• SNCM: faillite organisée?

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    Nous savions que l’état de cessation de paiement était justifié (officiellement et hypocritement) par les 103 millions d’euros produits par Transdev et les 14 millions par Véolia. La nouvelle surprise a été l’attitude de l’exécutif corse qui s’est livré à une manœuvre de dernière minute en produisant une créance de 198 millions d’euros, faisant ainsi le choix d’appuyer l’initiative des actionnaires.  L’exécutif corse participe  à la manipulation qui prépare le démantèlement de la SNCM.  Cette décision est d’autant plus révoltante que la Collectivité Territoriale Corse avait renouvelé la DSP à la SNCM avant que le président de l’exécutif ne change son fusil d’épaule pour tirer sur la SNCM. La production de la créance de 198 millions d’euros correspond à des restitutions d’aides financières et pourrait jouer le signal à une curie fatale des créanciers, fatale pour la SNCM qui ne disposerait d’une trésorerie suffisante que jusqu’en janvier prochain. Cela pourrait accélérer la liquidation qui semble programmée.

    La décision du tribunal sera rendue demain 28 novembre : une mise en redressement judiciaire avec une période d’observation de six mois et une audience intérimaire à deux mois pour faire le point sur la situation. Si aucun projet industriel viable n’est apporté, à la période d’observation prolongée ou pas fera suite une liquidation judiciaire.

    Dans la gestion de la SNCM, nous avons assisté à des péripéties qui n’ont fait que reculer cette échéance. Elle semble avoir été la seule perspective de l’actionnaire Transdev/Véolia avant de recevoir l’aval de l’Etat devenu passif et le concours de l’Exécutif corse en la personne de Paul Giacobbi, député PRG et président du Conseil exécutif de Corse.

    L’Office des transports de la Corse (OTC) aurait anticipé une nouvelle grève des salariés de la SNCM  en louant 15000 € par jour un cargo amarré dans le port de Marseille. Cette mesure antigrève coûteuse, si elle est confirmée, montrerait la détermination à licencier de façon drastique au sein de la SNCM en enlevant aux salariés tout moyen de lutte.

    Si, comme c’est prévisible, le tribunal de commerce annonce la mise en redressement judiciaire pour une période de 6 mois, la SNCM ne peut assumer financièrement que les deux prochains mois… Un nouveau rendez-vous sera donc à attendre en janvier 2015 pour savoir si l’actionnaire Transdev/Véolia et l’Etat donneront les moyens d’aller jusqu’au bout de la période d’observation pour envisager une suite heureuse à ce qui apparaît comme une mort lente mais déjà décidée. La créance produite par l’Exécutif corse risque de peser lourd sur l’avenir de la SNCM.

    Les salariés de la SNCM ont reçu le soutien de la CGT et du Front de gauche. Depuis l’annonce de la procédure collective devant le Tribunal de commerce, les partis politiques se sont faits discrets. Il faut dire que les élections municipales sont passées. La catastrophe économique et humaine peut arriver dans l’indifférence. Se pose la question d’une faillite organisée avec la bénédiction et le concours de différentes instances publiques, à Bruxelles, au niveau national et en Corse.

    Le dossier SNCM est un scandale d’Etat dont la genèse remonte aux conditions déjà scandaleuses de sa privatisation sous la présidence de Jacques Chirac et le gouvernement de Dominique de Villepin. Par la suite, sa gestion n’a été qu’une suite de mensonges et de campagnes de presse pour faire porter à la CGT la responsabilité d’une déconfiture orchestrée. Nous assistons au dernier épisode d’un feuilleton politico-financier suivi par le journaliste indépendant Alain Verdi sur son blog « péricoloso sporgersi » sur lequel vous pouvez revivre toutes les péripéties par lesquelles les salariés sont passés.

    Matelone 

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