Gauche alternative en Corse
Nicolas Sarkozy, en entrant en campagne, s’est mis à faire la course à l’échalote. Pour être le premier, il est prêt à faire le grand écart entre des propositions de l’extrême-droite sur l’immigration jusqu’à celles de Jean-Luc Mélenchon contre les exilés fiscaux, quitte ensuite à quelques pirouettes dont il est coutumier.
Pour les électeurs du Front national, il propose une immigration choisie, de diviser par deux pour les permis de séjour et de revenir sur les accords de Schengen en ce qui concerne la libre circulation des personnes.
Pour doubler Hollande à gauche, il est allé chercher chez Jean-Luc Mélenchon l’imposition forcée des exilés fiscaux. Le projet n’est pas révolutionnaire puisque les Américains eux-mêmes l’appliquent. Toutefois, sa mise en place devrait rencontrer quelques difficultés par le nombre de traités ayant engagé la France dans l’interdiction réciproque de la double imposition.
Voilà donc le candidat de l’UMP prêt à dénoncer et renégocier des traités internationaux alors que, quelques semaines auparavant, lui-même et ses amis politiques disaient que cela était impossible lorsque la gauche le proposait. A l’instar de Jean-Luc Mélenchon, il annonce même la désobéissance européenne, comme la pratique les Anglais. Mais cela ne concerne que l’immigration et non pas l’austérité avec le traité européen encore plus contraignant pour les peuples que celui qu’il avait signé en 2007 à Lisbonne, malgré le non du référendum sur la constitution européenne. Par ailleurs, s’agissant de la procédure référendaire, il y est favorable pour diviser les Français sur des questions de politique intérieure contre des boucs émissaires ( chômeurs, étrangers…) mais il y est opposé lorsqu’il s’agit du traité européen destiné à faire payer la crise financière au peuple.
Sarkozy est un stratège ou du moins la marionnette des stratèges de l’UMP. On peut s’interroger sur la suite qu’il donnerait à sa proposition subite contre les exilés fiscaux, sachant qu’il pourra ensuite se servir de l’impossibilité qui lui serait faite de la réaliser. Nous l’avons vu pour le vote de la loi sur la pénalisation du négationnisme des génocides reconnus par la France. Alors qu’il a fait voter cette loi, il ne l’a pas immédiatement promulguée sachant qu’elle serait censurée par le Conseil constitutionnel à majorité pro-turque. Si le Président de la République avait promulgué immédiatement la loi, le conseil constitutionnel n’aurait pu s’en saisir car il ne statue que sur les lois non promulguées. Cet oubli ou négligence volontaire lui permet d’assurer aux Arméniens que, après son élection, il fera présenter un autre texte. D’une loi qui avait rencontré un consensus à droite et à gauche, Sarkozy en a fait un argument électoral. Il veut apparaitre encore aujourd’hui comme le défenseur de la cause arménienne alors qu’il la dessert.
Il n’est pas farfelu de penser que ses mesures pour faire payer les plus riches ne soient que des arguments électoraux sans intention de leur donner une suite réelle. Le début du quinquennat de Sarkozy témoigne de cette probabilité. Il suffit de rappeler le bouclier fiscal abandonné devant son impopularité mais remplacé par un allégement de l’ISF qui est en sursis si Sarkozy est élu.
La vérité sur la taxation des exilés fiscaux, c’est que Sarkozy ne veut pas faire payer les riches qu’ils soient domiciliés en France ou à l’étranger. Il prendra de nouvelles mesures fiscales pour les favoriser encore et encore. Son camp a crié au scandale devant l’annonce faite par Hollande de taxer à 75% les revenus à partir de 1.000.000 d’euros par an. Jean-Luc Mélenchon est aussi considéré comme le spoliateur des riches lorsqu’il estime que 30.000 euros par mois de revenus sont largement suffisants pour être riche, là où Copé pense que, en dessous de 5000 euros par mois, l’assemblée nationale ne recueillerait dans son hémicycle que des minables.
Sarkozy n’a pas fini de vous étonner par des mesures fumeuses dans sa course à l’échalote. Sa campagne est orchestrée par ses conseillers. L’Ifop de Mme Parisot, propriétaire de l’institut et présidente du Medef, rythme les sondages mis en partition. Paraître est la seule tactique électorale du candidat Sarkozy. Aux Français à ne pas oublier ce qu’il est et quels sont ses soutiens. Aux électeurs à démontrer qu’ils ne sont pas tous des veaux comme il semble le croire. Aidez-le à partir puisqu’il vous demande son aide dans ses meetings qui sont de grandes parades organisées à grands frais. C’est sur son bilan qu’il faut le juger et non pas sur ses gesticulations et sa propagande électorale. C’est dans son idéologie ploutocratique qu’il faut chercher sa vérité et non dans ses discours écrits par ses conseillers en fonction des sondages demandés à des instituts privés et des rapports fournis par les Renseignements Généraux.
Signé: Pidone