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Gauche alternative en Corse

Hollande is not dangerous!

Le leader conservateur et premier ministre anglais Cameron a choisi un coup de pile ou face électoral pour faire un double coup politique : assurer sa réélection en réunifiant son  parti avant 2015 et mettre au pas les eurosceptiques en 2017 si les Anglais refusent de sortir de l’Europe. Il met ainsi ses adversaires politiques du parti travailliste dans l’embarras et coupe l'herbe sous les pieds à son concurrent du parti conservateur l'UKIP, le très à droite parti eurosceptique. L’annonce d’un référendum ne peut être qu’approuver par les nombreux députés qui l’attendaient. Le débat va être tranché par le référendum en 2017.

David Cameron s’est engagé à renégocier "pour le mieux", dit-il, la relation britannique avec l’Europe, en  faisant campagne "avec tout son cœur et toute son âme" pour le oui au maintien de son pays dans l’Union européenne. Il restera à savoir ce qu’il veut renégocier et si les autres membres de cette union sont prêts à lui faire des concessions.

On se souvient que le 27 novembre 1967 de Gaulle s’était opposé à l’entrée de l’Angleterre dans la CEE et a mis le veto de la France. A l’époque ce dernier avait justifié son attitude par la réticence des Anglais à accepter les règles de politique agricole commune. En effet les Anglais s’étaient montrés réticents sur la création de la Ceca (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) et sur la signature du traité de Rome instituant la CEE. Ils ne voulaient pas renoncer au marché mondial et à ses approvisionnements auprès des pays du Commonwealth. Ils voulaient donc profiter du marché européen pour leurs exportations mais ne renonçaient pas à des approvisionnements moins chers ailleurs. En outre, déjà à l’époque, l’Angleterre était trop endettée et donc trop fragile pour adhérer à la CEE qui affichait une bonne santé monétaire.  Le général de Gaulle ne voulait pas que l’Angleterre profite du financement de son budget et de l’Europe en bénéficiant d’un statut spécial. «La nature, la structure, la conjoncture, qui sont propres à l'Angleterre diffèrent de celles des Etats continentaux », avait-il déclaré. Les travaillistes étaient au gouvernement  et multipliaient les réserves en exigeant des « arrangements appropriés », assortis d’une longue période de transition. Il faudra la victoire des conservateurs aux élections législatives de juin 1970 pour que les négociations d’adhésion reprennent. L’Angleterre assouplit sa position sur les dossiers les plus délicats et en 1973, la « petite Europe » à six s’agrandit et compte trois nouveaux membres (Royaume-Uni, Irlande et Danemark). Finalement l’Angleterre a donc  fini par entrer à reculons dans l’Union européenne, refusant par la suite d’abandonner sa monnaie contre l’euro. Aujourd’hui François Hollande prêche pour que la perfide Albion reste dans la communauté européenne. Avec son référendum, Cameron fait un coup politique et, compte s’en servir, pour obtenir de l’Union européenne des nouveaux « arrangements appropriés » à l’ultralibéralisme made in England.

Rappelons que c’est la banque d’Angleterre qui a développé  un système bancaire et boursier plus proche des Américains que des européens. C’est un pays où il y a deux reines, Elisabeth II et la spéculation boursière. Hollande s’était attiré les foudres des Financiers anglais pendant la campagne présidentielle lorsqu’il a déclaré : « Mon véritable adversaire, il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera jamais élu et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c'est le monde de la finance. ». Lorsqu’il a dit cela, il était candidat de gauche. Elu Président, il a prononcé par la suite le désormais célèbre « I’m not dangerous » à Londres à l’attention de ces mêmes financiers. Pourquoi à Londres ? Parce que, pour les Anglais, c’est comme s’il avait dit que son adversaire, c’est la reine d’Angleterre..

Avec le référendum, les Anglais disent perfidement « Retenez-nous où l’on s’en va ! » et François Hollande est parmi les premiers à leur dire « Restez, svp ! » et il a commenté : « être membre de l'Union européenne présente des obligations », ajoutant fort heureusement comme obligation la «solidarité» sinon on aurait pu penser qu’il s’agissait de placements financiers. Décidément le locataire de l’Elysée aime bien la perfide Albion et Cameron. Notre président est un homme de consensus et de compromis. Cameron avait promis un tapis rouge aux entrepreneurs français pour un exil fiscal en Angleterre et voilà qu’il lui en déroule un si l’Angleterre reste dans l’Union européenne. Sans doute, souhaite-t-il que les entrepreneurs français accueillis en Angleterre, faute de rester français, restent européens. Il a sans doute oublié que le rouge est la couleur de la gauche et qu’à force de jouer la carpette avec l’ultralibéralisme, il risque de se prendre le pied dans le tapis.

De Gaulle avait raison quand il ne voulait pas des Anglais, car leurs intérêts sont outre atlantique, ils préfèrent soutenir le dollar à l’euro. En Angleterre, pendant le quinquennat de Sarkozy,  l’argent de l’Europe a servi à délocaliser comme l’a fait le géant de l’informatique après avoir encaissé 50 millions d'euros et l’UE en a donné encore généreusement quinze aux 2 500 Irlandais licenciés par l'usine Dell.

On aurait pu espérer que, avec un peu de panache, François Hollande aurait dit devant l’insolence de Cameron « Messieurs les Anglais tirez-vous les premiers ! » imitant le comte d'Anterroches à la bataille de Fontenoy. Il n’en est rien. De toute façon, cela ne sauverait pas no amis anglais de l’ultralibéralisme.

Pidone

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