Gauche alternative en Corse
Les terroristes fanatiques de L’Etat Islamique de l’Irak et du Levant (ISIS ou Daesh… ou beurk) menacent la France directement et un premier otage français a été sauvagement tué en Algérie, alors qu’un autre est toujours détenu au Mali sans que l’on ait de nouvelles récentes sur son sort.
« Si vous ne pouvez pas trouver d’engin explosif ou de munition, alors isolez le Français infidèle. Ecrasez-lui la tête à coup de pierre, tuez-le avec un couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le dans le vide, étouffez-le ou empoisonnez-le… Nous conquerrons votre Rome, nous briserons vos croix et nous réduirons vos femmes en esclavage.» C’est le message adressé par l’État Islamique aux millions de musulmans qui se trouvent actuellement en France.
Les terroristes demandent à tous leurs fanatiques de tuer des Français par tous les moyens jusqu’aux plus barbares. La question est de savoir si des Français musulmans répondront à cet appel ? Ils ne sont certainement pas un grand nombre à s’être radicalisés et c’est pour cela que la grande majorité des Français musulmans devraient montrer leur attachement à la France, à la laïcité, à la tolérance, à la démocratie. L’extrême-droite et la droite les y incitent pour ensuite dénoncer leur silence. Selon le Ministère de l’Intérieur, un millier de djihadistes français sont connus mais leur nombre serait plus important. Les crimes barbares des terroristes devraient soulever l’indignation publique des millions de Français musulmans qui ne veulent pas être assimilés à la dérive djihadiste par l’extrême-droite. Il serait souhaitable qu’ils manifestent massivement leur réprobation pour aussi dissuader, parmi eux, les assassins potentiels. C’est une chance à saisir pour mettre un arrêt à la montée de l’islamophobie et du Front national dans l’Hexagone. On ne peut pas se dire victime de discrimination et approuver l’intégrisme religieux, raciste et barbare, ne serait-ce que par une passivité qui prête à une accusation de complicité. Les manipulations au nom des religions démontrent la nécessité de la laïcité républicaine. Des républiques islamiques, chrétiennes, juives… ne sont pas des républiques mais des dictatures religieuses même si on les qualifie de modérées. Elles installent légalement la discrimination religieuse et la soumission à un dogme. Elles créent des communautés de sous-citoyens, génèrent des pogroms et des génocides.
Des chrétiens ont massacrés juifs et musulmans, les musulmans massacrent des chrétiens, et les juifs massacrent des musulmans! Comment accepter en silence que, au 21ème siècle, l’on massacre encore des « infidèles », c’est-à-dire des gens stigmatisés à cause de leur race ou de leur religion ?
De jeunes musulmans britanniques, relayés par des imams réputés de la communauté, participent à une campagne sur internet et les réseaux sociaux baptisée "Not in my name" ("Pas en mon nom") contre les comportements des jihadistes, qui, selon eux, n'ont rien à voir avec l'islam.
Des Français musulmans ont déjà dénoncé individuellement la barbarie des djihadistes assassins. Les communautés musulmanes ne doivent pas être les spectateurs passifs de l’islamisme liberticide. Leur silence serait stigmatisé comme une acceptation de la barbarie qui touche pourtant d’autres musulmans dans le Moyen-Orient, le Sahel et le Maghreb. En dénonçant sans relâche les terroristes fanatiques qui tuent leurs concitoyens et se livrent à des pogroms, les Musulmans montreront aux islamophobes leur intégration à la république française et à ses valeurs. Il ne suffit pas de dénoncer l’Islamophobie, il faut aussi la contredire par des actes forts de citoyenneté et de solidarité même si (et surtout si) c’est la droite et l’extrême-droite qui le réclament pour ensuite démentir cette passivité qu’ils attendent.
Revenons sur ce qui se passe en Irak et en Syrie. L’Etat islamique de l’Irak et du Levant est une entité pseudo-politico-religieuse particulièrement réactionnaire et barbare qui a prospéré lors des crises et des guerres multiples qu’a connues cette région du Moyen-Orient ces dernières années. Ses membres se sont emparés d’un territoire à partir duquel ils font régner la terreur. C’est aussi la conséquence de la politique des Etats Unis en Irak où une dictature excluant les Sunnites a succédé à celle de Saddam Hussein. Au lieu d’une réconciliation nationale, des fractures profondes se sont installées au sein de la population. L'accaparement des ressources de la région (en particulier le pétrole) au profit des multinationales constitue un enjeu majeur de cette politique. L’intervention en Lybie s’avère tout aussi catastrophique et n’a fait qu’aggraver la situation. S’est ajoutée la guerre civile en Syrie qui est devenue un autre terrain d’action des djihadistes. Les printemps arabes se sont transformés en de multiples vêpres siciliennes. Les dictatures succèdent aux dictatures pendant que les peuples souffrent.
Dans un récent communiqué d’Ensemble, il est rappelé les jeux d’influence des puissances régionales comme la Turquie, l’Arabie Saoudite ou le Qatar sans oublier Israël, l'Iran... Les divisions ont été attisées par les impérialismes occidentaux et les multinationales. L’absence de soutien réel aux forces démocratiques de la révolution syrienne a permis à « l’EI » d’accroître ses positions en Syrie.
Ensemble a donné sa position dans son communiqué. Nous la rappelons…
« L’opération de la coalition internationale dirigée par les Etats Unis ouvre une nouvelle phase d’intervention des grandes puissances et ne permettra pas de résoudre la crise en cours. Elle renforce « l’EI » dans sa prétention à se constituer comme l’adversaire principal des « pays occidentaux ».
Une autre politique est possible et nécessaire. Elle aurait supposé de contester la mise à l'écart de la composante sunnite dans les institutions irakiennes. Mais elle implique surtout de compter avant tout sur la capacité des peuples du Moyen-Orient à trouver par eux-mêmes une issue à la crise en cours. Les forces progressistes en lutte contre les régimes oppresseurs devraient recevoir un soutien matériel, y compris sur le plan militaire - c'est le cas des forces des composantes démocratiques de la résistance syrienne qui se battent contre Bachar El Assad et l’avancée de « l’EI » et d’autre part des forces kurdes qui sont engagées dans cette bataille. Mais cela est aux antipodes des grandes manœuvres impérialistes en cours que nous dénonçons. Au moins faudrait-il que les élus français au Parlement européen exigent que le parti kurde du PKK soit retiré de la liste des organisations terroristes établies par l’Union Européenne.
C’est la condition pour pouvoir isoler les forces réactionnaires de « l’EI » et rendre possible une reprise en main par les peuples d’Irak et de Syrie de leur propre avenir.
Si la barbarie des djihadistes les désigne comme étant les méchants, le terme est en dessous de la réalité. Ce sont des Barbares qui se comportent en hordes sauvages. Il ne faudrait toutefois pas tomber dans un manichéisme aussi simpliste que celui qui nous est inculqué par la propagande guerrière. Il faut se souvenir du dicton « Gentil n’a qu’un œil ». Il faudrait revenir à la genèse des crises et des guerres au Moyen-Orient pour comprendre qu’il ne s’agit pas aujourd’hui de constater des événements sans causes. La barbarie s’est installée avec de multiples complicités dans les jeux géopolitiques et les enjeux économiques.
Un intellectuel libanais non musulman avait livré son analyse de la situation dans un article publié le 17 septembre 2013. La lecture de cet article donne à réfléchir sur une information qui n’est pas celle de la pensée unique et de la propagande des puissances occidentales… On peut discuter ce qui est écrit mais cela a le mérite de revisiter la réalité historique, ce que « l’information-kleenex » ne fait pas.
Sykes-Picot énergétique au Levant
Quelle est la réelle teneur de l’accord Kerry-Lavrov implémenté par Obama-Poutine ? Le dossier chimique syrien dans cet accord n’est qu’un paravent à conneries. Personne n’est plus dupe depuis belle lurette des ententes successives dans la région, du moins pour ceux qui suivent le chapelet des accords signés depuis l’accord du Caire jusqu’à « la corde » de Doha en passant par l’accord de Taëf. Car ce qui est en jeu dans notre région ce sont les hydrocarbures de la Méditerranée. La guerre en Syrie a été déclenchée pour occuper l’Iran et la Syrie et empêcher ce tandem d’accéder au gaz méditerranéen. N’est-ce pas Roland Dumas qui a avoué avoir vu se proposer il y a de ça quatre ans par des sujets de Sa Majesté de participer à un coup contre la Syrie ? Après que les USA se sont rétractés de leur mascarade punitive contre la Syrie, il semble bien que les princes Saoudiens et consorts vont s’occuper de régler le sort du Marquis d’Assad.
Les lamentations et les jérémiades sur la situation dans notre région levantine ainsi que les commentaires acerbes et autres insultes contre la Russie et l’Amérique n’y feront rien : ces deux puissances mijotent leur tambouille. Poutine se fiche de Bachar comme de son premier samovar et Obama s’en contrefiche comme de son premier bol de cornflakes. Il semble plutôt que les récents accords Russo-US soient le prélude à un Sykes-Picot énergétique au Levant. On aurait en gros le schéma suivant :
La Russie hérite du gaz syrien méditerranéen, avec ou sans Bachar ; plutôt sans. La faillite chypriote a beaucoup lésé les Russes qui avaient placé leurs avoirs dans les banques de Chypre. Ils seront donc largement (ré)compensés.
Israël fait des affaires avec la Turquie. Un projet de gazoduc sous-marin serait à l’étude pour pomper le gaz israélien vers la Turquie - en passant par le Liban et la Syrie - pour alimenter l’Europe, puisque les infrastructures existent déjà en Turquie. Et puisqu’Israël s’est excusé auprès de la Turquie pour la bavure du Mavi Marmara.
L’Europe, les USA, la Grande-Bretagne s’occupent du gaz libanais et chypriote.
Les USA s’occupent déjà du gaz israélien.
Résultat : l’Oncle Sam est gagnant sur le plan énergétique.
Tous les remous qui secouent notre région sont directement liés au dossier énergétique méditerranéen, et ce, en vue de dessiner une distribution énergétique. Personne dans notre région n’a intérêt à ce que la Syranie mette la main sur ces vastes réserves méditerranéennes sinon elle contrôlera un front stratégique allant de Naqoura à Alexandrette et prendra en otage toute la Méditerranée. L’Iran aurait déjà commencé à prolonger un gazoduc passant par l’Irak et aboutissant sur le littoral syrien.
En attendant, le plan de destruction de la région se poursuit de manière implacable. Un plan initié il y a quelques décennies par un certain Henry Kissinger.
Serge Gélalian 17 sep 2013
Sans se laisser gagner par l’émotion de l’assassinat sauvage d’un Français qui n’avait rien à voir avec cette sale guerre, chacun doit se faire son opinion et sortir du formatage médiatique ! Si la barbarie des terroristes de l’EI est condamnable, il ne faudrait pas oublier les politiques qui ont conduit à cette situation catastrophique, le rôle joué par chaque grande puissance, la question du financement et de l’armement de groupes manipulés, d’incontrôlés devenus incontrôlables. Ces bandes armées d’assassins prospèrent dans des régions où les dictatures et les conflits d’intérêts empêchent la démocratisation et le développement. Ils se fédèrent pour commettre des atrocités au nom de l'Islam alors qu'ils sont sans foi ni loi. L’ONU n’est qu’une assemblée où les conflits d’intérêts rendent stérile son influence et son rôle d’arbitre international. L’OTAN est une machine de guerre au service des USA. Ce que l’on appelle la communauté internationale n’aura une réalité que lorsqu’elle sera la communauté des peuples et non des grandes puissances.
On peut aussi s’interroger sur l’ambigüité du rôle joué par la Turquie (alliée des USA), si proche de la Syrie et l’Irak. Les takfiristes/djihadistes/salafistes circulent et manifestent en toute tranquillité dans une Turquie où les démocrates sont réprimés et emprisonnés par Erdogan, nouveau Président et leader des ultranationalistes islamistes. Les Djihadistes blessés y sont même soignés. L'attaque lancée par les Djihadistes contre le bourg arménien de Kessab en syrie, près de la frontière turque en mars dernier avait mis en évidence le soutien que leur apportent les autorités turques. D'ailleurs les assassins djihadistes s'en prennent tout particulièrement aux Kurdes et aux Arméniens, en conflit permanent avec l'Etat turc. Trois Djihadistes français viennent d’être « expulsés » par la Turquie mais ne sont pas arrivés par l’avion annoncée par les autorités turques. Ces Français suspectés de terrorisme ont débarqué sans escorte et en toute liberté à Marseille alors qu’ils étaient attendus à Paris. Comment interpréter un tel bug de communication entre les polices turque et française ? On nous parle d’expulsion et ensuite de retour volontaire, d’une panne du système informatique de la police des frontières qui a empêché l’interception des djihadistes à leur arrivée. Nous a-t-on tout dit sur cette embrouille?
On ne peut que le dire et le redire : la situation au Moyen-Orient ne se réduit pas à la barbarie des djihadistes. Evidemment il faut combattre l’obscurantisme et cette barbarie mais il faut aussi se demander à qui cela profite et qui sont les complices ou du moins les responsables de cette évolution du terrorisme et de la situation internationale. Ce n’est pas la propagande guerrière des uns et des autres qui nous y aide.
Les conflits racistes et religieux ne doivent pas être importés en France, pays qui a fait de la laïcité une valeur républicaine. La France ne doit pas se créer des ennemis intérieurs. La seule constante dans les crises et les conflits, c’est que ce sont les peuples qui souffrent. C’est à des gens du peuple que s’attaquent les terroristes djihadistes parce qu’ils sont des proies faciles. Dans toutes les guerres modernes, les civils meurent plus que les soldats. A la violence économique s’ajoute la violence physique, la terreur et la mort.
Battone