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Gauche alternative en Corse

Masquer un symptôme ne guérit pas...

La-boîte-de-Pandore1

Les abstentions gagnent du terrain et représentent un danger pour la démocratie. Que faire ? Le sénateur-maire socialiste Roland Povinelli a déposé un projet de loi avec en Article  L. 1 du code électoral est ainsi rédigé :   « Art. L. 1. – Le suffrage est direct et universel. Le vote est obligatoire. » Et en article 2 : « Après l’article L. 117-1 du code électoral, il est inséré un article L. 117-2 ainsi rédigé : « Art. L. 117-2. – Tout électeur qui, sans motif valable, n’aura pas pris part aux opérations électorales et qui n’aura pas justifié cette absence et prouvé sa bonne foi sera puni de l’amende prévue pour les contraventions de la deuxième classe.  »

Est-ce la solution pour éviter une désertion des urnes ? Doit-on imiter la Belgique, la Suisse, la Grèce, le Liechtenstein et le Luxembourg ou encore le land autrichien de Vorarlberg alors que les Pays-Bas l’ont supprimé en 1970? 

Certes les exemples sont loin du modèle français de la démocratie mais les élections européennes ont relancé le débat. Pour le sénateur-maire d’Allauch : « Le suffrage direct et universel est le fondement de notre démocratie et l’une des conquêtes majeures de la République et des générations de femmes et d’hommes  qui au cours des siècles se sont battues pour l’obtenir, parfois au péril de leurs vies. Le pouvoir de voter a longtemps été considéré comme le seul moyen de dégager une volonté nationale et d’esquisser les contours d’un projet républicain d’envergure ».

Pour ce dernier, la classe politique n’est pas représentative de la population française avec seulement 3% des députés venus des 52% de Français, employés et ouvriers. Il ajoute que 82% des sénateurs et députés sont des cadres ou exercent des professions intellectuelles alors que ces catégories ne représentent que 13% de la population active. Cela expliquerait aussi les taux d’abstentions qui ne cessent d’augmenter au fil des élections.

 Ainsi la grande majorité des abstentionnistes ne se sentirait plus concernés par des élections qui seraient devenues un concours entre personnes issues des catégories professionnelles les moins nombreuses et les plus riches. Bien sûr, en tant que maire réélu depuis 1975 et sénateur depuis 2008, Monsieur Povinelli, à 73 ans, ne se sent pas concerné par son analyse socioprofessionnelle de la classe politique. Bien sûr, il ne va pas expliquer que son parti politique a quelques responsabilités dans la montée de l’abstention qui profite au Front national.   Toutefois, nous garderons de ses explications qu’une grande partie du peuple ne se reconnaît pas dans cette classe politique qui la représente pendant les campagnes électorales et l’oublie après les élections. A cet égard, François Hollande a quelques responsabilités, nous semble-t-il.

Revenons au « vote obligatoire ». Cela suppose des sanctions et d’abord pour ceux qui ne s’inscrivent pas sur les listes électorales. Des sanctions aussi pour ceux qui ne se déplacent pas ne serait-ce que pour mettre dans l’urne un vote blanc ou nul. C’est bien sûr contraire à la liberté de ne pas voter qui est aussi un engagement politique chez certains même si ce sont les moins nombreux. Se pose ensuite le problème de la conscience politique chez les gens sui n’en ont aucune car le vote est un engagement citoyen responsable. Quel résultat apporterait le vote obligatoire si la confiance n’est pas rétablie entre l’électorat et la classe politique ? Quel changement s’opérerait en remplaçant les  par des abstentions par des votes blancs ou nuls ?  A quoi bon changer la règle si le monde politique reste ce qu’il est ? Peut-on obliger tous les Français à s’intéresser à autre chose qu’à la propagande médiatique, le sport et la téléréalité si loin de la réalité. 

Plutôt qu’instaurer le vote obligatoire, ne doit-on pas établir de nouvelles conditions d’exercice de la démocratie ? N’est-il pas plus urgent de revenir sur les règles constitutionnelles, de redéfinir les devoirs des es élus plutôt que d’infliger des obligations et des sanctions aux électeurs ?  Le suffrage direct et universel est certes un héritage historique mais ce n’est pas ce fondement de la démocratie qui est en cause mais les conditions de son fonctionnement et l’utilisation qui en est faite par d’autres pouvoirs que le politique, ceux de l’argent et de la presse. Les abstentionnistes ne sont pas responsables des votes FN car ils n’ont pas été sensibles à la promotion dont bénéficie Marine Le Pen.

Si la démocratie est malade, les abstentions n’en sont que le symptôme. Cacher un symptôme ne guérit pas la maladie et le mal peut continuer à progresser jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour espérer une guérison.

Par contre, il ne faut pas glisser sur l'abstention avec un haussement d'épaules moqueur. Les abstentionnistes  ne sont pas tous des ‘‘pêcheurs à la ligne''. Le temps ne fait rien à la chose qu’il fasse beau ou qu’il pleuve. L'abstention est surtout un rejet du système. Les abstentionnistes considèrent que le vote ne sert à rien, que ça ne change rien à leur vie.  Le vote est un droit et il doit le rester, même si l’on peut penser qu’il est aussi un devoir. En droit l’oxymoron d’un « droit-devoir » n’existe pas. Un droit peut devenir un devoir mais il n’est alors plus un droit.  Si le vote devient un devoir obligatoire et pour que cela ait un sens, il faudrait prévoir de refaire les élections tant que les votes blancs atteignent plus de 50% des suffrages exprimés, c’est-à-dire des inscrits. Autant mettre alors ce seuil aux abstentions et s’éviter une réforme impopulaire tout en préservant un droit et, dans ce cas, tout citoyen est libre de s'abstenir d'aller voter. De toute façon, toute modification des règles électorales demande une révision de la Constitution et un vote favorable avec la majorité des 3/5e des suffrages exprimés des deux chambres du Parlement réunies en Congrès. Alors, ce n’est pas pour demain !

Pidone

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