Gauche alternative en Corse
A peine renvoyé de l’Elysée par les urnes, Sarkozy a d’abord entamé une série de conférences privées et interdites aux journalistes auprès des banquiers et des investisseurs. Son entourage a été chargé de colporter qu’il avait changé de cap et qu’il renonçait à briguer un deuxième bail à l’Elysée. Pour l’heure, il profite de sa liberté pour s’en foutre plein les fouilles.
Après le fiasco de la succession de Sarkozy à l'UMP (Y est-il pour quelque chose ? On peut se poser la question.), Alain Juppé révèle que, le matin en se rasant, son ami Nicolas se voit dans son miroir encore président en 2017. Le matin la plupart des gens ont envie de pisser, Sarkozy lui c’est d’être président. Alors il écoute la radio et suit l'actualité politique avec beaucoup d'attention avant de téléphoner à sa garde prétorienne pour montrer qu’il est toujours là, vigilant. À la question «a-t-il envie de se présenter en 2017?», Alain Juppé a répondu : «Je crois sentir ça (...) mais enfin bon, je ne répondrai pas à sa place.» Voilà de quoi réjouir l'Association des amis de Nicolas Sarkozy, Christian Estrosi et Nadine Morano en tête, qui doivent se voir ministrables, voire premier-ministrable. Toutefois François Fillon a déjà déclaré que le soutien public de Nicolas Sarkozy serait nécessaire pour l'UMP en vue de la prochaine présidentielle. Faute de grives, on mange des merles (en Corse, on dit l’inverse), Fillon peut vouloir reprendre son poste faute de présidence. Copé doit avoir de son côté des idées de magie vaudou et l'envie de s’acheter une poupée de Sarkozy pour y planter des aiguilles.
Mais alors comment interpréter le pronostic de Carla Bruni-Sarkozy qui voit dans sa boule de cristal un duel François Hollande contre Marine Le Pen au deuxième tout des présidentielles en 20017 ? Elle veut garder son Nico pour elle toute seule, lit-on. Elle ne veut plus qu’il soit la cible des méchants qui ne l’aiment pas. Notre petit doigt nous dit qu’une stratégie se met en place, façon storytelling.
En octobre dernier, Sarkozy a déclaré, lors d'une conférence à New York, aspirer à «une nouvelle vie». Selon Le Canard enchaîné, il aurait alors confié à l'un de ses visiteurs qu’il éprouvait la nécessité «morale» de se présenter en 2017. Morale ! Que ce mot lui va mal ! C'est le début de l’histoire déjà écrite et intitulée « Nicolas, le retour ! », sauveur de la Droite, l’exterminateur de Marine Le Pen au premier tour de la prochaine Présidentielle et le successeur de François Hollande, intérimaire de service. Il serait même capable de promettre de raser gratis en faisant un grand écart politique entre l’extrême-droite et les sociaux-libéraux. Est-ce que le peuple français lui redonnera une nouvelle immunité de cinq ans ? En attendant il dispose toujours de ses réseaux de grands patrons et de journalistes. Il paraît que ça l’a déjà aidé à devenir Président de la République.
Les fans sont déjà prêts à ressortir des tiroirs leurs t-shirts "Ensemble, tout devient possible". Il y a bien quelques voix discordantes à droite et des déçus qui disent : « Cela ferait indiscutablement plaisir aux encartés à l'UMP. Mais au-delà, pas sur que tous les électeurs de droite y tiennent plus que cela. Il n'y a pas qu'à gauche qu'on le pense « Merci bien, on a déjà donné! »
Neuf mois après, le changement promis n'a pas eu lieu. Le gouvernement socialiste donne même parfois l’impression que rien ne change. Alors Nicolas Sarkozy s’est posé la question de son retour et cela se prépare déjà, semble-t-il. Il serait temps que François Hollande réalise qu’il perd des électeurs de gauche et qu’il n’aura pas les voix de la Droite. Il ne suffit pas de secouer les wagons pour faire croire que le train socialiste avance, il faut que la locomotive se mette à les tirer dans le bon sens. Depuis mai 2012, la gauche est restée en gare et si le train tarde à avancer, il risque de dérailler. Cinq ans, cela passe vite et la Gauche a besoin d’un TGV, non pas d’un tortillard.
Battone