », un jeune Arménien expulsé n’a été repris que par quelques média. Leonarda a été surmédiatisée parce qu’elle est Rom et défavorisée par les déclarations de son père. On peut parler de lynchage médiatique déguisé en reportage humanitaire. Certains journaleux ne devraient pas être fiers de la mascarade à laquelle ils ont participé.

On dit que les gourmands creusent leurs tombes avec leurs dents. François Hollande creusent la sienne politique avec sa démocratie libérale qui justifie aujourd’hui l’expression de « gauche molle » pour ne pas dire « centre droit ». Il fait ce qu’il y a de pire : il continue à tenir un faux discours de gauche en appliquant une politique de droite. Il est devenu le tendon d’Achille de sa politique. A force de grands écarts et d’élongations, il va forcément y avoir rupture d’autant plus que la Droite lui donne de grands coups de pied dans les chevilles. Il a choisi son cap. Ce n’est pas le nôtre. Il ira, sans nous et avec son équipage, vers son naufrage dont il portera l’entière responsabilité. Comme il partagera avec l’UMP la responsabilité de la montée du Front national entretenue et accentuée par des sondages orchestrés.

Battone

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