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Gauche alternative en Corse

Changement de capu à Ajaccio et Bastia

Publié le 31 Mars 2014 par Manca alternativa in Ajaccio, Bastia, Corse, FNLC, Municipales, Renucci, Simeoni

En Corse, contrairement à ce qui se passe habituellement dans les petites communes, les électeurs ont choisi le changement maintenant à Ajaccio et Bastia. Nous voulons parler du changement de municipalités.

A Bastia, une coalition a contré la succession du père par le fils Jean Zucarelli. A la tête de cette coalition, c’est toutefois le fils Gilles Simeoni, nationaliste modéré, qui s’assiéra dans le siège du premier magistrat de Bastia. C’était sans doute prévisible puisque nous avions lu dans un roman « Commando FNLC », écrit par Jean-Pierre Santini, une fiction qui pourrait apparaître aujourd’hui comme la prédiction imaginaire de cette victoire :

  1. PETIT PORTAIT extrait du livre "COMMANDO FLNC" publié en janvier 2013. On ne peut pas dire que l'alliance avec la droite n'était pas annoncée.

    Ghislain Simoni se situait un cran au-dessus de tous les autres. Il avait de qui tenir pour l'éloquence et le charisme. Fils d'Albert Simoni, le héros des évènements de Bravone en 1975, il avait fait de brillantes études de droit avant de reprendre le ...cabinet de son père. Il s'était aussitôt distingué comme l'un des meilleurs avocats du barreau de Bastia et s'était engagé résolument dans la défense des patriotes emprisonnés ce qui lui valait une estime publique générale. C'est sans doute cette qualité qui lui permit d'entamer une belle carrière politique en transcendant les courants traditionnels du nationalisme, pour se rallier à la fois les couches populaires dans les quartiers sud et une fraction de la bourgeoise locale installée au centre-ville. Comme son père, Ghislain Simoni, portait beau, ce qui ne laissait pas indifférent l'électoral féminin. Il avait donc lancé un mouvement dont il était le principal animateur et qui, par sa dénomination même, prétendait faire la Corse : « Femu a Corsica » (Faisons la Corse). La première personne du pluriel constituait le leurre habituel de tous les chefs qui donnent à leur troupe l'illusion qu'elles participent à l'élaboration des projets politiques. En cela, Ghislain Simoni se situait parfaitement dans la tradition de la démocratie française dont le seul but est de permettre à une classe politique de confisquer la souveraineté populaire. Ses études en droit lui avaient permis de renforcer une conviction déjà largement acquise auprès de son père et renforcée par l'observation quotidienne des jeux politiciens. Il avait fait sienne la formule de Condorcet qui déclarait en 1792 : « Mandataire du peuple, je ferai ce que je crois le plus confirme à ses intérêts. Il m'a envoyé pour exposer mes idées et non les siennes. » Tout le mépris pour les citoyens est ainsi exprimé. Ils n'ont pas d'idées et leur choix se limite à celles exposées par les candidats aux divers scrutins. Comme tous les politiciens de Corse, de France et de Navarre, Ghislain Simoni était convaincu que le peuple n'avait ni imagination, ni intelligence, ni capacité à faire lui même acte de souveraineté. Certes, suivant l'exemple paternel et plus généralement ceux que donne la démocratie représentative, il demandait leur avis aux adhérents de son parti et aux électeurs pendant les campagnes. Il organisait des séminaires ou de grandes assemblées sous chapiteau, mais la messe était déjà écrite par lui-même et son staff. Les questions habilement orientées trouvaient des réponses toutes faites au point que l'assistance s'en émerveillait. C'est un cerveau, disaient les plus admiratifs, quand il n'était qu'une mécanique soigneusement mise au point pour donner l'illusion d'une intelligence spontanée ou d'une imagination créatrice. Bref, l'homme faisait florès, recueillant le respect silencieux des hommes et l'adulation hystérique des femmes. Il rêvait par-dessus tout de devenir maire de la bonne ville de Bastia dominée depuis un siècle par la famille Zuccarelli. Il était fort probable qu'il y réussisse un jour grâce au pacte secret passé avec la droite traditionnelle. Il n'était pas à une contradiction près, choisissant ainsi pour alliés les meilleurs défenseurs locaux d'un pouvoir qu'il qualifiait parfois, mais de plus en plus rarement, de colonial afin d'entretenir le moral d'une base encore embuée de nationalisme. Le père avait donné la leçon qui, autrefois, avait su réaliser des unités de façade à but électoraliste entre autonomistes et indépendantistes allant même jusqu'à rencontrer discrètement les représentants de l'organisation clandestine pour négocier avec eux des contrats ponctuels tout en dénonçant publiquement leur action. Cela faisait partie d'un jeu qu'acceptaient de jouer eux-mêmes les chefs du FLNC. C'est qu'on était entre soi dans ce petit monde qui avait soutenu jusqu'au dernier moment la guerre coloniale menée par la France en Algérie. Les ascendants idéologiques des nouveaux venus sur la scène politique nationaliste ne les conduisaient pas à rechercher les voies et moyens d'une société solidaire, plus juste et plus égalitaire. Presque tous étaient fascinés par le libéralisme et se comportaient en parfaits représentants d'une bourgeoisie locale qui espérait faire grossir sa boutique dans le cadre d'une autonomie de gestion.
  2. "Toute ressemblance avec des personnes ayant existé ou existantes serait de pure coincidence et donc fortuite".

A Ajaccio, Simon Renucci est battu et n’a pas obtenu un troisième mandat. Sans doute, le choix du PCF de faire alliance au premier tour en divisant le Front de gauche, la dissidence de Mme Anne-Marie Luciani qui n’a pas donné de consignes de vote au 2ème tour et le maintien d’une liste nationaliste ont pesé dans les résultats puisque Simon Renucci n’a pas disposé d’une réserve de voix suffisante. Son discours de campagne ne s’est pas avéré rassembleur lorsqu’il proclamait sa foi en la social-démocratie. Il a assumé par l’échec son soutien à la politique de Francois Hollande au sein du parti social-démocrate corse.

En Corse, c’est aussi le vieux parti radical de gauche avec ses deux courants, social libéral et républicain « dit de gauche », qui a subi cette défaite. « Républicain de gauche », c’est le clan Zucarelli. On se souvient que le père Emile avait choisi Jean-Pierre Chevènement contre Chistiane Taubira aux présidentielles de 2002. Il eut en son sein Bernard Tapie qui a soutenu Nicolas Sarkozy (Allez savoir pourquoi ?). Ce parti désuet et sous perfusion du Parti socialiste n’est en fait ni radical ni de gauche mais centriste. Il avait pris l’appellation de Parti radical socialiste pour soutenir la candidature aux Présidentielles de Lionel Jospin avant de revenir à sa vieille étiquette qui fait surtout recette en Corse et en Midi-Pyrénées. C’est un parti qui, comme la droite en Corse, s’est maintenu par le clanisme et le clientélisme.

La Corse a, comme ailleurs, besoin d’un renouvellement de la classe politique si elle veut se sauver de ses vieux démons. C’est à la jeunesse de ne pas se laisser embarquer dans le clanisme et le clientélisme d’où qu’il vienne. Il faut se méfier de la propagande médiatico-politique. Aujourd’hui, s'informer devient une compétence, indispensable à propager pour la démocratie (Cynthia Fleury, philosophe)

U Barbutu

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