• Un urgent besoin de syndicalisme !

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    "Jean Jaurès et le syndicalisme, une pensée et une action sociale", tel était le thème la journée d’étude, co-organisée, le 17 juin, par l’Institut CGT d'histoire sociale et l'Humanité, dans une actualité qui délivre un message médiatique anti-syndical. Il y aura cent ans qu'ils ont assassiné Jean-Jaurés. Aujourd'hui c'est le syndicalisme de lutte qu'ils veulent assassiner.

    L’UMP veut interdire aux magistrats de se syndiquer pour en faire des petits soldats d’une nouvelle grande muette. La presse, qui revendique son indépendance sans l’utiliser, se fait l’écho des lobbies anti-syndicats. Il suffit de constater comment les grands médias déforment l’information à chaque grève pour monter l’opinion publique contre les grévistes. Prenons comme exemples les deux dernières grèves à la SNCF et à la SNCM.

    Un an après le déraillement de Brétigny, des experts viennent de pointer du doigt  la vétusté des chemins de fer et la presse en rajoute alors qu’elle minimisait cela lorsque les grévistes le dénonçaient. La vétusté est devenue un sujet d’actualité pour servir à un nouveau pas vers la privatisation de la société nationale. Contre les syndicats, on préfère insinuer qu’ils défendent des privilèges (qui ne sont que des droits sociaux acquis de longue lutte) et, lors des grèves, interroger les usagers mécontents.

    Le conflit à la SNCM est relaté comme un abus de grève par la CGT, alors que tous les syndicats sont solidaires, sauf la Syndicat des Travailleurs Corses pour des raisons politiques liés à son obédience nationaliste. C’est l’occasion de stigmatiser en particulier la CGT, au mépris de la réalité d’un dossier complexe dans lequel les responsabilités n’incombent pas aux syndicats mais à ce qu’ils dénoncent depuis longtemps et qui arrive à son terme : le démantèlement de la compagnie maritime nationale après une privatisation catastrophique et sous les coups de boutoir des lobbies du low cost au sein de la commission européenne. L’enjeu est de 4000 emplois menacés! Devant l’attitude du gouvernement, avant et pendant la grève, nous avons entendu un responsable de la CGT dire que Manuel Valls ne devait plus citer Jean Jaurès et que sa référence est Mme Thatcher. Il est vrai que Jean Jaurès était du côté des syndicats en lutte et non pas de celui du patronat. Il a consacré un grand nombre d’écrits et de discours au mouvement ouvrier et au syndicalisme. L’action sociale et revendicative, grève, mutualisme, coopérative, gestion ouvrière… sont pour lui sources d’inspiration et d’action pour “réaliser l’humanité. Il noua même des liens privilégiés avec la CGT de l’époque, ce qui n’est pas le cas pour Valls et Hollande.

    Lorsque les syndicats obtiennent des victoires sociales, la presse les oublie. Dernièrement, le tribunal de Certgy-Pontoise dans le Val-d'Oise a annulé ce vendredi 11 juillet 2014 l'homologation des licenciementsdes salariés du transporteur Mory-Ducros. Cette décision entraîne l'ouverture de procédures auprès du conseil des prudhommes permettant le versement de dommages et intérêts aux salariés licenciés. Par ailleurs, elle ne suspend pas la mise en œuvre du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), en vertu de l’accord ANI et de la loi qui a suivi. Qu’en aurait-il été sans le soutien de la CGT et de son avocat qui a défendu le collectif des mille personnes d’un plan social en concernant 2800 sur 5000 emplois ? Placée en redressement judiciaire en novembre 2013, l'entreprise a été en partie reprise par le groupe Arcole Industries, son actionnaire. Bien sûr,  le front anti-cgt de la presse ne parle que du collectif, éludant le rôle joué par le syndicat, en l'occurrence la CGT. Que penser de cet accord ANI qui permet de ne pas revenir sur les licenciements abusifs, c’est-à-dire qui a ouvert les vannes des licenciements boursiers ? A qui doit-on faire confiance ?  Certainement pas à la droite et aux Solfériniens qui n’ont de socialistes qu’une étiquette électorale. N’est-ce pas François Hollande qui, en osmose avec Florence Parisot du Médef, est à l’origine des accords ANI et de la loi antisociale qui a suivi ? La CGT n’a pas signé cet accord. Faut-il le rappeler ?

    Dans notre société vouée à la religion du libéralisme, le syndicalisme retrouve la nécessité qu’il a déjà démontrée lors de sa naissance. Sans lui, il n’y aurait eu aucune véritable avancée sociale et, sans lui, il ne peut y avoir que des reculs des droits sociaux. C’est la raison pour laquelle la presse patronale a pris pour cibles le syndicalisme de lutte, lui préférant celui acquis aux vertus des compromis qui ne sont que des jeux de dupes dans lesquels les perdants sont toujours les salariés. Le syndicalisme doit-il être apolitique, alors qu’il est un enjeu politique ? Quelle hypocrisie ! L’apolitisme, c’est l’argument d’une Droite qui exclue la Gauche. L’apolitisme est ce non-engagement qui permet aux puissants de prendre tous les pouvoirs. Que deviendra la France dans un système apolitique et abstentionniste ?

    syndicalisme_histoire

    Il est grand temps de revoir l’histoire du syndicalisme et de ne pas se laisser endormir par une information dont le fond est la propagande patronale. Lors de son premier Congrès réuni à Genève en septembre 1866, Marx écrira à propos des syndicats : « La seule puissance sociale que possèdent les ouvriers, c'est leur nombre. La force du nombre est annulée par la désunion ». Aujourd’hui, on peut remplacer le terme « ouvrier » par le générique « salariés ».Le syndicalisme a été organisé dans l'urgence de la défense quotidienne des salariés et dans la volonté de transformation du monde. Il est à l’origine de tous les acquis sociaux dont fait partie le droit de grève, seule moyen d’action efficace lorsque le patronat et l’Etat refusent un vrai dialogue social et imposent des mascarades de concertations.

    Tout est fait pour décérébrer les masses et leur faire croire que « ceux qui défendent les droits sociaux de tous » sont les naufrageurs de l’économie. Seule une prise de conscience collective du besoin d’un renouveau syndical de lutte permettra de barrer la route à une idéologie économiquement libérale et répressive lorsqu’il s’agit de droits sociaux. Cette idéologie partage le combat contre le syndicalisme et le socialisme avec le fascisme. Il suffit d’écouter Marine Le Pen sur le sujet. Tous se réjouissent que le taux des syndiqués reste faible. Tous réclament une révision du droit du travail portant atteinte à la création des comités d’entreprise et à la représentation syndicale dans l’entreprise.

    Alors que les droits sociaux sont remis en cause, il n’est pas surprenant que le syndicalisme et le droit de grève soient attaqués. Aussi, il ne s’agit pas de lutter pour le minimum et que l’espoir fasse le reste, pour reprendre une formule de Coluche. Il s’agit de ne plus laisser diffuser sans réponse une idéologie qui veut faire des syndicats les bouc-émissaires d’une crise dont on connaît pourtant les origines. On veut faire croire que les syndicats empêchent l’essor économique pour pouvoir démanteler les dernières sociétés nationales et, plus généralement, tout un pan du secteur public. Le patronat veut le champ libre pour faire plus de profit au détriment des salaires et des prestations sociales…  Il est grand temps de redonner leur place aux syndicats combattifs dans une société qui en a un urgent besoin.

    U barbutu

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