Gauche alternative en Corse
La prothèse mammaire a été inventée en 1962. Aujourd’hui, une femme peut choisir entre un gel de silicone ou du sérum physiologique dans une enveloppe en polymère, ou un gel de silicone dans une enveloppe recouverte de polyuréthane. Toutefois c’est le chirurgien qui décide au gré de ses expérimentations et des entreprises qui le démarchent. Donc la patiente se fie à lui et son dossier médical mentionne la marque, la taille et les numéros de lot et de série de sa prothèse.
En 1995, après les USA, la France interdit les prothèses remplies de silicone. Les fabricants français et américains s’orientent vers la prothèse au sérum physiologique avec deux modèles : les "gonflables" et les pré-remplies. Les deux modèles ne se révélèrent pas totalement étanches au niveau des bouchons ou des rustines qui les ferment. Celui le moins fiable était le Poly Implant Prothèse. De ce fait certains chirurgiens n’avaient pas recours à cette marque. En 2008, l’entreprise est condamnée par la Cour d’appel d’Aix-en-Provence à la suite de quatre ruptures d'implants subies par une plaignante en quatre ans ! En 2000, les autorités sanitaires font savoir que les prothèses en silicone n’ont pas de conséquences cancérigènes sur les seins et ne provoquent pas de maladies auto-immunes. Malgré les nombreux cas de rejets, on les voit réapparaître sur le marché français, avec trois exigences : résistance de la poche, remplissage d’une silicone suffisamment cohésive pour ne pas s’échapper de l’enveloppe en cas de trou, et présence d’une silicone médicale.
Depuis 1975 des implants américains avait fait chuter le taux de rejet à 5%. Sur 900 chirurgiens esthétiques en France, une cinquantaine poserait actuellement des implants américains dont le prix varie de 700 à 1200€ la paire selon la marque… Les implants PIP actuellement incriminés se vendaient, eux, 250 € la paire, sachant que ce sont les contrôles de conformité qui font monter le prix d’une prothèse mammaire. C’est l’organisme allemand TÜV Rheinland qui a certifié les prothèses PIP. Il n’est pas encore scientifiquement démontré que le gel industriel utilisé est cancérogène. Toutefois leur taux de rupture est en moyenne deux fois supérieur à celui observé avec les autres implants. Il reste à savoir si le prix de l’implant influait sur le montant payé par la patiente ou ne faisait qu’accroître les bénéfices du praticien. Un charcutier se met à fabriquer des prothèses mammaires. Il obtient une certification allemande et prend sa part du marché chez ses collègues, charcutiers-chirurgiens… Sa société PIP a été placée en liquidation judiciaire en mars 2010. Jean-Claude Mas devrait être cité dans l’enquête pour tromperie aggravée, obstacle aux contrôles de l'Afssaps et non présence de marquage CE, mais n’aurait pas été encore mis en examen. Un charcutier ! On ne s’étonne plus de rien. Dans nos campagnes, il était même question de faire soigner les gens par des vétérinaires.
Aujourd’hui peu de chirurgiens posent des prothèses remplies de sérum physiologique. La plupart ont posé les prothèses les plus faciles à placer et non les plus sures sur le plan médical. Les fabricants se sont livrés à une concurrence effrénée. Alors que l’Etat a décidé que la sécurité sociale prendrait en charge les frais d’extraction et de remplacement des prothèses PIP, nul ne semble se poser la question de la responsabilité des uns et des autres en dehors du fabricant. Des chirurgiens ont placé ces prothèses et vont empocher l’argent de la Sécurité sociale pour refaire ce qu’ils avaient mal fait puisqu’ils ont choisi les prothèses incriminées alors qu’il en existe d’autres. Si les fabricants et l’organisme qui a certifié les prothèses dangereuses devraient être traînés devant les tribunaux, les chirurgiens pourraient au minimum remplacer les prothèses gratuitement. On ne peut écarter totalement leur responsabilité dans un acte chirurgicale qui inclut la vérification de la fiabilité du corps étranger introduit dans un organisme humain. On a l’impression que les progrès médicaux n’ont servi à rien. Avant l’invention des prothèses mammaires, des charlatans refaisaient des poitrines avec n’importe quoi. C’est encore le cas avec les prothèses PIP utilisant une silicone non médicale contrairement à ce qui était prescrit par les autorités sanitaires. On se demande si ces dernières ont été suffisamment prudentes en autorisant à nouveau l’usage de silicone pour industrialiser ce domaine médical. Une fois encore, le profit fait ses ravages. Il s’agit de la mise en danger de femmes pour des raisons esthétiques mais aussi réparatrices, certaines ayant déjà subi auparavant des ablations pour soigner des cancers du sein. La marchandisation de la médecine est en train de faire régresser la qualité des soins en France et de détruire les services de Santé publique. Le patient lui-même est de plus en plus traité comme une marchandise qui rentabilise un lit de clinique privée, faute de places dans les hôpitaux. Sarkozy a ciblé les assurés sociaux en les désignant comme des fraudeurs potentiels alors que ce sont les médecins qui prescrivent les arrêts de travail. Des jours ne sont pas pris en charge pour les arrêts de travail prescrits. Les soins et les médicaments sont de moins en moins remboursés. Et dans le cas des prothèses mammaires PIP, c’est dans le soit disant trou de la sécurité sociale que va encore se perdre les erreurs de toute la chaîne médicale privée. Ce sont toujours le patient et la sécurité sociale qui paient sans que les responsables ne justifient leurs actes ne serait-ce qu’en vertu de leur obligation de moyen. La prothèse mammaire PIP est bien un moyen matériel qui aurait dû être écarté par tous les praticiens et non seulement par quelques uns. Cette affaire fait penser à un trafic… une véritable Silicone connection ! Trop, c’est trop ! Après le Médiator, le sang contaminé… La silicone, c’est l’overdose !
Signé: Pidone