Gauche alternative en Corse
Un de plus ! 16,2 millions d’euros de méga-bonus pour Maurice Levy, dirigeant déjà grassement rétribué (3,6 millions € en 2008, en 2009 et en 2010) du troisième groupe mondial de communication Publicis dont la première actionnaire est Mme Elisabeth Badinter, Présidente du conseil de surveillance. Il s’agit bien de l’épouse de Maître Robert Badinter qui s’est illustré comme leader des adversaires à la loi de pénalisation du négationnisme des génocides reconnus par la France lorsqu'il s’est agi d’ajouter au négationnisme de la Shoah celui du génocide arménien.
Mme Badinter avait pris le flambeau de la cause féministe alors qu’elle est la principale actionnaire de Publicis, agence fondée par son père Marcel Bleustein Blanchet, et ce depuis des années. Cette agence est souvent montrée du doigt par les féministes pour son sexisme. Interrogée sur sa latitude dans le groupe pour faire valoir ses convictions antisexistes, Elisabeth Badinter aurait précisé qu'« elle n'avait aucune fonction opérationnelle chez Publicis ». Serait-ce une façon de botter en touche ? Pourtant, comme le faisait remarquer Acrimed en 2003, « en tant que présidente du conseil de surveillance de Publicis, Elisabeth Badinter est la garante morale du quatrième groupe mondial de publicité ». Et son pouvoir décisionnel, en termes de responsabilité sociale d'entreprise notamment, ne doit pas être maigre, vu les 10,99% du capital et 19,92 des droits de vote qu'elle détient dans le groupe. En novembre 2011, le conseil de surveillance du groupe Publicis a renouvelé pour 4 ans la totalité des mandats des cinq membres du directoire dont Maurice Lévy, président du directoire et PDG. Ce dernier n'aurait pu être nommmé sans le soutien de Mme Badinter. Il est aussi président de l'Association française des entreprises privées (Afep) et co-fondateur du Cercle de l'Industrie, avec Dominique Strauss Kahn. .
Il y a des popularités qui se font sur un coup publicitaire. Maître Robert Badinter, son illustre mari, a récupéré au bon moment le combat contre la peine de Mort, occultant tous ceux qui avaient ouvert la voie. Aujourd’hui il s’est mis du côté des négationnistes turcs pour des raisons que d’aucuns disent inexplicables mais qui trouveront un jour leur explication.
En 2006, le groupe Publicis a finalisé l’acquisition d’une participation majoritaire au sein des agences turques de communication et de publicité Yorum, Allmedia, Bold et Zone. Cette OPA a apporté au réseau Publicis de nouvelles agences. Elle a permis d’étendre la présence de Publicis Groupe en Turquie, qui comprend déjà Publicis Graphics, Leo Burnett, Starcom, Arc, MS&L ainsi que les marques Zenith Optimedia et Saatchi & Saatchi par le biais de leur affilié Guzel Sanatlar. Publicis Groupe soulignait que la Turquie est l’un des nouveaux marchés publicitaires les plus dynamiques et les plus prometteurs du monde. Selon L’écho de la Turquie, courrier mensuel du TUSIAD (association des industriels et des entrepreneurs de Turquie) le PDG de Publicis Maurice Levy se réjouissait à l’époque de l’importance du pas que Publicis avait fait en Turquie, pays où la compagnie était présente depuis une quinzaine d’années. Depuis 2001, la Turquie enregistrait une croissance de son marché publicitaire de 36% par an en moyenne, pour atteindre 1,8 milliard d’euros en 2005. Les quatre agences ont enregistré un taux de croissance de 161% en trois ans...
On peut penser que les relations entre Mme Badinter et la Turquie ne sont pas indépendantes de considérations financières. Mais, après tout, puisqu’elle est par ailleurs « philosophe », elle a sans doute des principes philosophiques partagés avec son mari (docteur Honoris Causa de l’Université de Galatasaray depuis le 11 mars 2011)et qui leur permettent de mettre en accord leurs pensées et leurs actions.
Nous espérons que la dernière campagne publicitaire de champoing Biomen faite en Turquie n’a pas été initiée par une agence turque du groupe Publicis et que, si c’était le cas, Mme Badinter ne répondrait pas qu’elle n’a aucune fonction opérationnelle au sein du groupe. La publicité pour ce shampooing masculin montre Hitler qui gesticule et prononce un discours enthousiaste, exhortant les clients à acheter le produit: «Pourquoi emploies-tu du shampoing pour femmes si tu ne portes pas des vêtements de femme ? Maintenant il existe un shampoing 100% masculin : Biomen! ». Hitler comme image de la virilité !... Il paraît que cela fait fureur.
En 2011, le magazine Challenge a estimé que Mme Badinter détient la 56e fortune de France, estimée à 652 millions d’euros. Nous serions, pour revenir à l’actualité, curieux de connaître les avis du couple Badinter sur le méga-bonus de Monsieur Maurice Levy, sacré Cinquième patron français le mieux rémunéré en 2010 et surnommé «Napoléon de la publicité » par certains médias anglo-saxons ? Sont-ils favorables à une taxation à 75% des revenus supérieurs à 1 millions d’euros ?
En attendant, la Gauche a vraiment besoin d’une alternative et l’actualité nous le rappelle chaque jour. Le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon n’ont pas de lien avec la haute finance et représentent cette alternative lors de l'éléction présidentielle et par la suite à l'occasion des élections législatives.
Signé: Battone