Gauche alternative en Corse
Manuel Valls avait déjà tiré sur les 35 heures. Après Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du Commerce, l'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine se déclare lui aussi favorable à des petits boulots en France, payés en-dessous du Smic, alors qu’en Allemagne, le Smic horaire (inférieur à celui de la France) va être mis en place. Qui sera le suivant ? Manuel Valls ? Les « pas trop socialistes » avancent par touches successives pour préparer l’opinion publique à des reculs sociaux majeurs comme les 35 heures et le Smic. Il ne s’agit sans doute pas de supprimer le Smic mais d’instaurer le Smic jeune et puis pourquoi pas un Smic vieux ? L’objectif est clair : travailler plus pour gagner moins.
Nous sommes loin du projet socialiste de 2012 et des promesses électorales. Hollande s’est éloigné définitivement du projet socialiste en nommant Manuel Valls à la tête d’un gouvernement où les postes clés sont tenus par des libéraux. Dans la bouche du Premier ministre et des ministres (y compris Benoit Hamon), nous avons entendu d’écho en écho le mot « continuité ». François Hollande ne veut pas entendre ses électeurs de gauche. Il est l’homme du compromis, nous dit-on. Il est plus que cela. Il est l’homme du libéralisme économique, du dumping social, de la perte de souveraineté nationale dans une Europe de la Finance. L’accord ANI (reprenant une large philosophie des accords compétitivité emploi du président sortant), la mise en place du CICE (crédit d'impôt compétitivité emploi: 20 milliards d'euros pour les entreprises, sans critérisation, sans priorisation, financés par la TVA) n’étaient que des hors d’œuvre. Le pacte de responsabilité arrive. Le menu libéral est établi et il n’y aura pas d’avancée sociale à la carte. Nous attendons, sans illusion, le discours de politique générale du Premier ministre qu’il prononcera demain. Si c’est une question de confiance, nous n’accordons pas la nôtre au nouveau couple Hollande/Valls.
Le traité pour la stabilité, la convergence et la gouvernance en Europe a enfermé François Hollande dans la politique d'austérité et de rigueur qu’il mène depuis mai 2012. Il s’y est enfermé tout seul pour mettre en place le social-libéralisme dont il se réclame depuis peu ouvertement. Que représente pour un électeur de gauche ce « social-libéralisme » depuis l’élection de François Hollande ? Le social, c’est le baratin. Le libéralisme, c’est la politique antisociale qui veut faire croire au Français que ce sont les patrons qui créent la richesse nationale et que c’est le secteur public qui est responsable de la dette. Le social-libéralisme est une perversion de la Gauche mais ce n’est plus la gauche.
François Hollande ne changera pas de cap économique, social et écologique. C’est une évidence. Il a pris la décision d’ignorer le désarroi absolu de celles et ceux qui l'ont élu en mai 2012. Une vraie alternative à sa politique est possible, en s’appuyant non seulement sur l'opinion, mais aussi sur les forces syndicales, associatives et citoyennes. Le Front de gauche a été constitué pour offrir cette alternative en rassemblant toutes les forces de gauche contre le social-libéralisme, le pacte de responsabilité et la politique d’austérité. Une marche est organisée à Paris le 12 avril prochain pour montrer, au pouvoir et à la presse, la vraie signification de la débâcle socialiste aux élections municipales. Il faudra répondre en nombre pour ne pas laisser le champ libre à la Droite et à l’extrême-droite qui ne font hypocritement que du « bashing Hollande » alors qu’ils représentent les mêmes intérêts. Il s’agit de montrer quelle est la véritable opposition à la politique d’austérité et au saccage social que l’on nous impose. La contestation sociale du peuple doit s’exprimer pacifiquement dans la rue puisqu’elle est ignorée dans les urnes.
Fucone