Gauche alternative en Corse
Le financement des retraites revient dans l’actualité gouvernementale. Quoi de neuf dans le traitement du problème ? Rien d’original. Pour le financement à court terme du régime général, tous les Français seront mis à contribution. Pour le long terme, la durée de cotisation sera allongée en tenant compte de l’allongement de la durée de vie. Toutefois, Selon un sondage Ifop pour "Sud-Ouest Dimanche" publié le 10 mars, les Français se montrent majoritairement hostiles à tout nouvel effort supplémentaire concernant la réforme des retraites, le refus le plus net (60%) concernant un nouveau recul de l'âge de départ au-delà de 62 ans. Donc 40% sont favorables. Avec seulement 30%, Fillon a imposé sa réforme en 2003.
Le gouvernement vient de rendre public son cahier des charges à propos de la réforme du régime général. Selon le Conseil d'orientation des retraites, le déficit des régimes de retraite dépassera les 20 milliards d'euros en 2020 si rien n'est fait. La commission sur l'avenir des retraites est chargée de proposer des pistes de réforme d'ici à fin mai. Parmi les pistes devrait figurer l’allongement de la durée des cotisations au-delà des 42 annuités.
Les partenaires sociaux gestionnaires des régimes de retraite complémentaires, Agirc et Arrco, doivent conclure les négociations engagées en octobre sur l'avenir de ces régimes. Il leur faut trouver la ou les solutions pour dégager au moins 5 milliards d'euros par an, montant actuel du déficit des régimes. Un chiffre qui atteindra plus de 10 milliards en 2017.
Les négociations se sont soldées par un échec, faute d'accord jeudi lors de ce qui devait être la dernière séance de discussions. Le Medef a durci le ton. Donc ça coince. Les partenaires sociaux doivent se retrouver mercredi pour tenter de se mettre enfin d'accord sur le financement des retraites complémentaires. Il y a une échéance : Le Premier avril... Est-ce un canular ? Ce n’est pas un canular. Sans accord, le déficit se creuserait.
Les syndicats souhaitent une hausse du « taux contractuel » pour de meilleures pensions, même s’il faut la combiner avec une augmentation du taux d’appel et la limitation des hausses des pensions pendant deux ans. Le patronat propose une hausse du taux d’appel d’un point en 2014 qui pourrait se transformer ensuite en hausse du « taux contractuel » sous plusieurs conditions comme celle de la reconstitution préalable des réserves financières des régimes. L’autre condition est bien entendu le recul de l’âge moyen de la retraite au-delà des 62 ans. Pour les départs à la retraite, on offrira bientôt des sonotones et des cannes… peut-être aussi un coffret- obsèques au lieu d’un coffret-voyage.
Donc, d’un côté, les syndicats proposent que nous payions plus pour avoir une meilleure retraite. De l’autre côté le Patronat veut d’abord que nous payions plus sans hausse des retraites par le biais du seul « taux d’appel » (cotiser plus pour une retraite invariable). La hausse du « taux contractuel » (plus on cotise, plus la retraite est élevée) est mise sous condition de créer des réserves financières là où on accumule des déficits depuis des années. Autant dire que le « taux contractuel » n’est pas près d’être augmenté et on comprend la préférence du patronat pour le « taux d’appel ». Il préfère vendre aux salariés des tickets perdants que des gagnants.
Le Medef a obtenu des reculs des droits des salariés par l’accord dit « ANI ». Il enfonce le clou avec le régime complémentaire des retraites. Il faudra donc que les syndicats s’entendent pour obtenir la garantie d’un financement à long terme en refusant la régression sociale que le patronat veut imposer. La hausse des cotisations doit se traduire par des droits supplémentaires et seul le « taux contractuel » ouvre des droits.
Que va faire le gouvernement ? Jusqu’à ce jour, il donne l’impression de suivre les remèdes des technocrates et du Medef. A la tête du Medef, nous avons une Florence Parisot en pleine élection interne. Elle montre donc une fermeté de bon aloi chez les patrons et se crispe sur des positions inacceptables. Entre une exhortation faite à la droite de voter la loi issue des accords ANI et sa contribution impérialiste au lynchage médiatique de feu Hugo Chavez, elles donnent des gages d’ultralibéralisme antisocial décomplexé à son conglomérat de capitalistes.
Jean-Marc Ayrault et le gouvernement entrent dans le débat par petites touches médiatiques. La prudence est de mise. Pour faire régresser vos droits, auront-ils l’appui de Laurent Berger, nouveau Secrétaire générale de la CFDT et grand avocat des accords ANI de janvier ? Ce dernier doit accuser le coup devant la position du Medef sur le régime des retraites complémentaires.
Pour résumer l’essentiel, afin de sauver le régime général, il faudrait travailler plus longtemps pour des retraites qui ne seront plus indexées sur l’inflation. La sauvegarde du régime complémentaire passerait par l’augmentation du « taux d’appel ». Il faudrait donc payer et travailler plus pour des retraites inchangées. Voilà ce que veulent les patrons et, selon un sondage récent, la majorité des gens de droite. Voilà ce que refuse la majorité des Français !
Nous verrons de quel côté vont aller François Hollande et son premier ministre. Qui va devoir battre en retraite ?
Il y a des régimes spéciaux de retraite qui seraient à revoir en priorité : ce sont ceux des députés, des sénateurs… de tous les élus jusqu’au président de la république. Et puis, il y a les petits arrangements privés qui permettent des préretraites dorées et des cumuls d’emplois après l’obtention des droits à la retraite. D’aucuns arrivent à gagner plus à la retraite qu’en activité pendant que des jeunes ne trouvent pas d’emplois. Qu’ils commencent par mettre de l’ordre dans les abus au lieu de s’attaquer aux petits retraités, aux salariés et aux fonctionnaires.
Battone